samedi 15 juillet 2017

Arabie saoudite

Arabie Saoudite : un policier tué et 6 blessés (30.07.2017)
Arabie : la femme apparue en minijupe libérée (19.07.2017)
L'Arabie Saoudite enquête sur une femme en minijupe (18.07.2017)
Un policier saoudien tué dans une attaque (06.07.2017)
L'ascension fulgurante de Mohammed Ben Salman, nouveau prince héritier d'Arabie saoudite (21.06.2017)
Comment l'Arabie saoudite déradicalise ses djihadistes (21.04.2016)

Voir aussi :
Le pari risqué de l'Arabie saoudite après l'exécution d'un chef chiite (02.01.2016)

Arabie Saoudite : un policier tué et 6 blessés (30.07.2017)

  • Mis à jour le 30/07/2017 à 21:48
  • Publié le 30/07/2017 à 21:45
Un policier saoudien a été tué ce dimanche et six autres ont été blessés lorsque leur patrouille a été prise pour cible à Aouamia, dans l'est du royaume, a annoncé le ministère de l'Intérieur.

Cet incident est le dernier en date d'une série d'attaques commises depuis le mois de mai dans cette ville en majorité chiite. La population reproche notamment aux autorités saoudiennes d'avoir entrepris de détruire les quartiers les plus anciens de la ville.

Opération de sécurité dans l'est du Royaume

Au moins cinq personnes sont mortes en deux jours la semaine dernière lorsque les forces de sécurité ont lancé une opération pour arrêter des insurgés présumés.

Ce dimanche, la patrouille de police a été prise pour cible par un explosif, a dit le ministère de l'Intérieur dans un communiqué diffusé par l'agence de presse d'Etat SPA. Les six blessés ont été hospitalisés et sont dans un état stable, ajoute-t-il.

LIRE AUSSI


Arabie: la femme apparue en minijupe libérée (19.07.2017)
Par Le Figaro.fr avec AFPMis à jour le 19/07/2017 à 18:33 Publié le 19/07/2017 à 18:30

Une jeune femme qui avait été filmée vêtue d'une minijupe dans un site historique d'Arabie saoudite a été libérée sans être inculpée, a annoncé auourd'hui le gouvernement. La police l'a relâchée hier soir et le dossier a été clôturé par le procureur, a indiqué le ministère de l'Information dans un communiqué.

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فاطمة العيسى @50BM_
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18:50 - 16 Jul 2017
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Hier, la police avait indiqué qu'elle interrogeait cette femme, apparue dans une série de vidéos postées au départ sur le réseau social Snapchat. On la voit sans voile, vêtue d'une minijupe et d'un tee-shirt court, en train de marcher dans un fort historique à Ushaiqer, un village situé à 200 km au nord-ouest de la capitale Ryad.
Selon le ministère, la femme a reconnu avoir marché dans ces sites vêtue d'une jupe et non voilée, mais a affirmé que les images avaient été postées sur internet sans son consentement.
En Arabie saoudite, les femmes sont tenues de sortir en public vêtues d'une abaya noire, l'habit traditionnel qui les recouvre de la tête aux pieds. Elles n'ont pas le droit de conduire et ont besoin de l'accord d'un tuteur masculin pour travailler, faire des études ou voyager à l'étranger.
La vidéo a suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux, certains internautes appelant à poursuivre la jeune femme en justice pour entorse aux règlements dans le royaume.
LIRE AUSSI :
» Une Saoudienne emprisonnée pour avoir ôté son voile en public
» L'Arabie saoudite veut développer le télétravail pour les femmes

» Scandale en Arabie saoudite : une vidéo montre des femmes en train de s’amuser

L'Arabie Saoudite enquête sur une femme en minijupe (18.07.2017)

Par Le Figaro.fr avec AFPMis à jour le 18/07/2017 à 13:51 Publié le 18/07/2017 à 13:41

Les autorités saoudiennes enquêtent sur une vidéo diffusée ce week-end sur les réseaux sociaux sur laquelle une jeune femme marche en minijupe dans un site historique du royaume, selon la police religieuse dans ce pays ultraconservateur.

» Lire aussi - Une Saoudienne emprisonnée pour avoir ôté son voile en public

Les femmes en Arabie saoudite sont tenues de sortir en public vêtues d'une abaya noire, l'habit traditionnel qui les recouvre de la tête aux pieds.

Plusieurs séquences d'une vidéo, au départ postée sur le compte Snapchat du "mannequin Khulood", montre une jeune femme aux cheveux longs sans voile et qui porte une minijupe, un t-shirt court et des lunettes de soleil. Sur l'une d'elles, elle est vue de dos puis de face en train de marcher dans un fort historique à Ushaiqer, un village situé à 200 km au nord-ouest de la capitale Ryad.

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فاطمة العيسى @50BM_
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18:50 - 16 Jul 2017
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Les autorités de la région de Ryad, dont Ushaiqer dépend administrativement, ont ordonné de poursuivre en justice la jeune femme pour s'être montrée en tenue "indécente".
La Commission pour la promotion de la vertu et la prévention du vice entend "adopter les mesures nécessaires contre cette transgression de l'ordre moral, en coordination avec les autorités compétentes", a confirmé un porte-parole de la police religieuse.

La vidéo a suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux, certains internautes appelant à poursuivre la jeune femme en justice pour entorse aux règlements dans le royaume.Outre les règles vestimentaires, les Saoudiennes sont soumises à une série de restrictions, dont l'interdiction qui leur est faite de conduire une voiture.

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Un policier saoudien tué dans une attaque (06.07.2017)
Par Le Figaro.fr avec AFPMis à jour le 06/07/2017 à 22:25 Publié le 06/07/2017 à 22:08

Un policier saoudien a été tué et six autres ont été blessés jeudi dans une attaque contre leur patrouille dans l'est de l'Arabie saoudite où se concentre la minorité chiite du royaume, ont indiqué les autorités.
Un "engin explosif" a visé la patrouille, tuant le brigadier Abdallah Treiki al-Turki et blessant six autres policiers dans une "attaque terroriste", a indiqué le ministère de l'Intérieur dans un communiqué publié par l'agence SPA.

Les sept policiers patrouillaient dans le secteur d'Almosara où des troubles sont régulièrement signalés autour d'un projet de développement dans un vieux quartier.

C'est le dernier incident armé en date dans la région de Qatif, où se sont multipliés les actes de violences ces dernières semaines.

Mardi, un policier avait été tué et trois autres avaient été blessés dans cette même région.


L'est de l'Arabie saoudite est régulièrement secoué par des violences attribuées par les autorités à des "éléments terroristes" ou des trafiquants de drogue.



L'ascension fulgurante de Mohammed Ben Salman, nouveau prince héritier d'Arabie saoudite (21.06.2017)
Publié le 21/06/2017 à 09:43

Une mini-révolution se dessine dans ce pays où les monarques sont sexagénaires depuis plus de trente ans avec l'arrivée future d'un très jeune roi. Artisan de l'intervention saoudienne au Yémen, Mohammed Ben Salman écarte son cousin le prince Mohammed Ben Nayef.

C'est l'irrésistible ascension d'un jeune prince de 33 ans, volontiers impulsif et à l'ambition débordante. Par 31 voix sur 34, le conseil de l'allégeance de la famille royale saoudienne a désigné mercredi matin Mohammed Ben Salman - dit MBS - prince héritier du royaume d'Arabie. Il remplace son cousin germain le prince Mohammed Ben Nayef, ministre de l'Intérieur, l'homme de la lutte contre al-Qaida et Daech dans un pays lui aussi frappé par le terrorisme.

Un peu plus de deux ans après l'accession de son père, le roi Salman, sur le trône, Mohammed Ben Salman a réussi son pari d'écarter son rival de la course vers le pouvoir. MBS cumulait les fonctions de ministre de la Défense et de vice-prince héritier. C'est lui l'artisan de la guerre au Yémen où l'Arabie conduit une coalition arabe, épaulée par les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne, contre les rebelles houthistes proches de l'Iran. Une expédition militaire extrêmement risquée. MBS est également le maître d'œuvre du programme baptisé «Arabie 2030», dont l'ambition est de sortir du tout pétrole et de donner du travail à une jeunesse nombreuse et souvent désoeuvrée.


Depuis deux ans, Mohammed Bin Salman n'a cessé d'élargir son pouvoir. Au sein de la famille régnante, comme en dehors. MBS prit même le risque de briser le consensus au sein du clan Saoud. Il isola son père d'une bonne partie de la famille. Il n'hésitait pas à rabrouer d'anciens monarques comme Juan Carlos d'Espagne lorsque ce dernier appelait Salman sur son portable. «Rappelez plus tard», répondait-il sans ménagement envers l'ex-roi roi d'Espagne.

Sa nomination au poste de prince héritier est une surprise. À 60 ans, Mohammed Ben Nayef - MBN - faisait figure de successeur naturel du roi Salman. MBN et son père avaient servi pendant 42 ans comme ministre de l'Intérieur. Leur clan avait tenu la maison des Saoud notamment pendant les années de sang (2004-2006) lorsque les attaques terroristes d'al-Qaida avaient fait vaciller l'Arabie. Mais depuis l'accession de Salman au pouvoir, les relations entre MBS et le prince héritier s'étaient détériorées. Dès son arrivée aux affaires, le jeune MBS avait cherché à marginaliser son cousin, qui avait notamment critiqué l'aventure militaire de l'Arabie au Yémen.

Un partisan de la fermeté face à l'Iran

Deux crocodiles dans un marigot: il y en avait un de trop. Compte tenu de l'âge du roi, 83 ans, et de sa santé déclinante, l'Arabie devrait à terme être dirigé par un très jeune roi. Une mini-révolution dans ce pays où les monarques sont tous des sexagénaires depuis plus de trente ans.

Ses interlocuteurs décrivent Mohammed Ben Salman comme pragmatique et partisan d'une posture très ferme contre l'Iran. Dans sa marche vers le pouvoir, MBS a su semble-t-il se rallier une partie de l'establishment américain, l'allié stratégique de Riyad depuis cinquante ans. Il était allé en visite aux États-Unis pendant plusieurs semaines au printemps dernier, rencontrant Donald Trump et les cadres d'un appareil sécuritaire qui ont longtemps parié sur Mohammed Ben Nayef pour conduire aux destinées du royaume. Reste à savoir comment se fera la sortie de l'ex-prince héritier. MBS n'a pas intérêt à l'humilier, et le clan Saoud sait en général consoler les prétendants au trône qui subissent un revers de fortune.

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Comment l'Arabie saoudite déradicalise ses djihadistes (21.04.2016)

La Mecque, capitale de l'Arabie saoudite vue du ciel, abrite la Kaaba au sein de la Masjid al-Haram (la Mosquée sacrée), considérée comme le lieu le plus sacré de l'islam.

Par Georges Malbrunot
Mis à jour le 21/04/2016 à 21h18 | Publié le 21/04/2016 à 18h30

ENQUÊTE - L'Arabie saoudite, qui prône un islam ultrarigoriste, et dont nombre de jeunes partent servir le califat d'al-Baghdadi, a mis sur pied un programme de réhabilitation des anciens djihadistes. Les familles peuvent aussi appeler le 990 pour signaler le départ d'un des leurs. Policiers, psychologues et imams se chargent de réinsérer le fautif.

Envoyé spécial à Riyad

À l'approche de la prison d'al-Ha'ir, à 80 km au sud de Riyad, les barrages se multiplient. «On chasse les terroristes», confie un agent des forces de sécurité. Sorti du désert il y a neuf ans, le centre de détention dépend du ministère de l'Intérieur, dirigé par le prince héritier Mohammed Ben Nayef, le très expérimenté patron de l'antiterrorisme saoudien.

Prison ou hôtel cinq étoiles? Le doute est permis tant les conditions de détention paraissent quasi luxueuses. Le pays soigne ses sujets qui ont «dérivé» vers le djihadisme. Et ils sont nombreux dans ce royaume, berceau du wahhabisme, la version ultrarigoriste de l'islam, dont Daech se revendique aussi.

Faysal, 27 ans, sort de sa cellule pour nous parler dans un mini-jardin intérieur, qui donne sur une laverie. Il fait partie des 1670 détenus ici pour «actes terroristes». En 2013, il est allé combattre en Syrie aux côtés d'al-Nosra, branche locale d'al-Qaida. «Je suis parti pour la Turquie avec un ami saoudien. On était en contact par téléphone avec d'autres Saoudiens déjà sur place. Nosra était bien organisé», explique ce jeune homme, vêtu d'une thobe blanche, la longue tunique traditionnelle.

Faysal s'installe à al-Bab, au nord d'Alep, tenue par les radicaux islamistes. «J'étais enthousiaste d'être enfin là, après tout ce que j'avais vu à la télévision.» Il s'entraîne au maniement des armes, mais rapidement Faysal est saisi par la «peur des bombardements aux barils d'explosifs» de l'armée syrienne. Au bout de six mois, il demande à l'émir local d'al-Nosra de rentrer chez lui en Arabie. «Pas question», lui répond ce dernier. Une nuit, l'apprenti djihadiste déjoue la surveillance de ses «frères» et s'enfuit vers Azaz, le point de passage pour la Turquie, d'où il prend un bus pour Istanbul. «J'avais encore 2000 dollars que j'avais récupérés auprès d'amis qui avaient été tués en Irak», se souvient-il.

Peu après son départ d'Arabie, sa famille avait appelé le 990, le numéro de téléphone qui alerte les autorités sur les disparitions suspectes. À son retour, Faysal est appréhendé par la police à l'aéroport de Riyad. Il sera condamné à cinq ans de prison. Il lui en reste deux à purger.

Saad, un de ses compagnons de cellule, a, lui aussi, été cueilli à l'aéroport de Riyad, mais à son départ pour le djihad. «Je remercie Dieu de ne pas être allé en Syrie», sourit-il, la calotte blanche de la prière sur la tête. «Il y a quatre ans lorsque je voulais partir, Nosra et les autres groupes luttaient contre Assad. Maintenant, ils s'entre-tuent». Il a encore un an à rester en prison.

Une batterie de six cents questions

Saad partage une cellule d'une vingtaine de mètres carrés avec quatre autres prisonniers. Ceux-ci disposent d'un espace ouvert sur le ciel derrière les toilettes, d'une télévision grand écran accrochée au mur avec 168 chaînes, qui diffuse aussi les émissions d'une radio interne à la prison. Saad perçoit l'équivalent de 380 euros chaque mois, et son épouse est autorisée à venir le voir régulièrement pendant trois heures dans une chambre - sans caméra - avec réfrigérateur, télévision. Des tablettes de Viagra sont disponibles à la pharmacie de la prison. Tous les prisonniers ne bénéficient pas du même traitement : une trentaine de détenus - ceux qui peuvent encore contaminer les autres - sont à l'isolement dans une cellule de 8 m².

Saad et Faysal ont commencé à suivre un programme de réhabilitation, obligatoire. Aucun des 5000 djihadistes détenus dans les cinq prisons du royaume ne recouvrera la liberté sans être passé par là. «Notre mission est difficile», reconnaît un des conseillers en études islamiques de la prison. D'une durée de trois mois, ce programme se poursuit à l'issue de la détention à Riyad ou à Djedda, dans des centres pour la réhabilitation. Piscine, salles de jeux, ordinateurs : là encore, le royaume a mis les moyens pour faciliter le retour à la vie normale de milliers d'ex-djihadistes. Ce programme repose sur deux piliers : la famille, à laquelle le djihadiste en voie de repentance, rend visite le week-end, et l'islam, «le vrai», pas celui prêché par Daech. «Je préfère l'appeler centre de réislamisation», insiste le prince Turki al-Faysal, l'ancien patron des services de renseignements saoudiens.

Plus de 250 spécialistes - dont 120 religieux - et 50 psychologues interviennent. À son arrivée, pendant deux jours, l'ex-djihadiste est soumis à une batterie de 600 questions. «Regardez la courbe de ce graphique, on voit bien que celui-là a menti dans les réponses qu'il nous a données», confie Yasser Mazrouh, un psychologue. Régulièrement, l'ex-djihadiste est en effet jaugé. À l'issue de ses trois mois de stage, on lui demandera quels livres il aimerait lire. «Si les auteurs indiqués sont proches de la mouvance djihadiste, c'est la preuve que ses idées n'ont pas changé, il ne pourra pas être libéré, la réhabilitation se poursuivra alors», souligne le docteur Hamid al-Shajhi.

«Après des années de djihad et d'autres en prison, notre principal défi est de recréer un lien avec la société», reconnaît ce médecin. On ne peut établir de confiance avec des agents des services de renseignements déguisés en imam. Une quinzaine de repentis passés par le centre viennent prodiguer des conseils. «Je leur dis que le djihad maintenant est à notre frontière sud avec le Yémen», où l'Arabie saoudite affronte les rebelles houthistes soutenus par l'Iran, affirme Tarek, 30 ans, un ancien du centre. Même s'il a un frère en prison pour avoir voulu tuer un policier, et un cousin toujours avec Daech en Syrie, Tarek est cité en exemple : il est devenu imam d'une mosquée de Riyad.

À leur sortie, les autorités aident les anciens prisonniers à trouver un emploi, voire une épouse, grâce à leur tribu ou leur famille. Cette dernière se porte garante de son comportement. «La famille est le premier cercle qui l'observera une fois libre, insiste le Dr al-Shajhi. Elle fera le tri, écartant de ses fréquentations ceux qui l'ont blâmé ou ceux au contraire qui l'ont glorifié. Enfin, le dernier cercle est celui qui va le surveiller, car on lui dit bien que ses déplacements seront limités.» En plus de dix ans, 3100 djihadistes sont passés par le centre de réhabilitation de Riyad, dont 122 ex-prisonniers saoudiens de Guantanamo. Ses responsables affichent un taux de réussite de plus de 80 % qui laissent, toutefois, sceptiques les observateurs étrangers. Fini le djihad? «Je n'ai pas trouvé ce que je cherchais en Syrie. C'est différent maintenant», se borne à répondre Saad. Quant à Faysal, il reste lui aussi évasif. Difficile de percevoir leurs aspirations profondes.

Le défi antiterroriste est colossal dans un pays qui envoya dans les années 1980 des milliers de combattants lutter contre l'occupation soviétique de l'Afghanistan, où aujourd'hui encore certains imams glorifient le djihad contre les kafirs, les «mécréants». Avec 3200 Saoudiens en Syrie et en Irak, l'Arabie fournit à Daech l'un des tout premiers contingents de volontaires étrangers. 700 d'entre eux sont rentrés, selon le général Mansour al-Turki, porte-parole du ministère de l'Intérieur, qui rappelle l'adoption en 2014 d'une loi antiterroriste beaucoup plus sévère. Depuis, «nous avons arrêté 2000 personnes, y compris des imams qui prêchent en faveur du djihad», ajoute-t-il. Le vendredi suivant les attentats de Paris en novembre, un ressortissant français de Riyad fut pourtant stupéfait d'entendre le prédicateur de la mosquée de son quartier louer les terroristes du Bataclan.

Les Saoud, cible prioritaire de Daech

Si le contrôle des milliers de mosquées à travers le royaume s'avère impossible, la force des services saoudiens réside dans le maillage au sein des tribus, effectué durant dix années de lutte contre les djihadistes. «Chaque semaine, nous recevons environ 180 à 200 appels sur le 990, souligne le général Al-Turki. 70 % des arrestations proviennent des familles qui appellent ce numéro. Mais les radicaux exploitent le fait que les Américains ne sont pas intervenus en Syrie. Ils se demandent aussi pourquoi on n'est pas plus ferme contre l'Iran. Et pour certains, Daech répond à ces interrogations.»

La maison des Saoud n'est plus certes menacée, comme elle le fut dans les années 2004-2005 par al-Qaida, mais elle reste une cible prioritaire de Daech. Il y a quelques semaines, en plein centre de Riyad, un Syrien et une Philippine qui portait une ceinture d'explosifs ont été arrêtés. En perquisitionnant leur domicile, les forces de sécurité ont découvert une autre ceinture d'explosifs et du matériel pour fabriquer ces engins de mort.

Au cours des dix-huit derniers mois, 22 attaques terroristes ont été perpétrées par la nouvelle branche locale de Daech - dont six depuis janvier. Dans ses derniers messages, le calife Abou Baqr al-Baghdadi multiplie les références à la famille régnante saoudienne, à laquelle il veut ravir le contrôle des mosquées sacrées de La Mecque et de Médine.

Combien de Saoudiens soutiennent-ils Daech? Des sondages circulent : 20 %, 40 %. Difficile de répondre avec précision. «Le jour où Daech a conquis Ramadi, 3000 tweets de soutien ont été postés dans la seule région centrale du Najd», s'inquiète un diplomate occidental, qui rappelle qu'après les décapitations de 44 activistes d'al-Qaida en janvier, cette dernière fera tout pour venger ses «martyrs».

Quant à Daech, ses militants recourent désormais à un nouveau mode opératoire : ils infiltrent une famille de policiers ou d'agents des services de renseignements. Le jeune acquis à la cause djihadiste attire alors un de ses frères dans le désert, et l'exécute après avoir filmé la scène. Quatre policiers ont ainsi péri récemment. «C'est la dernière blague sur Whattsup, relève l'avocat Abdelazim al-Gassim. “Cher frère, tu viens te promener avec moi dans le désert?” demande quelqu'un à un proche qui répond effrayé: “Non, non, je tiens à rester en vie”».

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