Arabie Saoudite : un policier tué et 6 blessés (30.07.2017)
Arabie : la femme apparue en minijupe libérée (19.07.2017)
L'ascension fulgurante de Mohammed Ben Salman, nouveau prince héritier d'Arabie saoudite (21.06.2017)
Comment l'Arabie saoudite déradicalise ses djihadistes (21.04.2016)
Voir aussi :
Le pari risqué de l'Arabie saoudite après l'exécution d'un chef chiite (02.01.2016)
Voir aussi :
Le pari risqué de l'Arabie saoudite après l'exécution d'un chef chiite (02.01.2016)
Arabie Saoudite : un policier tué et 6 blessés (30.07.2017)
- Mis à jour le 30/07/2017 à 21:48
- Publié le 30/07/2017 à 21:45
Un policier saoudien a été tué ce
dimanche et six autres ont été blessés lorsque leur patrouille a été prise pour
cible à Aouamia, dans l'est du royaume, a annoncé le ministère de l'Intérieur.
Cet incident est le dernier en
date d'une série d'attaques commises depuis le mois de mai dans cette ville en
majorité chiite. La population reproche notamment aux autorités saoudiennes
d'avoir entrepris de détruire les quartiers les plus anciens de la ville.
Opération de sécurité dans
l'est du Royaume
Au moins cinq personnes sont
mortes en deux jours la semaine dernière lorsque les forces de sécurité ont
lancé une opération pour arrêter des insurgés présumés.
Ce dimanche, la patrouille de
police a été prise pour cible par un explosif, a dit le ministère de
l'Intérieur dans un communiqué diffusé par l'agence de presse d'Etat SPA. Les
six blessés ont été hospitalisés et sont dans un état stable, ajoute-t-il.
LIRE AUSSI
Arabie: la femme apparue en minijupe libérée (19.07.2017)
Par Le Figaro.fr avec AFPMis à jour le 19/07/2017 à 18:33
Publié le 19/07/2017 à 18:30
Une jeune femme qui avait été filmée vêtue d'une minijupe
dans un site historique d'Arabie saoudite a été libérée sans être inculpée, a
annoncé auourd'hui le gouvernement. La police l'a relâchée hier soir et le
dossier a été clôturé par le procureur, a indiqué le ministère de l'Information
dans un communiqué.
Suivre
فاطمة العيسى @50BM_
لو كانت اجنبية كان تغزلوا بجمال خصرها وفتنتة عيناها .. بس لانها
سعودية يطلبوا محاكمتها ! #مطلوب_محاكمة_مودل_خلود
18:50 - 16 Jul 2017
1 167 1 167
Retweets 1 673 1 673 j'aime
Informations sur les Publicités Twitter et confidentialité
Hier, la police avait indiqué qu'elle interrogeait cette
femme, apparue dans une série de vidéos postées au départ sur le réseau social
Snapchat. On la voit sans voile, vêtue d'une minijupe et d'un tee-shirt court,
en train de marcher dans un fort historique à Ushaiqer, un village situé à 200
km au nord-ouest de la capitale Ryad.
Selon le ministère, la femme a reconnu avoir marché dans ces
sites vêtue d'une jupe et non voilée, mais a affirmé que les images avaient été
postées sur internet sans son consentement.
En Arabie saoudite, les femmes sont tenues de sortir en
public vêtues d'une abaya noire, l'habit traditionnel qui les recouvre de la
tête aux pieds. Elles n'ont pas le droit de conduire et ont besoin de l'accord
d'un tuteur masculin pour travailler, faire des études ou voyager à l'étranger.
La vidéo a suscité de vives réactions sur les réseaux
sociaux, certains internautes appelant à poursuivre la jeune femme en justice
pour entorse aux règlements dans le royaume.
LIRE AUSSI :
» Une Saoudienne emprisonnée pour avoir ôté son voile en
public
» L'Arabie saoudite veut développer le télétravail pour les
femmes
» Scandale en Arabie saoudite : une vidéo montre des femmes
en train de s’amuser
L'Arabie Saoudite enquête sur une femme en minijupe (18.07.2017)
Par Le Figaro.fr avec AFPMis à jour le 18/07/2017 à 13:51
Publié le 18/07/2017 à 13:41
Les autorités saoudiennes enquêtent sur une vidéo diffusée
ce week-end sur les réseaux sociaux sur laquelle une jeune femme marche en
minijupe dans un site historique du royaume, selon la police religieuse dans ce
pays ultraconservateur.
» Lire aussi - Une Saoudienne emprisonnée pour avoir ôté son
voile en public
Les femmes en Arabie saoudite sont tenues de sortir en
public vêtues d'une abaya noire, l'habit traditionnel qui les recouvre de la
tête aux pieds.
Plusieurs séquences d'une vidéo, au départ postée sur le
compte Snapchat du "mannequin Khulood", montre une jeune femme aux
cheveux longs sans voile et qui porte une minijupe, un t-shirt court et des
lunettes de soleil. Sur l'une d'elles, elle est vue de dos puis de face en
train de marcher dans un fort historique à Ushaiqer, un village situé à 200 km
au nord-ouest de la capitale Ryad.
Suivre
فاطمة العيسى @50BM_
لو كانت اجنبية كان تغزلوا بجمال خصرها وفتنتة عيناها .. بس لانها
سعودية يطلبوا محاكمتها ! #مطلوب_محاكمة_مودل_خلود
18:50 - 16 Jul 2017
915 915
Retweets 1 059 1 059 j'aime
Les autorités de la région de Ryad, dont Ushaiqer dépend
administrativement, ont ordonné de poursuivre en justice la jeune femme pour
s'être montrée en tenue "indécente".
La Commission pour la promotion de la vertu et la prévention
du vice entend "adopter les mesures nécessaires contre cette transgression
de l'ordre moral, en coordination avec les autorités compétentes", a
confirmé un porte-parole de la police religieuse.
La vidéo a suscité de vives réactions sur les réseaux
sociaux, certains internautes appelant à poursuivre la jeune femme en justice
pour entorse aux règlements dans le royaume.Outre les règles vestimentaires,
les Saoudiennes sont soumises à une série de restrictions, dont l'interdiction
qui leur est faite de conduire une voiture.
LIRE AUSSI:
Un policier saoudien tué dans une attaque (06.07.2017)
Par Le Figaro.fr avec AFPMis à jour le 06/07/2017 à 22:25 Publié le 06/07/2017 à 22:08
Un policier saoudien a été tué et six autres ont été blessés jeudi dans une attaque contre leur patrouille dans l'est de l'Arabie saoudite où se concentre la minorité chiite du royaume, ont indiqué les autorités.
Un "engin explosif" a visé la patrouille, tuant le brigadier Abdallah Treiki al-Turki et blessant six autres policiers dans une "attaque terroriste", a indiqué le ministère de l'Intérieur dans un communiqué publié par l'agence SPA.
Les sept policiers patrouillaient dans le secteur d'Almosara où des troubles sont régulièrement signalés autour d'un projet de développement dans un vieux quartier.
C'est le dernier incident armé en date dans la région de Qatif, où se sont multipliés les actes de violences ces dernières semaines.
Mardi, un policier avait été tué et trois autres avaient été blessés dans cette même région.
L'est de l'Arabie saoudite est régulièrement secoué par des violences attribuées par les autorités à des "éléments terroristes" ou des trafiquants de drogue.
L'ascension fulgurante de Mohammed Ben Salman, nouveau prince héritier d'Arabie saoudite (21.06.2017)
Publié le 21/06/2017 à 09:43
Une mini-révolution se dessine dans ce pays où les monarques sont sexagénaires depuis plus de trente ans avec l'arrivée future d'un très jeune roi. Artisan de l'intervention saoudienne au Yémen, Mohammed Ben Salman écarte son cousin le prince Mohammed Ben Nayef.
C'est l'irrésistible ascension d'un jeune prince de 33 ans, volontiers impulsif et à l'ambition débordante. Par 31 voix sur 34, le conseil de l'allégeance de la famille royale saoudienne a désigné mercredi matin Mohammed Ben Salman - dit MBS - prince héritier du royaume d'Arabie. Il remplace son cousin germain le prince Mohammed Ben Nayef, ministre de l'Intérieur, l'homme de la lutte contre al-Qaida et Daech dans un pays lui aussi frappé par le terrorisme.
Un peu plus de deux ans après l'accession de son père, le roi Salman, sur le trône, Mohammed Ben Salman a réussi son pari d'écarter son rival de la course vers le pouvoir. MBS cumulait les fonctions de ministre de la Défense et de vice-prince héritier. C'est lui l'artisan de la guerre au Yémen où l'Arabie conduit une coalition arabe, épaulée par les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne, contre les rebelles houthistes proches de l'Iran. Une expédition militaire extrêmement risquée. MBS est également le maître d'œuvre du programme baptisé «Arabie 2030», dont l'ambition est de sortir du tout pétrole et de donner du travail à une jeunesse nombreuse et souvent désoeuvrée.
» Lire aussi - L'Arabie saoudite dévoile un vaste plan de réformes
Depuis deux ans, Mohammed Bin Salman n'a cessé d'élargir son pouvoir. Au sein de la famille régnante, comme en dehors. MBS prit même le risque de briser le consensus au sein du clan Saoud. Il isola son père d'une bonne partie de la famille. Il n'hésitait pas à rabrouer d'anciens monarques comme Juan Carlos d'Espagne lorsque ce dernier appelait Salman sur son portable. «Rappelez plus tard», répondait-il sans ménagement envers l'ex-roi roi d'Espagne.
Sa nomination au poste de prince héritier est une surprise. À 60 ans, Mohammed Ben Nayef - MBN - faisait figure de successeur naturel du roi Salman. MBN et son père avaient servi pendant 42 ans comme ministre de l'Intérieur. Leur clan avait tenu la maison des Saoud notamment pendant les années de sang (2004-2006) lorsque les attaques terroristes d'al-Qaida avaient fait vaciller l'Arabie. Mais depuis l'accession de Salman au pouvoir, les relations entre MBS et le prince héritier s'étaient détériorées. Dès son arrivée aux affaires, le jeune MBS avait cherché à marginaliser son cousin, qui avait notamment critiqué l'aventure militaire de l'Arabie au Yémen.
Un partisan de la fermeté face à l'Iran
Deux crocodiles dans un marigot: il y en avait un de trop. Compte tenu de l'âge du roi, 83 ans, et de sa santé déclinante, l'Arabie devrait à terme être dirigé par un très jeune roi. Une mini-révolution dans ce pays où les monarques sont tous des sexagénaires depuis plus de trente ans.
Ses interlocuteurs décrivent Mohammed Ben Salman comme pragmatique et partisan d'une posture très ferme contre l'Iran. Dans sa marche vers le pouvoir, MBS a su semble-t-il se rallier une partie de l'establishment américain, l'allié stratégique de Riyad depuis cinquante ans. Il était allé en visite aux États-Unis pendant plusieurs semaines au printemps dernier, rencontrant Donald Trump et les cadres d'un appareil sécuritaire qui ont longtemps parié sur Mohammed Ben Nayef pour conduire aux destinées du royaume. Reste à savoir comment se fera la sortie de l'ex-prince héritier. MBS n'a pas intérêt à l'humilier, et le clan Saoud sait en général consoler les prétendants au trône qui subissent un revers de fortune.
La rédaction vous conseille
Comment l'Arabie saoudite
déradicalise ses djihadistes (21.04.2016)
La Mecque, capitale de l'Arabie
saoudite vue du ciel, abrite la Kaaba au sein de la Masjid al-Haram (la Mosquée
sacrée), considérée comme le lieu le plus sacré de l'islam.
Par Georges Malbrunot
Mis à jour le 21/04/2016 à 21h18
| Publié le 21/04/2016 à 18h30
ENQUÊTE - L'Arabie saoudite, qui
prône un islam ultrarigoriste, et dont nombre de jeunes partent servir le
califat d'al-Baghdadi, a mis sur pied un programme de réhabilitation des
anciens djihadistes. Les familles peuvent aussi appeler le 990 pour signaler le
départ d'un des leurs. Policiers, psychologues et imams se chargent de
réinsérer le fautif.
Envoyé spécial à Riyad
À l'approche de la prison
d'al-Ha'ir, à 80 km au sud de Riyad, les barrages se multiplient. «On chasse
les terroristes», confie un agent des forces de sécurité. Sorti du désert il y
a neuf ans, le centre de détention dépend du ministère de l'Intérieur, dirigé par
le prince héritier Mohammed Ben Nayef, le très expérimenté patron de
l'antiterrorisme saoudien.
Prison ou hôtel cinq étoiles? Le
doute est permis tant les conditions de détention paraissent quasi luxueuses.
Le pays soigne ses sujets qui ont «dérivé» vers le djihadisme. Et ils sont
nombreux dans ce royaume, berceau du wahhabisme, la version ultrarigoriste de
l'islam, dont Daech se revendique aussi.
Faysal, 27 ans, sort de sa
cellule pour nous parler dans un mini-jardin intérieur, qui donne sur une
laverie. Il fait partie des 1670 détenus ici pour «actes terroristes». En 2013,
il est allé combattre en Syrie aux côtés d'al-Nosra, branche locale d'al-Qaida.
«Je suis parti pour la Turquie avec un ami saoudien. On était en contact par
téléphone avec d'autres Saoudiens déjà sur place. Nosra était bien organisé»,
explique ce jeune homme, vêtu d'une thobe blanche, la longue tunique
traditionnelle.
Faysal s'installe à al-Bab, au
nord d'Alep, tenue par les radicaux islamistes. «J'étais enthousiaste d'être
enfin là, après tout ce que j'avais vu à la télévision.» Il s'entraîne au
maniement des armes, mais rapidement Faysal est saisi par la «peur des
bombardements aux barils d'explosifs» de l'armée syrienne. Au bout de six mois,
il demande à l'émir local d'al-Nosra de rentrer chez lui en Arabie. «Pas
question», lui répond ce dernier. Une nuit, l'apprenti djihadiste déjoue la
surveillance de ses «frères» et s'enfuit vers Azaz, le point de passage pour la
Turquie, d'où il prend un bus pour Istanbul. «J'avais encore 2000 dollars que
j'avais récupérés auprès d'amis qui avaient été tués en Irak», se souvient-il.
Peu après son départ d'Arabie, sa
famille avait appelé le 990, le numéro de téléphone qui alerte les autorités
sur les disparitions suspectes. À son retour, Faysal est appréhendé par la
police à l'aéroport de Riyad. Il sera condamné à cinq ans de prison. Il lui en
reste deux à purger.
Saad, un de ses compagnons de
cellule, a, lui aussi, été cueilli à l'aéroport de Riyad, mais à son départ
pour le djihad. «Je remercie Dieu de ne pas être allé en Syrie», sourit-il, la
calotte blanche de la prière sur la tête. «Il y a quatre ans lorsque je voulais
partir, Nosra et les autres groupes luttaient contre Assad. Maintenant, ils
s'entre-tuent». Il a encore un an à rester en prison.
Une batterie de six cents
questions
Saad partage une cellule d'une
vingtaine de mètres carrés avec quatre autres prisonniers. Ceux-ci disposent
d'un espace ouvert sur le ciel derrière les toilettes, d'une télévision grand
écran accrochée au mur avec 168 chaînes, qui diffuse aussi les émissions d'une
radio interne à la prison. Saad perçoit l'équivalent de 380 euros chaque mois,
et son épouse est autorisée à venir le voir régulièrement pendant trois heures
dans une chambre - sans caméra - avec réfrigérateur, télévision. Des tablettes
de Viagra sont disponibles à la pharmacie de la prison. Tous les prisonniers ne
bénéficient pas du même traitement : une trentaine de détenus - ceux qui peuvent
encore contaminer les autres - sont à l'isolement dans une cellule de 8 m².
Saad et Faysal ont commencé à
suivre un programme de réhabilitation, obligatoire. Aucun des 5000 djihadistes
détenus dans les cinq prisons du royaume ne recouvrera la liberté sans être
passé par là. «Notre mission est difficile», reconnaît un des conseillers en
études islamiques de la prison. D'une durée de trois mois, ce programme se
poursuit à l'issue de la détention à Riyad ou à Djedda, dans des centres pour
la réhabilitation. Piscine, salles de jeux, ordinateurs : là encore, le royaume
a mis les moyens pour faciliter le retour à la vie normale de milliers
d'ex-djihadistes. Ce programme repose sur deux piliers : la famille, à laquelle
le djihadiste en voie de repentance, rend visite le week-end, et l'islam, «le
vrai», pas celui prêché par Daech. «Je préfère l'appeler centre de
réislamisation», insiste le prince Turki al-Faysal, l'ancien patron des
services de renseignements saoudiens.
Plus de 250 spécialistes - dont
120 religieux - et 50 psychologues interviennent. À son arrivée, pendant deux
jours, l'ex-djihadiste est soumis à une batterie de 600 questions. «Regardez la
courbe de ce graphique, on voit bien que celui-là a menti dans les réponses
qu'il nous a données», confie Yasser Mazrouh, un psychologue. Régulièrement,
l'ex-djihadiste est en effet jaugé. À l'issue de ses trois mois de stage, on
lui demandera quels livres il aimerait lire. «Si les auteurs indiqués sont
proches de la mouvance djihadiste, c'est la preuve que ses idées n'ont pas
changé, il ne pourra pas être libéré, la réhabilitation se poursuivra alors»,
souligne le docteur Hamid al-Shajhi.
«Après des années de djihad et
d'autres en prison, notre principal défi est de recréer un lien avec la
société», reconnaît ce médecin. On ne peut établir de confiance avec des agents
des services de renseignements déguisés en imam. Une quinzaine de repentis
passés par le centre viennent prodiguer des conseils. «Je leur dis que le
djihad maintenant est à notre frontière sud avec le Yémen», où l'Arabie
saoudite affronte les rebelles houthistes soutenus par l'Iran, affirme Tarek,
30 ans, un ancien du centre. Même s'il a un frère en prison pour avoir voulu
tuer un policier, et un cousin toujours avec Daech en Syrie, Tarek est cité en
exemple : il est devenu imam d'une mosquée de Riyad.
À leur sortie, les autorités
aident les anciens prisonniers à trouver un emploi, voire une épouse, grâce à
leur tribu ou leur famille. Cette dernière se porte garante de son
comportement. «La famille est le premier cercle qui l'observera une fois libre,
insiste le Dr al-Shajhi. Elle fera le tri, écartant de ses fréquentations ceux
qui l'ont blâmé ou ceux au contraire qui l'ont glorifié. Enfin, le dernier
cercle est celui qui va le surveiller, car on lui dit bien que ses déplacements
seront limités.» En plus de dix ans, 3100 djihadistes sont passés par le centre
de réhabilitation de Riyad, dont 122 ex-prisonniers saoudiens de Guantanamo.
Ses responsables affichent un taux de réussite de plus de 80 % qui laissent,
toutefois, sceptiques les observateurs étrangers. Fini le djihad? «Je n'ai pas
trouvé ce que je cherchais en Syrie. C'est différent maintenant», se borne à
répondre Saad. Quant à Faysal, il reste lui aussi évasif. Difficile de
percevoir leurs aspirations profondes.
Le défi antiterroriste est
colossal dans un pays qui envoya dans les années 1980 des milliers de
combattants lutter contre l'occupation soviétique de l'Afghanistan, où
aujourd'hui encore certains imams glorifient le djihad contre les kafirs, les
«mécréants». Avec 3200 Saoudiens en Syrie et en Irak, l'Arabie fournit à Daech
l'un des tout premiers contingents de volontaires étrangers. 700 d'entre eux
sont rentrés, selon le général Mansour al-Turki, porte-parole du ministère de
l'Intérieur, qui rappelle l'adoption en 2014 d'une loi antiterroriste beaucoup
plus sévère. Depuis, «nous avons arrêté 2000 personnes, y compris des imams qui
prêchent en faveur du djihad», ajoute-t-il. Le vendredi suivant les attentats
de Paris en novembre, un ressortissant français de Riyad fut pourtant stupéfait
d'entendre le prédicateur de la mosquée de son quartier louer les terroristes
du Bataclan.
Les Saoud, cible prioritaire de
Daech
Si le contrôle des milliers de
mosquées à travers le royaume s'avère impossible, la force des services
saoudiens réside dans le maillage au sein des tribus, effectué durant dix
années de lutte contre les djihadistes. «Chaque semaine, nous recevons environ 180
à 200 appels sur le 990, souligne le général Al-Turki. 70 % des arrestations
proviennent des familles qui appellent ce numéro. Mais les radicaux exploitent
le fait que les Américains ne sont pas intervenus en Syrie. Ils se demandent
aussi pourquoi on n'est pas plus ferme contre l'Iran. Et pour certains, Daech
répond à ces interrogations.»
La maison des Saoud n'est plus
certes menacée, comme elle le fut dans les années 2004-2005 par al-Qaida, mais
elle reste une cible prioritaire de Daech. Il y a quelques semaines, en plein
centre de Riyad, un Syrien et une Philippine qui portait une ceinture
d'explosifs ont été arrêtés. En perquisitionnant leur domicile, les forces de
sécurité ont découvert une autre ceinture d'explosifs et du matériel pour
fabriquer ces engins de mort.
Au cours des dix-huit derniers
mois, 22 attaques terroristes ont été perpétrées par la nouvelle branche locale
de Daech - dont six depuis janvier. Dans ses derniers messages, le calife Abou
Baqr al-Baghdadi multiplie les références à la famille régnante saoudienne, à
laquelle il veut ravir le contrôle des mosquées sacrées de La Mecque et de
Médine.
Combien de Saoudiens
soutiennent-ils Daech? Des sondages circulent : 20 %, 40 %. Difficile de
répondre avec précision. «Le jour où Daech a conquis Ramadi, 3000 tweets de
soutien ont été postés dans la seule région centrale du Najd», s'inquiète un
diplomate occidental, qui rappelle qu'après les décapitations de 44 activistes
d'al-Qaida en janvier, cette dernière fera tout pour venger ses «martyrs».
Quant à Daech, ses militants
recourent désormais à un nouveau mode opératoire : ils infiltrent une famille de
policiers ou d'agents des services de renseignements. Le jeune acquis à la
cause djihadiste attire alors un de ses frères dans le désert, et l'exécute
après avoir filmé la scène. Quatre policiers ont ainsi péri récemment. «C'est
la dernière blague sur Whattsup, relève l'avocat Abdelazim al-Gassim. “Cher
frère, tu viens te promener avec moi dans le désert?” demande quelqu'un à un
proche qui répond effrayé: “Non, non, je tiens à rester en vie”».
La rédaction vous conseille :