Crise migratoire : Européens et Africains en mal de solution (28.08.2017)
Crise migratoire : le délicat projet de «hot spots» installés au Sahel (28.08.2017)
Migrants : plusieurs ONG rejettent un «code de conduite» (31.07.2017)
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Crise migratoire : Européens
et Africains en mal de solution (28.08.2017)
Mis à jour le 28/08/2017 à 22h02 | Publié le 28/08/2017 à 20h09
VIDÉO - Lors d'un mini-sommet,
lundi à Paris, avec les principaux protagonistes de la crise migratoire,
Emmanuel Macron a proposé l'installation de «hot spots» au Niger et au Tchad
afin d'identifier les migrants éligibles au droit d'asile.
Trier les candidats à l'asile en
amont, au Tchad et au Niger, avant qu'ils ne rejoignent l'Europe.
C'est la principale proposition du mini-sommet organisé lundi à Paris sur
l'épineuse question des migrations, qui déstabilise les démocraties
européennes. Dans une conférence de presse conjointe, Emmanuel Macron a proposé
«d'identifier» dans ces pays les réfugiés «qui ont droit à l'asile» pour les
«mettre en sécurité le plus rapidement possible».
Il y aura aussi «une action de
coopération en matière de sécurité, de justice» et «parfois de présence
militaire sur le terrain pour prévenir d'autres débordements et l'accroissement
de flux vers la Libye» qui «viendraient gonfler des camps de migrants déjà
saturés», a précisé le président français. La rencontre organisée lundi à
l'Élysée par Emmanuel Macron avec les chefs d'État du Tchad et du Niger, les
chefs des gouvernements allemand, italien, espagnol et libyen et la chef de la
diplomatie de l'Union européenne, visait à favoriser l'émergence d'une feuille
de route. Objectif : maintenir la crise des migrants sous contrôle, réduire
autant que faire se peut ses conséquences sur les pays européens.
Créer un front uni de l'Union
européenne
Les États de l'Union n'ont
toujours pas trouvé de solution satisfaisante pour gérer l'arrivée des
centaines de milliers de réfugiés fuyant les guerres, la pauvreté et
l'instabilité économique et politique en Afrique et au Moyen-Orient. L'accord
signé en 2016 avec la Turquie a certes permis de tarir la route de la Grèce.
Mais outre qu'il fait dépendre l'Union du bon vouloir du président turc
Erdogan, il est loin d'être suffisant. Depuis, une autre route a pris le
relais, celle qui relie la Libye à l'Italie et qui a grossi pendant
tout l'été. D'autres routes migratoires commencent par ailleurs à
reprendre, notamment du côté du Maroc et de l'Espagne.
L'un des objectifs affichés du
mini-sommet de Paris est d'harmoniser les positions sur ce dossier source de
tensions. L'Europe veut réaffirmer son soutien au Tchad, au Niger et à la
Libye, encourager ces pays qui sont au cœur du transit de migrants d'Afrique et
du Moyen-Orient vers les côtes européennes à faire davantage pour contrôler la
gestion des flux. En 2015, l'Union européenne a déjà mis 1,8 milliard
d'euros sur la table à destination des pays africains. Mais ces derniers
réclament encore davantage de soutien. La rencontre de Paris vise également à
créer un front uni de l'Union européenne sur le sujet.
Crispations italiennes
En première ligne dans la crise,
l'Italie, principale destination des bateaux de migrants qui quittent la Libye,
réclame davantage d'aide de l'Union européenne. Elle menace de bloquer l'entrée
de ses ports aux bateaux étrangers transportant des migrants secourus en mer.
L'Italie avait été vexée de ne pas avoir été associée à l'initiative d'Emmanuel
Macron sur la Libye en juillet.
La question des migrants divise
aussi les parties orientale et occidentale de l'Union européenne. Les pays de
Visegrad (Pologne, Hongrie, République tchèque et Slovaquie) refusent le
système de répartition obligatoire des réfugiés mis en place par Bruxelles.
Ailleurs en Europe, la crise des migrants nourrit et gonfle les populismes.
Pour tous les pays européens, le sujet est devenu une priorité.
S'inspirer du modèle syrien
L'Élysée voudrait prendre le
sujet en amont et trouver des moyens de gérer les migrations avant que les
bateaux n'arrivent en Europe. En juillet, Emmanuel Macron a proposé de créer des «hot spots» en Afrique pour
pouvoir y traiter directement et plus rapidement les demandes d'asile. Et pour
aider à maîtriser les flux traversant la Méditerranée. L'idée est de s'inspirer
du modèle syrien, c'est-à-dire de partiellement déléguer la crise migratoire,
moyennant finances, aux pays voisins.
L'instabilité politique en Libye,
le manque de moyens financiers mais aussi de volonté politique de la part des
pays africains font peser des doutes sur la viabilité de la solution proposée
par la France. Début août, Jean-Yves Le Drian a commandé un rapport sur la
faisabilité des «hot spots». Ses principales conclusions devaient aussi être
discutées au cours de la réunion de Paris.
Deux ans après le sommet
UE-Afrique de La Valette sur les migrations, la réunion de Paris «peut
constituer le début d'un nouveau rapport entre l'Europe et l'Afrique», espère
le ministre italien de l'Intérieur.
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Isabelle Lasserre Journaliste 166
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Par Alain
Barluet
Mis à jour le 28/08/2017 à 20h35 | Publié le 28/08/2017 à 19h02
L'idée n'est guère nouvelle, elle a connu des avatars et des
critiques, mais Emmanuel Macron y tient: installer des «centres d'orientation»
des migrants - à l'Élysée, le terme est de loin préféré à celui de «hot
spots» - au Sahel, pour enregistrer et identifier ceux qui sont éligibles
à l'asile et ceux qui ne le sont pas. Il s'agit «d'éviter aux gens de prendre
des risques fous», estime le chef de l'État.
En 2017, quelque 120.000 migrants sont parvenus en Europe par
la mer, la plupart via l'Italie. Avec la fermeture de la route des Balkans
après un accord avec la Turquie en 2016 sur le renvoi des réfugiés, la Méditerranée centrale est devenue la principale route des
migrants d'Afrique subsaharienne pour atteindre les côtes européennes.
Les «hot spots» ont été «inventés» en 2015 avec l'essor de la crise migratoire.
Il y en a aujourd'hui cinq sur les îles grecques et quatre en Italie. Mais
depuis l'accord UE-Turquie, aucun migrant n'a quitté les «hot spots» des îles
grecques.
Fin juillet, Emmanuel Macron avait émis l'idée de créer des
centres dans le sud de la Libye pour distinguer les réfugiés politiques des
réfugiés économiques. Une proposition jugée peu réaliste et qui a fait long feu,
eu égard aux conditions de sécurité précaires et à l'absence d'accord politique
entre les protagonistes libyens. En outre, bloquer la frontière du sud de la
Libye - qui reste un impératif majeur - nécessiterait des
investissements colossaux, chiffrés par Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est libyen, à
20 milliards de dollars sur 20 à 25 ans. En revanche, le projet de
renforcer ou de créer des structures «en amont», au Niger et au Tchad, était
lundi sur la table de la réunion de Paris à laquelle participaient les
dirigeants de ces pays. Des missions d'évaluation ont été menées sur le terrain
ces dernières semaines et Paris s'est dit prêt à envoyer sur place des
officiers de l'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides)
qui pourraient notamment appuyer l'OIM (Office international pour les
migrations) ou le HCR (Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés).
Crispations italiennes
Un mécanisme rodé pourrait servir de canevas : celui mis en
place depuis 2015 au Liban (où 1 million de Syriens sont enregistrés),
mais aussi en Turquie et en Jordanie. Dans ces camps du HCR ou de l'OIM,
l'Ofpra entend des migrants sélectionnés avant de les transférer en France où
l'asile leur est accordé rapidement s'ils peuvent y prétendre. Cela a été le
cas pour 5500 personnes ces deux dernières années.
L'initiative d'Emmanuel Macron a suscité quelques
crispations, du côté européen - l'Italie, notamment, étant «à cran» sur la
question des migrants, comme des côtés des Africains. Ces derniers réclament
surtout un soutien financier. C'est le cas du Niger qui affirme avoir déjà réduit de
80 % le flux migratoire à Agadez, plaque tournante du trafic d'êtres
humains. D'autres problèmes se posent comme celui d'assurer la sécurité des
personnels intervenant dans les centres. Et puis les migrants, notamment ceux
se sachant non éligibles, voudront-ils y aller plutôt que de continuer à tenter
leur chance à travers la frontière libyenne?
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une ville
- Mis à jour le 15/08/2017 à 16:11
Le ministre italien de l'Intérieur, Marco Minniti, a affirmé
ce mardi qu'il apercevait "la lumière au bout du tunnel" dans la
crise provoquée par les arrivées massives de migrants sur les côtes italiennes
depuis près de quatre ans. "Nous sommes encore dans le tunnel et il est
long. Mais pour la première fois, je commence à voir la lumière au bout du
tunnel", a déclaré le ministre lors d'une conférence de presse, tout en
précisant qu'il était peut-être "trop optimiste".
Alors que l'Italie a vu débarquer plus de 600.000 migrants
sur ses côtes depuis début 2014 -tandis que 14.000 ont péri en mer-, les
arrivées ont marqué un net fléchissement cet été : environ 13.500 depuis le 1er
juillet, contre 30.500 sur la même période en 2016. "Les flux migratoires
n'ont rien de conjoncturels. Ils étaient, sont et resteront un phénomène
historique de notre époque. C'est pour cela que nous nous sommes fixé
l'objectif de les gouverner plutôt que de les subir", a-t-il ajouté.
Une enveloppe de 200 millions d'euros
Arrivé à son poste en décembre, le ministre a mis l'accent
sur la Libye, en particulier les maires des villes frontalières au Sud, qu'il
considère comme "la frontière méridionale de l'Europe" par où
risquent aussi de passer les anciens combattants de l'organisation Etat
islamique chassés de Mossoul ou de Raqqa.
Il multiplie aussi les contacts avec les responsables locaux
des villes côtières libyennes, dans l'objectif de les aider à développer une
économie alternative à celle des passeurs - dont l'activité représente jusqu'à
50% des revenus de certaines zones côtières selon un responsable de l'opération
navale européenne Sophia. "Il faut que le bon argent remplace l'argent
sale", a insisté M. Minniti, en évoquant une première enveloppe de 200
millions d'euros à laquelle l'Italie doit participer avec l'Union européenne ou
encore l'Allemagne, pour fournir une aide humanitaire dans ces zones.
Interrogé sur la suspension des opérations de secours en mer
annoncée par trois ONG après que la marine libyenne a interdit les navires
étrangers au large de ses côtes, le ministre a estimé que la Libye ne pouvait
pour l'instant avoir autorité que sur ses eaux territoriales, jusqu'à 12 milles
nautiques des côtes. "La Libye a demandé une extension de sa zone SAR
(recherches et secours), en application d'un accord de 2008 avec Malte. Nous
verrons la réponse de l'IMO (Organisation maritime internationale), mais je
pense que pour l'instant, cette exigence n'est pas entièrement opérationnelle",
a-t-il déclaré, en référence aux moyens encore limités des gardes-côtes
libyens.
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De plus en plus de migrants tentent de rejoindre l'Europe via l'Espagne (11.08.2017)
- Par lefigaro.fr, AFP agence
- Mis
à jour le 11/08/2017 à 14:31
- Publié le
11/08/2017 à 13:08
VIDÉO - Le pays pourrait dépasser cette année la Grèce en
nombre d'arrivées par la mer, selon un responsable de l'Organisation
internationale pour les migrations (OIM). Comme une illustration, mercredi, une
embarcation accostait sur une plage proche de Cadix, au milieu des baigneurs.
Les migrants sont de plus en plus nombreux à vouloir gagner
l'Europe en passant par le détroit de Gibraltar. Au point que l'Espagne
pourrait cette année dépasser la Grèce en nombre d'arrivées par la mer. Le flux
migratoire augmente aussi aux deux frontières terrestres de l'Union européenne
qui se trouvent au Maroc. De jeunes Africains s'élancent par centaines pour
escalader les clôtures de barbelés de Ceuta et Melilla, deux enclaves
espagnoles, sur la côte nord du Maroc (voir carte ci-dessous).
Ces dernières semaines, de nombreux migrants ont tenté de
forcer la frontière pour passer du côté espagnol. Le
1er août, quelque 200 migrants ont tenté leur chance au petit matin à
Ceuta. Mardi, la
police découvrait, toujours à Ceuta, 30 migrants marocains et algériens cachés
dans des manèges d'une fête foraine, prêts à partir en ferry à destination
de l'Espagne, côté européen. Le lendemain, des dizaines de migrants
débarquaient au milieu des baigneurs sur la plage andalouse de Zahara de los
Atunes, proche de Cadix dans le sud de l'Espagne, après avoir franchi le
détroit de Gibraltar. Sur une vidéo amateur, on les voit sauter d'un canot
pneumatique pour remonter la plage en courant.
Mercredi encore, une douzaine de migrants étaient déposés
par des passeurs en jet-ski dans les eaux territoriales de Ceuta, à une
cinquantaine de kilomètres à l'est de Tanger. L'un d'eux, un Guinéen de 28 ans,
se noyait avant d'atteindre la plage, d'après la préfecture de la ville. En une
semaine, 250 immigrés sont entrés sur le territoire espagnol, rapporte le quotidien El Mundo. Ce jeudi, 700 autres
tentaient leur chance, selon El Pais.
D'après un bilan au 6 août de l'Organisation internationale
pour les migrations (OIM), 8183 migrants ont débarqué en Espagne depuis le
début de l'année. C'est plus du triple qu'à la même période de 2016 - quelque
2500 - et plus que le total d'arrivées sur toute l'année dernière, a déclaré à
l'Agence France-Presse Joel Millman, porte-parole de l'OIM. Ces chiffres
restent loin de ceux de l'Italie - avec plus de 96.400 migrants qui ont débarqué
depuis le début de l'année par la mer - mais l'Espagne est en voie de rattraper
la Grèce où 11.713 personnes sont arrivées par la mer sur la même période.
Éviter la Libye
«L'Espagne pourrait dépasser la Grèce cette année. Ce serait
un grand changement», a déclaré Joel Millman. Les migrants, pour beaucoup venus
d'Afrique de l'Ouest, semblent vouloir éviter la Libye, livrée aux milices.
«Nous supposons que la route qui longe la côte pour remonter vers le Maroc est
considérée comme plus sûre», a ajouté le porte-parole. La traversée reste toutefois
meurtrière. Depuis le début de l'année, 120 migrants sont morts en tentant de
rejoindre l'Espagne, contre 128 pour l'ensemble de 2016, selon l'OIM.
Mais quelle différence avec la Libye? Les tactiques des
passeurs sont différentes: en Libye, ils embarquent leurs «clients» à 100 ou
150 par embarcation. «Ils semblent délibérément surcharger les bateaux, qui
prennent l'eau tout de suite, et les passagers doivent s'efforcer d'obtenir de
l'aide au plus vite», explique Joel Millman. En revanche pour traverser les
quelque 18 kilomètres du détroit de Gibraltar, «la tactique est d'employer de
plus petits bateaux dans l'espoir de déjouer la surveillance, et évidemment
certains y parviennent.»
Pour faire face à ce nouvel afflux de migrants, la Croix
Rouge espagnole a renforcé le nombre de volontaires dans les principaux ports
d'Andalousie où ils sont débarqués, ainsi qu'à Ceuta, indique Inigo Vila, le
responsable des urgences de l'organisation. «Certains arrivent à bout de
forces, parfois ils se sont perdus, ou ont perdu le moteur de l'embarcation,
sont restés sans eau ni nourriture... Parfois ils sont brûlés par le soleil ou
le carburant», dit-il. «90% d'entre eux sont des hommes de 18 à 40 ans
originaires d'Afrique subsaharienne.» «On est toujours surpris de voir arriver
des femmes enceintes ou des enfants - même s'il n'y en a pas beaucoup -
risquant leur peau pour une vie meilleure.»
Lundi, 187 migrants ont forcé le poste frontière de Ceuta en
passant au sprint sous le nez des policiers débordés. Au point que Ceuta a
décidé de fermer un poste frontière pendant une semaine pour réaffecter au
contrôle de la clôture les agents qui contrôlent le transit des marchandises.
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Libye
Migrants : plusieurs ONG rejettent un «code de conduite» (31.07.2017)
- Par Le
Figaro.fr avec AFP
- Mis
à jour le 31/07/2017 à 20:38
- Publié le 31/07/2017 à 20:35
Au moins deux ONG internationales, dont Médecins sans
frontières, engagées dans le secours des migrants au large de la Libye ont
refusé de signer un "code de conduite" après une ultime négociation
aujourd'hui avec le gouvernement italien.
"Les règles maritimes sont une chose centrale, nous
n'avons pas de garanties suffisantes sur le port d'armes à bord de nos navires
par des policiers italiens", a expliqué à l'AFP Tommaso Fabbri, chef de
mission de MSF en Italie, à l'issue de la réunion. L'organisation n'a pas
signé, à l'instar de l'ONG "Jugend Rettet".
Le code de conduite vise notamment à interdire aux ONG de
s'approcher des eaux libyennes et de communiquer avec les passeurs, y compris
via toute forme de signaux lumineux. Il exige aussi la présence d'un policier à
bord.
Début juillet, les ministres de l'Intérieur de l'Union
européenne, réunis à Tallinn, avaient salué l'initiative italienne d'un
"code de conduite" des ONG qui se lancent dans des missions de
sauvetage, une activité qui doit être réalisée "dans un cadre de règles
auxquelles il faudra adhérer", avait souligné la présidence estonienne.
"Nous sommes des médecins, pas des policiers", a
insisté aujourd'hui Tommaso Fabbri, en se rangeant derrière le droit maritime
international. "Nous continuerons les opérations de secours sans rien
changer, mais nous serons ouverts au contrôles". "Nous ne
signerions qu'à condition que les nouvelles règles rendent notre travail plus
efficace et augmentent la sécurité de nos bénévoles", a commenté un porte-parole
de "Jugend Rettet".
Le ministère italien de l'Intérieur a expliqué dans un
communiqué que seule l'adhésion au code de conduite permettrait de faire partie
d'un système institutionnel de sauvetage en mer. De fait, les non-signataires
en sont "écartés".
Trois ONG, "Save the children", "Moas"
et "Proactiva Open Arms", ont annoncé de leur côté leur adhésion.
Dans un communiqué, le directeur général de "Save the Children"
Valerio Neri a notamment souligné que sa décision de signer était guidée par
"la volonté de garantir une continuité aux opérations" avec
transparence.
Le ministère de l'Intérieur n'a pas précisé la position
d'autres ONG qui n'ont pas participé à la réunion.
» Lire aussi - L'Italie exaspérée par l'afflux de migrants
Depuis 2015, jusqu'à une douzaine de navires humanitaires
privés patrouillent au large de la Libye. Selon les gardes-côtes italiens, ils
ont réalisé 26% des opérations de secours en 2016 et 35% cette année, aux côtés
de navires italiens, européens et commerciaux.
Profitant de leur présence au plus près des eaux libyennes,
les passeurs ont commencé l'année dernière à envoyer des embarcations toujours
plus fragiles et surchargées sans même plus se préoccuper de fournir aux
migrants de l'eau, du carburant ou un téléphone satellitaire pour les appels de
détresse.
Migrants : l'Italie lance une opération maritime en accord avec Tripoli (27.07.2017)
Par Richard
Heuzé
Mis à jour le 27/07/2017 à 19h37 | Publié le 27/07/2017 à 19h33
À l'heure où les pays européens, dont l'Italie, peinent à
adopter une stratégie commune pour enrayer les flux de migrants qui traversent
la Méditerranée, la France souhaite créer des centres d'examen des demandes
d'asile dès cet été en Libye.
À Rome
Le secrétaire d'État italien aux Affaires européennes,
Sandro Gozi, considère avec bienveillance l'idée
d'Emmanuel Macron d'implanter des
«hot spots» sur le sol libyen. Il estime que «les initiatives de la
France vont sans doute dans la bonne direction». Après l'avoir vertement
critiqué, il juge désormais que «le sommet de Paris» entre les frères ennemis
libyens «a été un pas très positif. Nous devons nous associer», explique-t-il
au Figaro. «Plus nous travaillons ensemble, mieux c'est. Nous
sommes intéressés par tout ce qui peut renforcer l'action des autorités
libyennes pour le contrôle du territoire», dit-il, ajoutant: «Il est clair
qu'on doit aussi renforcer le travail sur le retour et la reconnaissance du
droit d'asile à ceux qui en ont besoin.»
Patrouilles coordonnées
Concédant
que le défi migratoire «ne
peut être résolu avec une seule initiative», le ministre rappelle toutefois
que son
pays a son «propre
agenda» et
ses propres priorités. Une armada italienne est ainsi prête à appareiller
pour aider les autorités libyennes à mieux contrôler leurs eaux territoriales.
L'accord est intervenu mercredi à Rome au Palais Chigi lors d'entretiens entre
le président du Conseil italien, Paolo Gentiloni, et le chef du Gouvernement
d'union nationale de Tripoli (GNA), Fayez al-Sarraj. Paolo Gentiloni a annoncé
jeudi que le Sénat serait saisi mardi prochain des plans opérationnels de
l'opération. «Je suis sûr que le vote de notre Parlement pourra être positif»,
a-t-il ajouté.
Dans une lettre, le chef du GNA de Tripoli a demandé le
soutien d'unités navales italiennes pour assister les gardes-côtes libyens
Dans une lettre, le chef du GNA de Tripoli a demandé le
soutien d'unités navales italiennes pour assister les gardes-côtes libyens dans
leurs eaux territoriales et les aider à lutter
contre les trafiquants de migrants. Selon le Corriere della Sera,
l'Italie engagerait dans l'opération un important navire de commandement qui
pourrait être une unité amphibie multi-rôles comme le San Marco ou
le San Giorgio. Ainsi que cinq unités navales plus petites et plus
mobiles. Les patrouilles auraient lieu en complète coordination avec les
gardes-côtes libyens, dont la plupart ont été formés par l'Italie. Quelque 500
à 1000 militaires italiens pourraient participer à l'opération. Une partie
serait déployée à terre. Des avions, des hélicoptères et des drones seraient
mobilisés. Cette intervention reprendrait le modèle de la «mission Alba» qui
était parvenue à endiguer en 1997 l'afflux d'Albanais vers les Pouilles.
«Un saut qualificatif»
Le recours à la force devrait être exclu, leur rôle étant
une mission d'assistance et de signalisation des passages de migrants. Il n'est
pas impossible cependant que ces troupes soient appelées à sécuriser les
bureaux des organisations internationales - HCR et OIM (Organisation
internationale pour les migrations) - appelées à procéder à une première
identification des migrants. Nombre de migrants en Libye sont internés dans des
camps ressemblant à de véritables prisons. Depuis le début de l'année, plus de
90.000 ont débarqué en Italie. Leur afflux pose des problèmes de logistique
considérables au gouvernement de Rome. Informé par téléphone de l'opération
navale italienne en Libye, Jean-Claude Juncker a déclaré que la Commission
européenne était prête à concéder des ressources financières supplémentaires
pour faire front au problème de l'afflux des migrants en Italie.
Selon le ministre Sandro Gozi, cet accord représente «un
saut qualificatif très important pour donner de l'efficacité aux gardes-côtes
libyens. Une
stabilisation de la Libye est essentielle pour permettre aux autorités de ce
pays de contrôler leur territoire. La Commission européenne a débloqué un
budget de 90 millions d'euros pour créer des centres de séjour pour
migrants en Libye sous l'égide de l'OIM et du HCR. Il s'agit d'identifier ceux
qui ont droit à l'asile politique en Europe, de préparer le rapatriement des
autres et de veiller au respect des droits de l'homme».
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Mis à jour le 26/07/2017 à 18h54 | Publié le 26/07/2017 à 18h40
L'avocat général de la Cour de
justice de l'UE propose de rejeter le recours contre les «relocalisations» de
la Hongrie et de la Slovaquie.
La
Hongrie et la Slovaquie, toujours vent debout contre un partage des
réfugiés à l'échelon européen, sont tout près de perdre une longue bataille
juridique: l'avocat général de la Cour de justice de l'UE propose de rejeter
leurs recours contre les «relocalisations», des quotas d'urgence introduits au
plus fort d'exode syrien, il y a deux ans.
L'avis repousse point par
point les arguments posés par Budapest et Bratislava
L'avis, généralement suivi par la
CJUE à l'heure de l'arrêt final, repousse point par point les arguments posés
par Budapest et Bratislava. Le magistrat précise que le plan européen, adopté à
la majorité des États membres en septembre 2015, ne nécessitait ni l'unanimité
des Vingt-Huit ni l'aval ultérieur de parlements nationaux. Yves Bot ajoute:
«la décision attaquée contribue de façon automatique à alléger la pression
considérable qui s'est exercée sur les régimes d'asile grecs et italiens à la
suite de la crise migratoire de l'été 2015 (…) Elle est ainsi apte à réaliser
l'objectif qu'elle poursuit.»
Le système de quotas, d'une durée
de deux ans, cherchait à soulager l'Italie et surtout la Grèce, alors submergée
par des centaines de milliers d'arrivées à travers la mer Égée. La Hongrie et
la Slovaquie avaient voté contre, invoquant un impératif de sécurité nationale
face au terrorisme, en compagnie de la Roumanie et de la République tchèque
voisines. La Pologne s'est jointe plus tard au chœur des récalcitrants, avec
l'arrivée au pouvoir du PiS de Jaroslaw
Kaczynski.
Procédure d'infraction
La Commission Juncker a
engagé en juin une procédure d'infraction contre Budapest, Prague et
Varsovie devant leur refus persistant d'accueillir des réfugiés au titre de la
règle de septembre 2015. Cette seconde procédure peut conduire à des sanctions
financières et remonter, elle aussi, jusqu'à la Cour de Luxembourg. Mais elle
va prendre des mois, sinon des années.
Le plan de «relocalisations»
devait manifester la solidarité européenne
Le plan de «relocalisations»
devait manifester la solidarité européenne. Il s'est imposé comme le révélateur
des déchirements européens dans la crise migratoire. La controverse a perdu de
son acuité: ce n'est plus en Grèce que bouillonne désormais la crise
migratoire, mais en Libye sous le poids de migrants africains qui ne peuvent
prétendre au statut de réfugié, au contraire des Syriens.
S'il est validé par la CJUE
(peut-être dès la rentrée), le partage du fardeau s'impose en pratique comme un
échec, tout près de son extinction prévue. Politiquement, il empoisonne la
réforme du droit européen de l'asile, en panne depuis des années. Pour finir,
l'Europe centrale a peut-être eu tort de se braquer, mais elle n'est qu'en
partie responsable de la faillite des quotas. En 2015, l'équipe Juncker
attendait 160.000 «relocalisations» sur deux ans. Au dernier décompte, un peu
plus de 24.000 demandeurs d'asile ont pu quitter l'Italie et la Grèce grâce au
plan européen. L'inertie de grands pays comme la France, l'Espagne ou les
Pays-Bas expliquent tout autant l'insuccès, sinon plus.
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Par Maryline
Dumas
Mis à jour le 24/07/2017 à 19h10 |
Publié le 24/07/2017 à 18h57
Plusieurs ministres de
l'Intérieur européens, réunis lundi à Tunis avec des représentants du Maghreb
et du Sahel, ont cherché, pour l'instant sans grand résultat, les meilleures
coopérations concrètes à opposer aux trafics d'êtres humains en Méditerranée.
Tunis
Ils veulent collaborer mais
peinent à imposer des mesures concrètes: les ministres et hauts responsables
d'une quinzaine de pays et d'organisations internationales se sont réunis ce
lundi à Tunis pour parler migration. Après la rencontre de mars à Rome, cette
seconde réunion ministérielle du groupe de contact sur la route migratoire en
Méditerranée s'est élargie aux pays africains d'où sont originaires une grande
partie des 111.514 migrantsarrivés
par la mer depuis le début de l'année, selon l'OIM.
Africains et Européens sont
convenus de l'importance du développement économique des zones de départ, en
Afrique subsaharienne. La déclaration finale indique la nécessité de promouvoir
«les initiatives permettant les opportunités d'emploi au niveau local». Pourtant,
la France a déjà annoncé une coupe de 141 millions d'euros dans l'aide au
développement. «Nous sommes dans une situation difficile cette année. J'espère
que, dans les prochaines années, le cap d'aide au développement repartira. La
coopération décentralisée de nos villes françaises peut faire beaucoup pour ces
pays car elle est plus adaptée et plus ancrée dans le territoire», argumente
Gérard Collomb, ministre de l'Intérieur français, évoquant le cas de sa ville
de Lyon.
L'ensemble des participants a également
souligné l'importance de stabiliser la Libye, pays de transit représentant
95 % des départs de l'Afrique vers
l'Europe. La rencontre, qui doit avoir lieu ce mardi à Paris, entre le
premier ministre libyen Fayez al-Serraj et le chef de l'armée du gouvernement
rival, Khalifa Haftar, a d'ailleurs été saluée. Gérard Collomb, qui s'est
entretenu en privé avec son homologue libyen, a assuré: «Le président le redira
mardi mais nous sommes prêts à accroître notre coopération en matière
économique et sécuritaire.»
Pays de transit
Emily Haber, secrétaire d'État
allemande, a quant à elle évoqué «l'installation de centres de migration» en
Libye où pourraient être renvoyés les migrants arrêtés en mer. Ces camps, gérés
par le Haut-commissariat aux réfugiés et l'Organisation internationale pour les
migrations, permettraient de couper l'herbe sous le pied des trafiquants en limitant
l'arrivée en Europe, devenue automatique après chaque sauvetage en mer. Le
retour des migrants dans un pays de transit du Maghreb, qu'il s'agisse de la
Libye ou d'un autre pays, fait pourtant débat. En Libye, les conditions de vie
dans les camps de migrants sont actuellement jugées inhumaines par bon nombre
d'observateurs. En début d'année, différents responsables allemands avaient
évoqué la possibilité de renvoyer les migrants, en Tunisie cette fois. Une idée
qui avait scandalisé la population de la jeune démocratie, fragilisée
économiquement. En visite à Tunis en mars, Angela Merkel avait rejeté cette
idée.
Satisfait de l'accord avec la
Turquie qui a permis de considérablement diminuer le flux migratoire, Gérard
Collomb balaie une convention semblable au Maghreb: «Cela ne peut se faire
qu'avec la Libye et il faudrait que ce pays soit stabilisé avant toute chose».
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Le Danemark légifère contre les Roms (21.07.2017)
«Nous voyons des bandes de Roms, des étrangers qui campent
dans nos rues et ruelles, mendient agressivement. Nous ne voulons pas accepter
cela. Nos villes doivent être un lieu sûr pour tous», martèle le premier
ministre danois, Lars Loekke Rasmussen. - Crédits photo : UFFE WENG/AFP
International | Par Slim
Allagui
Mis à jour le 21/07/2017 à 17h49
Adoptée en urgence en juin dernier, une loi contre la
mendicité visant les gens du voyage qui affluent en nombre vers Copenhague,
peut désormais valoir deux semaines de prison ferme aux contrevenants.
Face à l'afflux de mendiants des pays de l'Est, notamment de
Roumanie, le parlement danois a voté à une large majorité une loi expresse,
mi-juin, qui punit la mendicité de deux semaines de prison ferme. Quitte à
lézarder sa réputation de générosité et de tolérance, le royaume scandinave
devient ainsi le premier pays nordique, et peut-être européen, à être allé
aussi loin dans sa lutte contre les Roms qui font la manche dans les rues.
Le maire social-démocrate de Copenhague, Frank Jensen, a
tiré le premier la sonnette d'alarme fin mai, exhortant le chef du
gouvernement, Lars Loekke Rasmussen, «à agir maintenant» pour résoudre «les
problèmes massifs d'insécurité et d'hygiène créés par les Roms».
Appel entendu. «Ce dont nous sommes témoins est intolérable
et n'appartient en aucun cas à la société danoise. Nous voyons des bandes de
Roms, des étrangers qui campent dans nos rues et ruelles, mendient
agressivement. Nous ne voulons pas accepter cela. Nos villes doivent être un
lieu sûr pour tous», a martelé le premier ministre libéral, avant l'adoption de
la loi au Parlement destinée à freiner l'arrivée de «bandes de Roms qui
constituent un grave problème qui préoccupe beaucoup de Danois».
«Le Danemark ne peut pas être un bureau d'aide sociale de
l'UE»
Soeren Pape, ministre danois de la Justice
En doublant la peine encourue (elle était de 7 jours avec
sursis après des mises en garde), dans son projet de loi, le ministre de la
Justice, Soeren Pape, «espère, dit-il, toucher ces nombreux criminels étrangers
qui mendient et volent dans les rues de Copenhague afin qu'ils repartent de
nouveau chez eux. Le Danemark ne
peut pas être un bureau d'aide sociale de l'UE».
Il avait déjà fait adopter au printemps une loi contre les
campements sauvages des Roms dans les parcs de la capitale, dont près de trente
ont été démantelés et leurs occupants condamnés à des amendes de
1000 couronnes (135 euros) par personne.
Le bourgmestre de la capitale veut aller plus loin pour sécuriser
sa ville et éradiquer la mendicité, demandant au gouvernement de militer au
sein de l'UE pour changer la directive de séjour des ressortissants européens
dans les États membres.
«La libre circulation des personnes n'est pas pensée pour
qu'un nombre croissant de citoyens européens vivent une vie misérable, mendiant
et ramassant des bouteilles consignées dans la rue des États qu'ils visitent»,
affirme-t-il.
Réseaux organisés
Mais ce tour de vis, s'il est approuvé par une bonne partie
de la population excédée par la présence massive des mendiants, est dénoncé par
les partis d'extrême gauche et les radicaux, car jugé «inhumain et grotesque et
touchant aussi les SDF danois», selon Rune Lund, député de La Liste de l'Unité
(ex-communistes).
Cependant, les mendiants interpellés doivent être déférés
devant les tribunaux pour y être condamnés. Premier inculpé, un mendiant
suédois d'origine polonaise, a vu son procès ajourné au 26 septembre après
examen psychiatrique.
Et deux Roumains arrêtés comparaîtront le 30 août
seulement en raison de l'activité ralentie de l'appareil judiciaire, en
vacances l'été. Néanmoins, la crainte d'aller en prison a raréfié le nombre des
mendiants dans les rues, qui ont rejoint les autres pays nordiques (Suède et
Norvège, notamment) où la mendicité n'est pas interdite. Cette bienveillance
n'interdit pas des débats et des réactions agressives d'une frange de la
population. Comme à Bergen, deuxième ville de la Norvège, située à l'ouest du
pays, où un reportage en caméra cachée diffusé en avril a montré des réseaux
organisés de mendicité, de prostitution et de drogue dans la communauté Rom. Et
les expéditions punitives de citoyens contre ces mendiants, qui ont déserté les
rues de Bergen, à la recherche de lieux plus accueillants.
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L'Autriche demande à l'Italie de garder les migrants sur ses îles (20.07.2017)
Par Le Figaro.fr avec AFPMis à jour le 20/07/2017 à 21:50
Publié le 20/07/2017 à 21:46
Le ministre autrichien des Affaires étrangères Sebastian
Kurz a appelé aujourd'hui l'Italie, soumise à d'importants flux migratoires, à
ne plus transférer sur le continent les migrants débarquant sur ses îles pour
ne pas favoriser le trafic d'êtres humains.
"Nous espérons que soit mis fin au transfert régulier
des migrants illégaux entre les îles italiennes comme Lampedusa et le continent
italien", a déclaré le ministre à l'issue d'un entretien à Vienne avec son
homologue Angelino Alfano auquel il a dit avoir transmis ce message.
Permettre à ces demandeurs d'asile, en leur faisant quitter
leurs ports d'arrivée, "de poursuivre leur route vers le Nord, n'a pas
uniquement pour conséquence de mettre sous pression l'Europe centrale, mais
aussi d'inciter de nouveaux migrants au départ, de faire gagner plus d'argent
aux trafiquants et d'augmenter le nombre de naufrages", a ajouté M. Kurz
qui s'exprimait devant des journalistes.
"Les missions de secours en mer de migrants ne doivent
plus être considérées comme un ticket pour l'Europe centrale", a ajouté le
ministre conservateur qui s'était distingué en 2015 par son opposition à la
politique d'ouverture temporaire des frontières encouragée par la chancelière
allemande Angela Merkel.
M. Kurz, 30 ans, qui briguera la chancellerie à l'occasion
des législatives autrichiennes en octobre, a multiplié ces derniers mois les
appels à "fermer la route migratoire méditerranéenne" à destination
de l'Europe en ramenant les migrants à leur point de départ en Libye plutôt
qu'en les débarquant en Italie.
Le ministre autrichien avait été l'un des instigateurs de la
fermeture de la route migratoire des Balkans début 2016 alors que son pays
s'était retrouvé, comme l'Allemagne, parmi les principales destinations
d'accueil des demandeurs d'asile.
Avec son collègue de l'Intérieur, il a prévenu début juillet
que l'Autriche était prête à mettre en place des contrôles renforcés, voire à
fermer sa frontière sud avec l'Italie si la pression migratoire, stable à ce
jour, augmentait, ce qui avait provoqué une vive colère de Rome qui dénonce
régulièrement le manque de solidarité européenne sur l'accueil des migrants.
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Grèce: les réfugiés mineurs toujours mal pris en charge (20.07.2017)
Mis à jour le 20/07/2017 à 14:56
La Grèce ne prend pas assez bien en charge les réfugiés
mineurs non accompagnés, a affirmé aujourd'hui l'ONG Human Rights Watch, citant
notamment le camp de Lesbos où la police est par ailleurs intervenue assez
violemment mardi.
"Des migrants mineurs non accompagnés sont identifiés
en tant qu'adultes et cela provoque de vrais problèmes, comme les mettre
ensemble avec des adultes qui n'ont aucun lien avec eux, ou ne pas leur donner
les soins qu'ils nécessitent", a indiqué HRW dans un communiqué.
Pour HRW, "les autorités grecques doivent faire en
sorte d'identifier correctement ces enfants non accompagnés, et leur apporter
la protection et le soin dont chaque enfant a besoin".
Ainsi, HRW a découvert 20 adolescents enregistrés comme
adultes dans le camp de Moria à Lesbos, une île de la mer Egée. Les incidents y
sont récurrents entre réfugiés excédés d'attendre le résultat de leur demande
d'asile et anxieux d'être ramenés en Turquie si cet asile leur est refusé.
Mardi, la police est intervenue de manière très virulente,
selon des images tournées par l'AFP. Une trentaine de personnes, notamment des
Africains, ont été arrêtées et seront jugées vendredi, pour destructions
graves, rébellion et violence contre la police.
En mars, le ministre des Migrations Yiannis Mouzalas avait
dénoncé "l'hypocrisie majeure" de l'Europe vis-à-vis de la Grèce au
sujet des mineurs non accompagnés, se plaignant alors que les autres pays de
l'UE n'aient accepté de relocaliser que 650 des quelque 2200 mineurs non
accompagnés recensés dans le pays.
Par ailleurs, certains adolescents non accompagnés font en
sorte d'être pris pour des adultes afin d'être plus libres de leurs mouvements,
souligne régulièrement la presse grecque.
Le mois dernier, le haut commissaire de l'ONU aux réfugiés
Filippo Grandi avait jugé "décevante" l'avancée du programme de
relocalisation des réfugiés mis en place en septembre 2015 pour tenter de
soulager la Grèce et l'Italie.
Alors que le plan prévoyait initialement 160.000
relocalisations, ils n'étaient partis de Grèce au 13 juillet que 16.477
personnes, et d'Italie 7.615 personnes, selon les statistiques publiées par la
Commission européenne.
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Immigration: L'UE prête à des ajustements (Blair) (15.07.2017)
Par Le Figaro.fr avec AFPMis à jour le 15/07/2017 à 14:23 Publié le 15/07/2017 à 12:41
Les responsables de l'Union européenne (UE) accepteraient un durcissement des règles d'immigration pour aller dans le sens du Royaume-Uni afin de garder le pays dans le bloc européen, a affirmé samedi l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair. "Les responsables européens, d'après les discussions que j'ai eues, sont prêts à envisager des changements pour aller dans le sens du Royaume-Uni, y compris sur la liberté de circulation. Pourtant, cette option est exclue", a regretté l'ancien Premier ministre dans un article pour son cercle de réflexion Institute for Global Change.
La liberté de circulation au sein de l'UE et de ce fait l'impossibilité pour le Royaume-Uni de contrôler son immigration ont été l'une des raisons centrales du vote des Britanniques en faveur d'une sortie de l'UE lors du référendum du 23 juin 2016. David Cameron avait obtenu en février 2016, quatre mois avant le référendum, un renforcement du "statut spécial" du Royaume-Uni dans l'UE avec notamment un "frein d'urgence" sur certaines aides sociales versées aux migrants européens pendant sept ans mais ces réformes avaient été jugées insuffisantes par l'électorat pro-Brexit.
Tony Blair avance que l'élection du président français Emmanuel Macron a changé la dynamique européenne. "L'examen rationnel des options inclurait judicieusement celle de négocier avec le Royaume-Uni son maintien au sein d'une Europe prête à se réformer et faire la moitié du chemin vers nous", a écrit l'ancien Premier ministre. "Les réformes sont désormais au programme de l'Europe", a-t-il jugé.
Crise migratoire : le dessous des cartes par Elise Vincent (14.07.2017)
Mis à jour le 14/07/2017 à 16:52
Crédits photo : PASCAL ROSSIGNOL/REUTERS
FIGAROVOX/ENTRETIEN - Elise Vincent, auteur de «La Vague»,
livre enquête sur la question des migrants, revient pour le FigaroVox sur trois
ans de crise migratoire. Elle décrit l'envers du décor de cet évènement
historique, la logique de l'État et ses rouages.
Élise Vincent est journaliste au Monde depuis plus de dix
ans. Elle a couvert les questions d'immigration à partir de 2010, avant de
rejoindre le pôle police-justice en janvier 2015. Son livre, La Vague, la
France face à la crise migratoire (2014-2017) vient de paraître aux éditions
Des Equateurs.
Quelques 2 800 migrants ont été évacués, il y a tout juste
une semaine, de la porte de la Chapelle, puis mis à l'abri dans des gymnases.
Le gouvernement a annoncé dans la foulée, mercredi 12 juillet, un vaste plan
pour tenter de répondre à la problématique de l'asile et des flux migratoires.
Comment en est-on arrivé là?
Si on parle des migrants de La Chapelle, les raisons sont
multiples. Mais la principale, c'est que le campement humanitaire qui a ouvert
ses portes à Paris, en novembre 2016, a atteint ses limites capacitaires. Il
était prévu pour un flux de 50 à 80 arrivées par jour. Or rapidement, les 100
arrivées quotidiennes ont été dépassées. Avec la recrudescence saisonnière des
tentatives de traversée de la Méditerranée - la mer étant plus calme à partir
du printemps - la situation n'a fait que s'aggraver. Sous le quinquennat de
François Hollande, des pas importants ont été faits en matière d'accueil des
migrants. Le nombre de places d'hébergement a été multiplié par quatre. La
création des centres d'accueil et d'orientation (CAO) aussi, partout sur le
territoire, a été une petite révolution en soi dans la gestion des flux, même
si les conditions d'hébergement sont rustiques. Tous les acteurs concernés
savaient néanmoins que ce système allait vite toucher ses limites.
Peut-on dire que Paris s'est transformé en «Calais
périphérique»?
Oui et non. Le démantèlement de la «jungle» de Calais en
novembre 2016 et le verrouillage des voies de passages clandestines sur le
littoral de la Manche par le renforcement des contrôles ont mécaniquement
engendré un effet de report sur Paris. Mais le phénomène nouveau qui a pris des
proportions inégalées jusqu'à présent, c'est le nombre de personnes relevant du
règlement «Dublin» parmi les migrants. C'est-à-dire des migrants qui ne peuvent
pas, en principe, demander l'asile en France, et sont censés retourner dans le
premier pays d'Europe qu'ils ont traversé pour que leur demande soit examinée.
Plus de 70 % des personnes mises à l'abri lors de la dernière évacuation le 7
juillet étaient dans ce cas. Une partie d'entre elles étaient des «déboutés» du
droit d'asile venus d'Allemagne. D'autres simplement des migrants dont les
empreintes digitales ont été prises à leur arrivée par la mer, généralement en
Grèce ou en Italie. La mise en place des «hotspots» dans ces deux pays à partir
de février 2016 a accéléré ce phénomène. La prise d'empreintes y est désormais
quasi systématique, alors qu'avant, beaucoup de migrants passaient entre les
mailles du filet. La difficulté, c'est que la Grèce et surtout l'Italie -
devenue la principale voie d'entrée en Europe depuis l'accord euro-turc de mars
2016 - sont objectivement dans l'incapacité de gérer toutes ces demandes. La
loi permet bien, au cas par cas, de ne pas appliquer le règlement «Dublin», et
donc d'octroyer l'asile ou un titre de séjour à certains migrants. Cela a été
fait à plusieurs reprises ces dernières années, notamment lors du démantèlement
de la jungle de Calais. Mais aujourd'hui on est au bout d'un système. Les gens
tournent en rond.
Nicolas Sarkozy était très abrasif dans ses prises de
positions. Mais d'un point de vue strictement comptable, Hollande a mené une
politique plus « dure » que lui en matière d'expulsions.
Comment l'Etat peut-il maîtriser ce genre de situation?
Comment expliquez-vous son impuissance apparente?
Le plan présenté par le gouvernement prend le parti d'une
ligne très dure envers les «déboutés» du droit d'asile. Il prévoit notamment la
création de «pôles spécialisés» en région pour les migrants relevant de
«Dublin», avec le développement de l'assignation à résidence. Apparaît aussi en
filigrane, l'envie d'une diplomatie très offensive afin d'obtenir plus
d'efficacité dans les accords de «réadmission» ou les éloignements vers des
pays tiers. Mais rien ne dit que ces initiatives fonctionneront. Le droit des étrangers
est très encadré. Par ailleurs l'un des principaux freins aux expulsions c'est
le défaut de «laissez-passer» consulaires. C'est-à-dire un document au moyen
duquel un pays reconnaît son ressortissant et accepte de le reprendre sur son
sol. Or de plus en plus de pays s'y refusent. Le monde change, les rapports de
forces s'inversent.
Ceci étant, il faut aussi comprendre que l'exécutif organise
parfois lui-même sa propre impuissance. Comme je le montre dans le livre, choix
a toujours été fait, ces dernières années, de ne jamais trop anticiper les
arrivées migratoires. Et ce, par crainte de «l'appel d'air». Le système a donc
toujours été sous-dimensionné ou organisé a minima. Et ce, sous la droite comme
sous la gauche. Dans les milieux policiers ou préfectoraux, on considère que
cela fait partie des «signaux» nécessaires à envoyer aux filières d'immigration
pour dissuader les départs et que la situation serait pire s'il n'y avait pas
cette fermeté.
Dans votre livre «La Vague», vous racontez trois ans de crise
migratoire «vu de l'intérieur». Qu'est-ce qui vous a le plus marqué?
Le moteur de cette enquête était de comprendre comment un
exécutif et ses principaux responsables politiques, avaient géré, en interne,
au sein des cabinets ministériels, dans les préfectures, la hiérarchie
policière, ce tournant de l'histoire migratoire récente. La France n'a été
paradoxalement touchée que par ricochet en termes de nombre d'arrivées. Dans
des proportions bien moindres que l'Allemagne ou les pays frontaliers de la Syrie
(Liban, Jordanie, Turquie). Mais très vite, il a été visible que ce que l'on a
appelé la «crise migratoire» prenait l'appareil d'Etat par surprise, et c'est
ce «choc» intérieur, cette obligation de bouger les lignes malgré l'inertie du
paquebot Etat et de son administration qui m'a intéressée. On s'était beaucoup
penché jusque-là sur le sort des migrants, mais on avait peu prêté attention à
ceux qui étaient aux manettes. L'enquête n'a pas toujours été simple, le sujet
étant très sensible. Mais je pense avoir réussi à retracer avec précision ce
qui s'est joué, avec le parti pris de raconter ces trois ans sous la forme d'un
récit chronologique très séquencé.
Certains accusent justement la gauche de gouvernement
d'avoir failli durant cette période. D'autres au contraire, d'avoir renié ses
valeurs? Qu'en pensez-vous?
Je ne pense pas que le mot «failli» soit approprié. On
analyse trop souvent l'efficacité politique à l'aune des discours. Nicolas
Sarkozy en particulier, était très abrasif dans ses prises de positions. Mais
d'un point de vue strictement comptable, François Hollande a mené par exemple
une politique plus «dure» que lui en matière d'expulsions. Elles ont augmenté
sous son quinquennat, je le montre dans le livre. Sur le plan des «valeurs»,
c'est une affaire de conviction, mais il est évident que la gauche de
gouvernement a adopté une ligne bien plus pragmatique que ce que pouvait
laisser entrevoir le parti socialiste lorsqu'il était dans l'opposition.
C'est un défi de civilisation parce qu'une civilisation
digne de ce nom ne peut pas se résoudre à fermer les yeux sur autant de morts
en mer ou de misère sur ses trottoirs.
Le Front national a fait campagne sur les questions des
frontières. Est-ce absurde d'imaginer leur retour?
C'est absurde dans le sens où elles n'ont jamais disparu.
C'est une idée reçue. L'espace Schengen, contrairement à ce que dit le FN, n'a
pas gommé les frontières. Même les experts de la police aux frontières (PAF)
que j'ai pu rencontrer - peu suspects de laxisme - le disent… Les contrôles
aléatoires aux points frontaliers depuis 1985 ont bien plus d'efficacité que
les ancienne gardes statiques. Ils sont plus durs à contourner, plus
imprévisibles. Une situation tellement vraie, qu'à l'exception des points clés
de Vintimille et de Calais, le nouvel enjeu pour la PAF depuis avril 2016,
c'est le maillage de l'intérieur du territoire plutôt que la concentration des
moyens uniquement sur les lignes extérieures.
La question du «retour» des frontières se pose plus pour les
limites extérieures de l'Europe. On a construit l'Europe sans s'en soucier
vraiment, car tels n'étaient pas les enjeux à l'époque. Il est néanmoins vain
d'espérer maîtriser un jour entièrement 42 000 km de côtes maritimes et plus de
7 500 km de frontières terrestres. Plusieurs «murs» ont déjà été construits à
différents points, avec les drames qu'on connaît, sans succès. Même si le sort
de la Libye était réglé et les morts en Méditerranée évités, l'histoire
migratoire actuelle, telle qu'elle est en train de s'écrire, oblige à penser la
frontière de façon beaucoup moins binaire. La politique de «dissuasion» qui se
dessine en creux du plan présenté par le premier ministre Edouard Philippe
relève de cette analyse. Il n'est toutefois pas le premier à tenter cette
approche.
Quelle est la responsabilité de l'Europe dans cette crise
migratoire?
Une grande partie du sujet migratoire échappe à l'Europe en
réalité. Ce n'est pas elle qui est à l'origine des conflits partout dans le
monde - même si on peut critiquer l'interventionnisme de certains États membres
comme la France. Ce n'est pas elle non plus qui réglera d'un claquement de
doigts, le fossé entre les taux de croissance économique du continent africain
et la maturité politique de ses États. La faute de l'Europe tient plutôt aux failles
de son processus de décision. Bien trop lent face aux drames - même si des
efforts ont été faits - et très imprégné par des principes de «realpolitik»
comme je le raconte dans ce livre pour lequel j'ai aussi rencontré un certain
nombre d'acteurs européens. On le voit avec le mécanisme de relocalisation des
migrants. Deux ans après l'idée initiale de le lancer, il ne fonctionne
toujours pas, ou si peu.
Vous insistez, dans votre livre, sur la frilosité des
responsables politiques vis-à-vis de l'opinion publique. Comprenez-vous
cependant l'angoisse des classes populaires concernant les conséquences de
l'arrivée des migrants?
Ce livre ne veut donner de leçons de morale à personne.
C'est même une contrainte d'écriture très forte que je me suis imposée. L'idée
est de donner à voir, à penser, chacun juge selon ses convictions. Ce que je
montre à ce titre, c'est comment la «menace» que peut ressentir une partie de
l'opinion vis-à-vis de l'immigration, est en réalité entretenue à son corps
défendant par l'Etat. Par souci de ne pas attiser les extrêmes, chaque décision
est prise dans la crainte permanente, paralysante presque, d'avouer une
relative impuissance à contrôler totalement les migrations. J'ai des exemples
de contorsions politiques presque à chaque chapitres. Le discours d'Edouard
Philippe, en ce sens, mercredi 12 juillet, malgré la dureté des annonces,
marquait un relatif changement de pied en la matière et une certaine humilité.
Vous soulignez la «percolation» entre migration et
terrorisme. Pourquoi celle-ci a-t-elle été niée? Est-il possible de l'éviter?
Elle n'est pas niée. Mais il ne faut pas confondre. La
«percolation» dont je parle est celle qui a vu, à partir de 2014-2015, un
certain nombre de djihadistes emprunter les voies de circulations européennes
(aériennes notamment) pour rejoindre la zone irako-syrienne et revenir ensuite
par la route migratoire ouverte entre la Turquie et la Grèce. Les migrants ne
sont pas des terroristes. Cette «percolation» a toutefois eu des conséquences
importantes en termes d'organisation des services de sécurité. Les failles
étaient identifiées depuis longtemps, depuis l'affaire Merah en 2012, mais les
attentats du 13 novembre ont servi de levier politique pour faire adopter un
certain nombre de mesures bloquées jusque-là. La France, au lendemain de la
tuerie du Bataclan, a par exemple obtenu le feu vert discret de la commission
européenne pour effectuer dans tous les aéroports, des contrôles d'identité
approfondis des ressortissants européens. Une disposition qui n'est
formellement entrée en vigueur au plan européen que le 7 avril dernier.
Diriez-vous au final que la France et l'Europe vont devoir
relever un défi de civilisation?
C'est un défi de civilisation parce qu'une civilisation
digne de ce nom ne peut pas se résoudre à fermer les yeux sur autant de morts
en mer ou de misère sur ses trottoirs.
La rédaction vous conseille
Pascal Bruckner: «Le vrai défi d'Emmanuel Macron, c'est le
chaos migratoire»
3500 migrants secourus en Méditerranée (12.07.2017)
Par Le Figaro.fr avec AFP
Mis à jour le 12/07/2017 à 15h02 | Publié le 12/07/2017 à 14h38
Plus de 3500 migrants secourus ces derniers jours au large de la Libye sont arrivés aujourd'hui en Italie ou ils étaient attendus dans les prochains jours, alors que Rome fait pression pour que d'autres pays ouvrent leurs ports.
Dans la matinée en Sicile, un navire des gardes-côtes italiens est arrivé à Pozzallo, au sud de l'île, avec 481 migrants à bord, tandis que le Phoenix de l'ONG maltaise Moas a commencé à débarquer 422 autres personnes à Trapani (ouest).
Dans le même temps, les navires de quatre autres ONG - Médecins sans frontières (MSF), SOS Méditerranée, Save the Children et ProActiva Open Arms - faisaient route vers la Sicile ou le sud de l'Italie avec un total de plus de 2700 personnes secourues dans la journée de mardi, selon les informations fournies par ces ONG. Ces opérations de secours ont été coordonnées par les gardes-côtes italiens.
Chacun de ces bateaux a relevé un nombre important de jeunes enfants et d'adolescents parmi les migrants secourus. Mais le plus jeune de ces passagers est un petit Camerounais prénommé Christ : sa mère a accouché mardi sur un petit bateau en bois surchargé, avant même d'être secourue.
Depuis plusieurs semaines, l'Italie multiplie les appels à l'aide, exhortant ses partenaires européens à apporter une "contribution concrète" pour tenter d'endiguer les départs et surtout de mieux répartir les migrants secourus en mer.
Le chef du gouvernement italien, Paolo Gentiloni, a prévenu la semaine dernière que la capacité d'accueil de l'Italie n'était pas "illimitée", mais il se heurte au refus de ses partenaires d'ouvrir leurs ports.
La question devait encore être au centre de discussions trilatérales cet après-midi à Trieste, en Italie, entre Gentiloni et ses homologues français et allemand, Emmanuel Macron et Angela Merkel.
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Coldplay: une chanson de soutien aux migrants (07.07.2017)
Par Le Figaro.fr avec AFPMis à jour le 07/07/2017 à 07:32 Publié le 07/07/2017 à 07:18
Le groupe de pop-rock anglais Coldplay a sorti un nouveau single dont les revenus seront destinés à soutenir les migrants qui effectuent la traversée de la Méditerranée pour rejoindre l'Europe.
"Aliens", révélée tard hier soir, avec sa vidéo, est la dernière chanson de l'album "Kaleidoscope" qui sortira prochainement.
Coldplay a indiqué que les revenus issus d'"Aliens" seront reversés au Migrant Offshore Aid Station (MOAS), une organisation privée maltaise qui intervient lors de sauvetages en Méditerranée.
La chanson a été co-écrite avec Brian Eno, connu notamment pour ses travaux aux côtés de David Bowie.
Migrants : l'UE veut accroître les contrôles au large de la Libye (06.07.2017)
Mis à jour le 06/07/2017 à 11:30
Le plan d'action discuté jeudi par les 28 ministres de l'Intérieur prévoit notamment la reprise en main des ONG de secours en mer.
Correspondant à Bruxelles
C'est la crise dont l'Italie et l'UE se seraient bien passées: les migrations explosent au sud de la Méditerranée et elles vont obscurcir l'horizon européen tout l'été. Les records de 2015 sont encore loin, pourtant Bruxelles est déjà prête à bousculer deux tabous. Il s'agit de reprendre le contrôle des ONG de secours en mer, parce que leur présence simplifierait le trafic des passeurs. Il est aussi question de jouer à fond la carte des gardes-côte libyens, malgré l'énorme méfiance qu'ils suscitent.
Le «plan d'action» discuté jeudi par les 28 ministres de l'Intérieur répond au cri d'alarme lancé par Rome il y a quelques jours. Les arrivées au sud de la Botte, en provenance de Libye pour l'essentiel, ont augmenté de 20 % cette année, pour atteindre 85.186 à fin juin. Dans l'intervalle, 2.150 hommes, femmes ...
L’année 2017 pourrait être la plus meurtrière pour les migrants en Méditerranée (06.07.2017)
Un rapport d’Amnesty International critique l’action des pays de l’UE, dont les ministres de l’intérieur se réunissent jeudi pour répondre à l’appel à l’aide lancé par l’Italie.
Le Monde.fr avec Reuters | 06.07.2017 à 06h40 • Mis à jour le 06.07.2017 à 09h04
2017 pourrait être l’année la plus meurtrière en Méditerranée pour les migrants qui tentent de rejoindre les côtes italiennes au départ de la Libye, met en garde Amnesty International dans un rapport publié jeudi 6 juillet.
Le document, se basant sur les chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), recense ainsi 2 072 décès d’exilés sur les plus de 75 000 personnes qui ont tenté la traversée pendant les six premiers mois de l’année. Amnesty calcule un taux de décès de 2,7 %, soit trois fois plus qu’en 2015, pour un nombre de migrants similaire.
Lire aussi : « C’est la saison 4 du drame européen des migrants »
Le rapport critique l’action des pays de l’Union européenne (UE), dont les ministres de l’intérieur se réunissent ce jeudi pour répondre à l’appel à l’aide lancé par l’Italie, submergée par les arrivées. Amnesty International les accuse, en outre, d’être en partie à l’origine de l’explosion du nombre de morts depuis 2015 :
« Les Etats européens tournent progressivement le dos à une stratégie de recherche et de secours qui réduisait la mortalité en mer. »
Lire aussi : L’Union européenne solidaire avec l’Italie sur la question des migrants, mais sans solution
Le cas libyen
L’organisation fustige, notamment, la politique d’aide à la Libye pour traquer les réseaux de passeurs et contenir les migrants sur les côtes de l’Etat africain. Elle regrette que cette coopération « n’englobe pas de mécanisme ni de système adéquat d’obligation de rendre des comptes afin de surveiller » les gardes-côtes libyens, qu’Amnesty accuse d’exactions.
« Les interceptions par [ces derniers] mettent bien souvent en péril les réfugiés », expliquent les auteurs du rapport, qui précisent que leurs techniques d’intervention « ne respectent pas les protocoles élémentaires de sécurité et peuvent engendrer des mouvements de panique et des chavirements catastrophiques ».
« En outre, des allégations sérieuses accusent certains gardes-côtes d’être de connivence avec les passeurs et des éléments prouvent qu’ils maltraitent les migrants », poursuit Amnesty. Certains « ont tiré des coups de feu en direction des bateaux et un rapport des Nations unies signalait en juin qu’ils étaient directement impliqués par l’usage d’armes à feu dans le naufrage » de certaines embarcations.
Selon le rapport, les exilés secourus par ces derniers sont « renvoyés en Libye, où ils sont régulièrement placés en détention et torturés, et où il n’existe ni droit d’asile ni système d’asile ».
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/international/article/2017/07/06/l-annee-2017-pourrait-etre-la-plus-meurtriere-pour-les-migrants-en-mediterranee_5156426_3210.html
Réfugiés : le mauvais procès fait aux ONG (05.06.2017)
Par Célian Macé — 5 juillet 2017 à 19:46
Les bateaux de secours créeraient-ils un appel d’air en s’approchant au plus près des côtes libyennes ? Polémique en Italie.
Ce ne sont plus des navires, mais de simples barques ou des embarcations gonflables. Elles quittent la côte libyenne, cap au Nord, selon une trajectoire empruntée depuis l’Antiquité. «La qualité des matériaux s’est considérablement détériorée depuis deux ans : le caoutchouc est plus mince et les bateaux sont fabriqués avec une seule chambre à air», décrivent les services de Frontex, l’agence européenne de surveillance des frontières. Ces coques de noix surchargées ne sont même plus destinées à atteindre l’Italie : «Il y a juste assez de carburant pour que les bateaux sortent des eaux territoriales libyennes. De même pour l’eau potable et la nourriture. Récemment, nous avons aussi noté que les trafiquants enlèvent les moteurs quand ils voient un navire de sauvetage, et s’enfuient avec pour le réutiliser dans un autre voyage.»
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«Corridor».
Dans ces conditions, les naufrages sont inévitables. Les opérations de secours sont menées par quatre acteurs : la marine italienne (46 % des sauvetages en 2016), les vaisseaux des opérations européennes «Triton» et «Sophia» (25 %), les ONG (22 %) et les navires de commerce (8 %). Année après année, les migrants se noient - ou sont secourus - de plus en plus près des côtes libyennes.
Une polémique a éclaté en Italie sur l’impact de ces opérations de sauvetage. Ne sont-elles pas en train de «créer un corridor humanitaire» vers l’Europe, comme l’a affirmé Carmelo Zuccaro, le procureur de Catane, en Sicile, «convaincu» que les ONG ont des contacts avec les passeurs ? Ne «soutiennent»-elles pas «l’action des réseaux criminels en Libye», comme l’a déclaré le patron de Frontex, Fabrice Leggeri ? Les ONG font face à un procès récurrent et décourageant : celui du fameux «appel d’air».
«C’est un faux débat. On l’a déjà eu avec Mare Nostrum [l’opération italienne décidée après le naufrage de Lampedusa] il y a trois ans. Rome a décidé de l’arrêter fin 2014. Or on a alors assisté à une hausse considérable des flux, rappelle Mattia Toaldo, du Conseil européen des relations internationales. Les ONG n’ont commencé les opérations de secours à grande échelle que l’an dernier, tandis que la vague migratoire date d’il y a trois ans, avec la crise des réfugiés syriens.» Les passeurs adaptent peut-être leurs pratiques, mais le nombre des départs n’est en rien corrélé à l’action des ONG, conclut-il.
«Signaux».
Dans l’entourage du ministre français de l’Intérieur, Gérard Collomb, on évoque pourtant «des cas de collusion entre les navires de secours et les passeurs» : «Les ONG peuvent tomber dans le piège. Elles recueillent des gens à la limite ou dans les eaux territoriales libyennes. Il y a des contacts visuels - des signaux lumineux - et téléphoniques.» Les principaux concernés réfutent en bloc. «Notre seul objectif, c’est de sauver des vies, rappelle Corinne Torre, de MSF, qui gère deux navires de sauvetage en Méditerranée, l’Aquarius et le Prudence. Le Centre de coordination des secours maritimes nous donne systématiquement un accord avant d’intervenir. Si on se rapproche des côtes libyennes, c’est que des naufragés ne sont pas secourus et risquent la mort. Point. La problématique, c’est l’absence de prise en charge européenne, pas le rôle des ONG.»
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L’idée d’un «code de conduite» pour les ONG déployées au large de la Libye, évoqué lundi par les ministres de l’Intérieur français, italien et allemand, est fraîchement accueillie. A-t-elle été soufflée par Frontex ? «Le principal facteur d’attractivité de la route de la Méditerranée centrale est la disponibilité des réseaux de passeurs libyens. Casser leur activité est la priorité, explique un responsable de l’agence européenne. La Méditerranée est devenue la principale route de trafic des femmes ou des jeunes filles nigérianes, par exemple. Il est de la plus haute importance de les protéger, de les identifier, de les séparer des trafiquants avant qu’elles disparaissent dans un monde d’abus. Nous ne pouvons le faire que si tous les acteurs coopèrent activement avec la police.» Selon la presse italienne, le code pourrait interdire aux ONG de trop approcher les côtes libyennes et les obliger à embarquer un policier à bord.
L’UE privilégierait aussi le financement, la formation et l’équipement des gardes-côtes libyens. Des agents corrompus et «directement impliqués dans des violations des droits de l’homme», selon le dernier rapport des Nations unies, publié samedi : «Après avoir été interceptés, les migrants sont souvent battus, dépouillés de leurs biens» puis «assujettis à du travail forcé, des viols et autres violences sexuelles».
Célian Macé
Réfugiés : le SOS de l’Italie à l’Europe (05.07.2017)
Par Eric Jozsef, Correspondant à Rome — 5 juillet 2017 à 19:46
«La pression est énorme», répète le ministre italien de l’Intérieur, Marco Minniti, pour décrire la situation migratoire sur les côtes siciliennes : environ 85 000 personnes ont débarqué depuis le début de l’année dans les ports du sud de la péninsule, soit une hausse de 18 % par rapport à la même période l’an passé. En réaction, Rome met la pression sur ses partenaires européens. A la veille d’une réunion des ministres de l’Intérieur et de la Justice de l’Union européenne, prévue ce jeudi à Tallinn, en Estonie, le gouvernement de Paolo Gentiloni a multiplié les initiatives diplomatiques et médiatiques. La semaine dernière, il a tapé du poing sur la table en menaçant de bloquer l’entrée de ses ports aux bateaux transportant des migrants secourus en Méditerranée et battant pavillon étranger. En clair, aux embarcations des multiples ONG qui croisent au large de la Libye pour récupérer les passagers des navires de fortune et éviter les naufrages (lire ci-contre). Plus de 2 200 personnes sont déjà mortes en Méditerranée centrale depuis le début de l’année, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Douze disparus par jour.
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Goutte d’eau
Ceux qui parviennent à atteindre l’Italie trouvent des centres d’accueil saturés. «La situation a atteint la limite du supportable», a écrit le gouvernement dans une lettre adressée au commissaire européen chargé de l’Immigration, Dimitri Avramopoulos. La situation n’a pourtant rien de comparable avec celle de 2015, qui avait vu l’arrivée en Europe de plus d’un million de personnes, pour la plupart venues de Syrie et passant par la route balkanique. Mais cette dernière a pratiquement été fermée et c’est désormais en Méditerranée, à partir de la Libye, que s’effectuent la plupart des traversées. En 2016, l’Italie a ainsi accueilli 181 000 migrants. «Nous ne sommes pas face à une invasion», s’efforce de relativiser l’ancienne commissaire européenne Emma Bonino, qui souligne régulièrement que non seulement les arrivées ne représentent qu’une goutte d’eau par rapport aux 500 millions d’Européens (moins de 0,04 %) mais que la péninsule, qui a perdu près de 90 000 habitants l’an passé en raison de sa crise démographique, serait bien avisée de les accueillir.
Il n’empêche, sous la pression de la xénophobe Ligue du Nord, de la presse de droite et dans une certaine mesure du Mouvement Cinq Etoiles, la question migratoire empoisonne le débat politique transalpin. Début juin, lors des élections municipales partielles, la très grande majorité des 400 maires qui ont adhéré au programme gouvernemental de répartition des réfugiés sur le territoire (3 pour 1 000 habitants) ont subi une claque électorale. Comme Giusi Nicolini, l’emblématique maire de Lampedusa, éliminée dès le premier tour.
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Selon un récent sondage, seul un Italien sur quatre est favorable à l’accueil des immigrés arrivés dans le sud du pays. D’autant qu’une bonne partie des migrants renoncent désormais à poursuivre leur voyage vers la France, la Suisse ou l’Autriche. «La plupart des personnes arrivées en Italie ces derniers mois viennent d’Afrique de l’Ouest, souligne Flavio Di Giacomo, porte-parole de l’Organisation internationale des migrations. A la différence des Syriens ou des Erythréens, ils ne cherchent pas à tout prix à continuer leur voyage vers le nord de l’Europe.»
Abandon
Dans le même temps, les voisins de l’Italie contrôlent de plus en plus leurs frontières. «[Les points de passage de] Ventimille, du col du Brenner et de Chiasso ont été bouclés», a ainsi pointé Loris De Filippi, président de MSF-Italie. Lundi, le ministre autrichien de la Défense, Hans Peter Doskozil, a même annoncé que Vienne comptait «très bientôt» déployer l’armée pour un meilleur contrôle des frontières avec l’Italie si l’afflux de migrants devait ne pas ralentir. Rome a immédiatement convoqué l’ambassadeur autrichien.
A l’approche des législatives d’octobre, l’annonce de Vienne apparaît avant tout comme de la gesticulation politique. Mais elle renforce le sentiment d’abandon de Rome alors que le projet de «relocalisation» des demandeurs d’asile adopté en 2015 par le Conseil européen, qui visait à répartir les migrants dans les Etats membres, est quasiment au point mort. La semaine dernière, Angela Merkel et Emmanuel Macron se sont dits prêts à mieux soutenir l’Italie. A la suite d’un mini-sommet tripartite sur la question, dimanche à Paris, les journaux italiens voulaient croire qu’un «pacte» migratoire était en vue. Mais le lendemain, Paris a douché les attentes transalpines en refusant, comme Madrid, d’accueillir des bateaux de migrants dans ses ports.
La balle est repassée dans le camp de la Commission européenne, dont le plan d’action doit être présenté à Tallinn. Le document prévoit de renforcer les capacités des gardes-côtes libyens et d’aider l’Italie en augmentant la contribution des Etats membres au fonctionnement des «hotspots» - où sont enregistrés les migrants à leur arrivée en Europe. De son côté, la France s’est engagée à accélérer la relocalisation en prenant en charge 200 demandeurs d’asile par mois, au lieu de 50 actuellement.
Migrants : Calabre, le front du refuge (05.07.2017)
Alors que l’Italie appelle l’Europe à ouvrir ses ports aux bateaux secourant les migrants, des villages du Sud ont inventé un modèle d’intégration des réfugiés qui a ressuscité des lieux à l’agonie.
LE MONDE | 05.07.2017 à 06h40 • Mis à jour le 05.07.2017 à 17h17 | Par Maryline Baumard
Daniel, Nigérian arrivé il y a 9 mois, est serveur dans un petit restaurant du village de Camini, en Calabre (Italie), le 16 juin.
La nuit n’aura pas suffi à apaiser la pierre de ses brûlures de la veille. Il est 8 heures tout juste et le soleil reprend son offensive sur le village perché de Camini, traquant l’ombre au fond des ruelles, taguant de son sceau de feu les maisons de ce coin perdu de Calabre.
Sylla lève les yeux vers l’astre, le jauge, avant de passer son avant-bras sur son front ; geste qu’il répétera des centaines de fois au fil de sa journée. D’un pas calculé pour durer jusqu’au soir, il entame l’ascension d’un des escaliers de cette bourgade à flanc de colline, pénètre dans une petite maisonnette d’où s’échappe un concert de marteau et de burin, et, une fois en équilibre sur son échafaudage, il commence à dessiner l’encadrement d’une fenêtre.
Sylla est nigérien, la vingtaine. Si ses gestes ne le trahissent pas, les coups d’œil réguliers d’Hassan, son voisin de chantier, révèlent qu’il apprend encore. « Maître Hassan », comme on appelle désormais le Sénégalais, qui gratte la pierre en expert, a, lui, la pleine confiance du patron, Cosmano Fonte. Il a même si bien copié le maître que Cosmano, « quinqua » qui brasse là le mortier depuis ses 12 ans, se revoit jeune quand il observe Hassan, fier de lui avoir transmis comment panser les blessures des murs du village.
Village-planète
C’est par hasard qu’un jour de juillet 2014 cet Africain est arrivé dans ce coin perdu, à une heure trente de voiture de Reggio di Calabria. « La préfecture nous avait demandé d’héberger temporairement un groupe de mineurs migrants. On s’est attachés à eux et, quand l’administration a voulu les reprendre, je leur ai expliqué que si d’aventure l’un d’eux avait un peu triché sur son âge, c’était le moment ou jamais de rectifier, car nous avions des places pour les majeurs », se souvient Rosario Zurzulo, le directeur de Jungi Mundi, la coopérative qui accueille les demandeurs d’asile et les réfugiés à Camini.
Censé avoir 17 ans, Hassan en a avoué d’un coup...
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/europe/article/2017/07/05/calabre-le-front-du-refuge_5155688_3214.html
Argent sale : Un procureur sicilien enquête sur le financement des ONG migrants par la mafia (04.07.2017)
Un procureur sicilien a ouvert une enquête sur le financement des ONG qui aide les migrants par la mafia. Celle-ci récupérerait une partie des subventions attribuées par l'Union à l'Italie dans le cadre de sa politique d'accueil.
Comme toujours, il y a les images et le langage de l'émotion qui balaient toute forme de rationalité. Et nous, les Européens, nous, les hommes blancs, retrouvons nos sanglots* - ceux de la culpabilité de la colonisation et de toutes ces sortes de choses. Puisque, prétendument, nous sommes le malheur de l'Afrique, nous devons aujourd'hui massivement et sans barguigner accepter des tombereaux de Nigérians et d'autres peuples qui ont traversé la moitié du continent pour vivre chez nous. Face à l'injonction morale, nous sommes supposés obéir et, sans nous poser de questions, nous reprocher de ne pas ouvrir assez les bras à ces pauvres hères mus par le mirage d'un Occident riche et facile.
* Comm. blog : Allusion à Pascal Bruckner, Le sanglot de l'homme blanc (1983).
Le procureur sicilien qui gratte les apparences
Au-delà de ces apparences complaisantes, on trouve une autre réalité, beaucoup plus sordide, qu'un procureur sicilien a entrepris de dévoiler. Carlo Zuccaro, procureur général de Catane, a ouvert une enquête dès le mois de février 2017 sur le financement des ONG qui recueille les migrants par la mafia. Depuis lors, il ne cesse d'aller de découvertes en découvertes.
Premier point, depuis septembre 2016, les ONG semblent se coordonner avec les passeurs, en conduisant de façon structurée les embarcations jusqu'aux frontières italiennes.
Deuxième point, ces ONG engagent des dépenses colossales dont les sources de financement sont parfaitement inconnues.
Tout laisse à penser que les ONG se sont aujourd'hui substituées aux passeurs pour organiser les arrivées. Rien n'exclut que ces mêmes ONG soient payées par les passeurs pour effectuer une partie du travail.
Des fortunes étranges
À titre d'exemple, la MOAS (Migrant Offshore Aid Station) à laquelle fait allusion le procureur Zuccaro, est installée à Malte. Elle est présidée par son fondateur, Christopher Catrambone, dont la fortune était faite à 30 ans... grâce au sauvetage en mer. L'intéressé a-t-il trouvé aujourd'hui un nouveau moyen d'accroître sa fortune en se livrant au trafic illégal de migrants? Voilà qui mériterait une petite étude.
On ne dira pas autre chose de l'association catalane Proactiva Open Arms, créée par un autre héros du sauvetage en mer : Oscar Camps. Cette association comptait à peine 20 militants lorsqu'il n'était pas question de migrants. Elle soutient qu'elle prospère aujourd'hui grâce à des levées de fonds sur Ulule. Sauf que les levées paraissent limitées à quelques centaines de milliers d'euros, quand ce sont des millions qui sont nécessaires pour fonctionner pendant un an.
Les associations instrumentent les migrants
Dans tous les cas, le rôle néfaste des associations est abondamment souligné par les pouvoirs publics.
En février 2017, par exemple, les forces de Frontex ont déploré le fait que les ONG se soient substituées aux passeurs pour conduire les migrants jusqu'aux frontières de l'Italie. Ce choix crée un appel d'air et met de plus en plus en danger les migrants eux-mêmes. La stratégie des ONG favorise en effet l'intensification du trafic et diminue l'attention que les passeurs peuvent avoir pour leur cargaison.
Plus de 100 000 migrants ont traversé la Méditerranée depuis janvier (04.07.2017)
S’ils sont deux fois moins nombreux qu’en 2016 à arriver en Europe, plus de 85 000 se sont rendus en Italie, selon l’OIM, alors qu’ils arrivaient en Grèce majoritairement.
Le Monde.fr avec AFP | 04.07.2017 à 11h33
Plus de 100 000 migrants et réfugiés sont arrivés depuis janvier en Europe en traversant la Méditerranée, et 2 247 sont morts ou portés disparus, a annoncé mardi à Genève l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Plus de 85 000 d’entre eux se sont rendus en Italie et près de 9 300 en Grèce, selon les derniers chiffres publiés par l’OIM. En outre, près de 6 500 sont arrivés en Espagne. Au total, les chiffres publiés par l’OIM font état de 101 210 arrivées, et de 2 247 décès en mer. Vendredi, l’OIM avait indiqué que le nombre d’arrivants était de 95 768. La différence avec les chiffres de mardi s’explique par l’actualisation des données de l’Espagne.
« Une affaire pour l’Europe entière »
Durant la même période de 2016, soit entre début janvier et le 3 juillet, les arrivées en Europe étaient deux fois plus nombreuses, indique l’OIM, qui avait décompté 231 503 arrivants. La différence cette année est que presque 85 % des migrants débarquent en Italie, alors que la majorité arrivait l’an dernier en Grèce.
Lire aussi : L’Italie menace de fermer ses ports aux migrants
Avant la réunion informelle des ministres européens de l’intérieur et de la justice jeudi à Rome, le directeur général de l’OIM, William Lacy Swing, a appelé les membres de l’UE à aider les pays du sud de l’Europe à accueillir et assister les migrants sauvés en mer. Cette question « ne peut être vue comme un problème seulement pour l’Italie, mais une affaire pour l’Europe entière », a t-il indiqué.
Lire aussi : L’Union européenne solidaire avec l’Italiesur la question des migrants, mais sans solution
Seuls un peu plus de 7 300 migrants ont été relocalisés d’Italie vers d’autres Etats membres de l’UE. Plus de 3 000 migrants au total sont morts depuis le début de janvier dans le monde. Parmi eux, plus de 2 200 sont morts alors qu’ils tentaient de se rendre en Europe.
Marne : une ex-élue condamnée pour un mariage blanc (04.07.2017)
Par Le Figaro.fr avec AFPMis à jour le 04/07/2017 à 20:16 Publié le 04/07/2017 à 20:14
Une peine de prison de huit mois avec sursis a été prononcée, aujourd'hui, par le tribunal correctionnel de Reims à l'encontre de Sabrina Ghallal, ancienne conseillère générale socialiste, jugée coupable d'avoir organisé un mariage blanc fin 2013, ce qui avait conduit à son exclusion du PS un an plus tard.
Cette sanction, à laquelle s'ajoute une amende de 3.000 euros, est légèrement plus clémente que celle (un an avec sursis) requise par le parquet lors du procès qui s'était tenu le 13 juin. En revanche, Sabrina Ghallal a été relaxée du chef "d'abus de faiblesse" envers le mari, militant socialiste mais aussi adulte handicapé, suivi pour troubles psychologiques.
"Nous faisons appel de cette décision", a déclaré à l'AFP Me Simon Miravete, son avocat, assurant que sa cliente restait sur "la même ligne de défense", à savoir "qu'elle n'a jamais organisé de mariage de complaisance".
Le 31 décembre 2013, Arnaud Flammang et Rachida Mellouka, 35 et 25 ans à l'époque, s'étaient mariés à la mairie de Reims, un mois et trois jours après que l'Algérienne s'était vue notifier l'obligation de quitter le territoire français. Mais leur union n'avait eu de mariage que le nom : "pas d'alliance", "pas de fleurs", "absence de la famille de Flammang" et une noce terminée "au Flunch", avaient énuméré les époux éphémères, séparés six mois plus tard.
Immigration : l'éclairage d'un analyste américain (03.07.2017)
Par lefigaro.fr Publié le 03/07/2017 à 15:41
FIGAROVOX/ANALYSE - George Borjas, professeur d'économie américain d'origine cubaine, fait l'état des lieux de la situation migratoire dans son pays. Son analyse éclaire la situation européenne, et montre qu'il est possible de parler d'immigration de manière dépassionnée.
George Borjas est professeur d'économie à la Harvard Economy School et auteur de We Wanted Workers: Unraveling the Immigration Narrative, (2016, éditions WW Norton & Co).
Le premier mois de l'administration Trump a déjà changé l'orientation du débat sur l'immigration et d'autres changements sont à venir. Pour l'instant, les décrets et les expulsions sont les principaux sujets de discussion. Mais la bataille sur la quantité de réfugiés à accueillir et la manière de les sélectionner au mieux cache les vrais enjeux du débat.
Les modifications de toute politique sociale ne profitent pas également à tous et la politique migratoire ne fait pas exception. Je suis un réfugié qui a quitté Cuba en 1962. Je n'ai pas seulement une grande sympathie pour les immigrants qui souhaitent améliorer leur vie, je suis aussi la preuve vivante que la politique migratoire peut profiter énormément à certaines personnes. Mais je suis aussi un économiste particulièrement conscient des compromis qu'elle suppose. C'est inévitable, l'immigration n'améliore pas le bien-être de tous. Il y a des gagnants et des perdants, et nous devrons faire des choix difficiles. L'amélioration des conditions de vie des immigrants a un prix. Quel est le prix que les Américains sont prêts à payer et qui paiera ?
Cette tension imprègne le débat sur l'effet de l'immigration sur le marché du travail. Ceux qui sont favorables à plus d'immigration soutiennent que les immigrants occupent des emplois dont les natifs américains ne veulent pas. Mais nous savons tous que le prix du gaz baisse quand l'offre s'accroît. Les lois de l'offre et de la demande ne s'évaporent pas lorsqu'on parle du prix du travail plutôt que du prix du gaz. Aujourd'hui, les abus très documentés du programme H-1B, comme cela a été le cas avec les salariés de Disney qui ont dû former les immigrants chargés de les remplacer, auraient dû mettre fin à l'idée selon laquelle l'immigration ne nuit pas aux natifs avec lesquels ils entrent en compétition.
Au cours des 30 dernières années, une part importante des immigrants, à peu près un tiers, étaient des personnes qui n'avaient pas terminé leurs études secondaires. Ce furent donc les travailleurs américains peu qualifiés en place qui payèrent le prix de l'entrée de millions de travailleurs. Leurs salaires subirent une baisse allant jusqu'à 6 %. Ces Américains peu qualifiés comprenaient de nombreux Noirs et Hispaniques, mais aussi des immigrants arrivés auparavant.
Mais la baisse du salaire des uns, c'est aussi plus de profit pour d'autres. La croissance de la rentabilité que connaissent de nombreux employeurs augmente la taille du «gâteau» économique qui revient aux natifs d'environ 50 milliards. Aussi, comme le soulignent ceux qui sont favorables à plus d'immigration, celle-ci peut accroître la richesse globale des Américains. Mais ils évitent d'évoquer les compromis sous-jacents : ceux qui occupent des emplois également recherchés par les immigrants sont les perdants.
Ils évitent aussi de parler de l'effet secondaire de cette immigration peu qualifiée qui réduit les 50 milliards de richesses gagnées. La National Academy of Sciences a estimé récemment l'impact de l'immigration sur les budgets gouvernementaux. Au cours d'une année, les familles d'immigrants représentent une charge fiscale, principalement en raison de leurs faibles revenus et de leur accès plus fréquent aux programmes gouvernementaux tels que les frais de santé à la charge de l'État. Une comparaison des dépenses et des contributions de ces familles a montré qu'elles étaient à l'origine d'un déficit compris entre 43 et 299 milliards selon les hypothèses.
Même l'estimation la plus prudente du déficit fiscal efface l'essentiel des 50 milliards de contribution à la richesse globale des natifs. Visiblement, la taille du gâteau économique qui revient aux natifs change peu, après que l'immigration a augmenté de 15 % le nombre de travailleurs. Mais le partage du gâteau change incontestablement : moins pour les travailleurs, plus pour les employeurs.
Le débat sur l'immigration devra aussi s'intéresser à l'impact de long terme sur la société américaine, soulevant la lourde question de l'assimilation des immigrants. Le rythme auquel le statut économique des immigrants s'améliore dans le temps s'est visiblement réduit dans les décennies récentes. L'immigrant représentatif des années 1970 pouvait s'attendre à une amélioration importante au cours de sa vie par rapport aux natifs. Aujourd'hui, l'immigrant connaît en moyenne un progrès économique quasi inexistant.
Une partie du ralentissement de l'assimilation est liée au développement d'enclaves ethniques. Les nouveaux immigrants qui retrouvent peu de compatriotes à leur arrivée profitent de l'acquisition de qualifications qui leur permettent d'interagir socialement et économiquement avec le voisinage, par exemple en maîtrisant l'anglais. Mais les nouveaux immigrants qui arrivent dans une importante et accueillante communauté de compatriotes éprouvent moins le besoin d'acquérir ces qualifications ; ils se trouvent déjà au milieu d'un large public qui apprécie ce avec quoi ils sont arrivés. Pour le dire sans ambages, l'immigration de masse décourage l'assimilation.
Les compromis deviennent encore plus difficiles à apprécier lorsqu'on songe à l'intégration sur longue période des enfants et petits-enfants des immigrants d'aujourd'hui. Beaucoup se tournent vers le melting-pot de l'Amérique du 20ème siècle et supposent que l'histoire se répétera. Mais ce n'est probablement qu'une douce illusion. Ce melting-pot a fonctionné dans un contexte économique, social et politique particulier et il est douteux que l'on retrouve ces conditions aujourd'hui.
Beaucoup d'immigrants de l'ère Ellis Island ont trouvé du travail dans l'industrie ; la main-d'œuvre chez Ford était à 75 % composée d'immigrés en 1914. Ces emplois d'ouvriers sont devenus des emplois syndiqués bien payés, créant ainsi un filet de sécurité dans le secteur privé pour les immigrés et leurs descendants. Est-ce que quelqu'un croit sérieusement que les emplois peu qualifiés d'aujourd'hui offriront la même mobilité économique que les emplois syndiqués de l'industrie d'alors?
De la même façon, le climat idéologique d'alors, qui encourageait l'assimilation et que reflétait joliment notre devise «E Pluribus unum» (un à partir de plusieurs), est mort et enterré. Une directive récente de l'Université de Californie illustre une dérive radicale. Ceux qui travaillent dans cette université sont mis en garde contre l'usage de phrases qui pourraient conduire à de «micro-agressions» envers les étudiants ou entre eux. Un exemple donné est «L'Amérique est un melting-pot» qui envoie le message selon lequel ils devraient «s'assimiler à la culture dominante».
L'Europe est d'ores et déjà confrontée aux difficultés dues à la présence de populations inassimilées. À elle seule, l'expérience européenne montre qu'il n'existe pas de loi universelle qui garantisse l'intégration, même après quelques générations. Nous aussi devrons affronter les compromis nécessaires entre les bénéfices économiques à court terme et les coûts à long terme d'une vaste minorité inassimilée. Bien identifier ces compromis est le premier pas vers une politique migratoire plus raisonnable. Nous avons besoin aussi de principes généraux qui combinent bon sens et compassion.
Nous devons, avant tout, réduire l'immigration illégale. Elle a eu un effet corrosif en paralysant la discussion d'une réforme de l'immigration dans tous ses aspects. Un mur le long de la frontière mexicaine peut envoyer le message selon lequel nous prenons la chose au sérieux mais beaucoup de migrants sans papiers sont entrés légalement dans le pays et sont restés après la date d'expiration de leur visa. Un système électronique national (comme E-Verify) qui oblige les employeurs à vérifier la légalité du séjour lors de l'embauche, assorti d'amendes et de sanctions pénales pour les entreprises qui enfreignent la loi, pourrait contribuer à endiguer les flux.
Mais que faire des 11 millions ou plus d'immigrants sans papiers qui sont déjà là ? Une grande majorité a mené une vie paisible et s'est enracinée dans nos communautés. Les expulser maintenant ne correspondrait guère à l'Amérique bienveillante telle que beaucoup d'entre nous se la représentent.
Peut-être le temps d'une indifférence bienveillante est-il venu. Beaucoup finiront par réunir les conditions leur permettant d'obtenir un visa parce qu'ils auront épousé un citoyen américain ou auront des enfants nés ici. Plutôt que de se battre sur une politique de régularisation générale impossible, peut-être pourrions-nous accélérer la délivrance de visas à ces personnes.
Nous devons aussi décider du nombre d'immigrants que nous souhaitons admettre. Les économistes ne sont pas très bavards sur leur ignorance à cet égard mais, en vérité, nous n'en savons rien. Notre pays a accueilli environ un million d'immigrants par les voies légales chaque année au cours des deux dernières décennies. Le climat politique actuel indique que beaucoup d'Américains considèrent que c'est trop. L'histoire montre que, quand les électeurs en ont marre de l'immigration, les décideurs n'hésitent pas à stopper toute immigration. Dans les années 1990, la commission présidée par Barbara Jordan avait recommandé un objectif annuel autour de 550 000. Une telle réduction serait certes importante mais sans doute préférable à l'alternative d'une fermeture complète qui pourrait émerger du climat politique actuel.
Enfin, nous devons choisir entre des immigrants hautement qualifiés et ceux qui le sont moins. Les premiers paient plus d'impôts et recourent moins aux services sociaux. Ils ont aussi le potentiel pour contribuer à repousser les frontières du savoir. Leur venue nous est plus bénéfique. Mais donner leur chance aux pauvres gens, c'est aussi ce qui rend notre pays exceptionnel.
Quelle que soit cette répartition, les employeurs ne devraient pas s'en laver les mains en empochant tous les bénéfices et les travailleurs ne pas être ceux qui subissent toutes les pertes. Nous devons veiller à une répartition équitable des gains et des pertes au sein de la population américaine.
Quelle que soit notre position dans le clivage idéologique actuel, le Président Trump a déjà répondu à la question fondamentale qui devrait permettre d'élaborer une politique plus rationnelle. Dans son discours lors de la Convention nationale des Républicains, il a indiqué ce qui allait guider ses choix: «nous serons bienveillants et compatissants à l'égard de tout le monde, mais ma compassion ira d'abord à nos citoyens en difficulté.» Et il ajouta: «nous allons avoir un système migratoire qui marche, mais qui marche pour le peuple américain.»
Dans la communauté scientifique, nombre de mes collègues - beaucoup aussi de ceux qui font l'opinion dans les médias - sont révulsés lorsqu'ils entendent dire que l'immigration devrait servir les intérêts des Américains. Ils réagissent en traitant de raciste et de xénophobe pareille manière de penser et en marginalisant ceux qui y adhèrent.
Mais ces accusations de racisme traduisent les efforts qu'ils déploient pour éviter de discuter des compromis qui s'imposent. Le débat à venir serait beaucoup plus honnête et politiquement transparent si l'on demandait simplement à ceux qui ne sont pas d'accord avec «l'Amérique d'abord» de répondre à la question : pour qui est-ce que vous roulez ?
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L'immigration et l'islam crispent de plus en plus les Français (03.07.2017)
Par Esther Paolini Mis à jour le 03/07/2017 à 21:44 Publié le 03/07/2017 à 17:53
VIDÉO - D'après une nouvelle étude, 65% des Français estiment qu'il y a trop d'étrangers en France. Ils sont 60% à trouver que la religion musulmane est incompatible avec les valeurs de la société française.
Sujets phares de la campagne présidentielle, l'immigration et l'islam fracturent les Français. D'après l'enquête annuelle d'Ipsos en partenariat avec la fondation Jean-Jaurès et Le Monde publiée ce lundi, cette fracture s'élargit encore davantage en 2017.
Plus de la moitié des Français estiment ne plus se sentir chez eux
Comme en 2016, 65% des sondés considèrent qu'«il y a trop d'étrangers en France». Cet avis est partagé par 77% des ouvriers interrogés, 66% des employés, 57% des professions intermédiaires et 46% des cadres. Sans surprise, 95% des partisans du Front national ont ce sentiment. Chez Les Républicains (LR), ils sont en nette augmentation: 83% contre 76% en 2016. 30% des sympathisants de La France Insoumise (LFI) sont de cet avis, 46% chez ceux du Parti socialiste (PS), égaux à ceux de La République en marche (LREM).
Si 54% des sondés reconnaissent que l'intégration en France est difficile pour un immigré, 61% estiment que «d'une manière générale, ils ne font pas d'efforts pour s'intégrer en France». Signe d'une crispation de plus en plus forte, 60% affirment ne plus se sentir «chez soi comme avant».
40% des Français interrogés estiment que la pratique de l'islam est compatible avec les valeurs de la société française.
Ipsos - Le Monde
Autre thématique étudiée par l'institut de sondage, le regard que portent les Français sur la religion musulmane est lui aussi de plus en plus sévère. Quatre Français sur dix (40%) affirment que la pratique de l'islam est compatible avec les valeurs de la société française. Un nombre en baisse depuis les attentats de 2015, où ils étaient 47%. À un niveau presque identique depuis 2014, 74% des sondés affirment que l'islam souhaite «imposer son mode de fonctionnement aux autres». Un avis partagé par 94% des sympathisants FN, et 85% des soutiens LR. Plus surprenant, ce sentiment est également ressenti par 54% des électeurs socialistes et 53% de partisans LFI.
85% des sondés ont le sentiment que l'intégrisme religieux est un «problème de plus en plus préoccupant». Le malaise qu'il soulève est toujours plus prégnant, avec deux points de plus par rapport à 2016. Concernant l'islam radical, 46% des Français interrogés estiment que «même s'il ne s'agit pas de son message principal, l'islam porte malgré tout en lui des germes de violence et d'intolérance». Un chiffre en augmentation de cinq points par rapport à l'année dernière et qui témoigne d'une société française de plus en plus fracturée.
Trois autres chiffres à retenir de cette étude
- 71% des Français interrogés estiment que les notions de droite et de gauche sont dépassées. C'est le cas de 86% des sympathisants LREM, 76% des électeurs frontistes, 66% des socialistes, 58% des soutiens des Républicains et 50% des LFI.
- Les Français sont moins sévères envers les chômeurs qu'en 2016: 55% des sondés estiment qu'ils pourraient trouver du travail s'ils le voulaient vraiment, contre 57% l'année précédente. Dans cette même idée, le sentiment que la société évolue vers trop d'assistanat est en baisse de 8 points: ils étaient 70% à partager cet avis en 2016 et ne sont plus que 62% en 2017.
- 64% des personnes consultées affirment qu'«en France, c'était mieux avant.» Un chiffre qui indique que les Français idéalisent un peu moins le passé qu'en 2016, où ils étaient 70% dans cette catégorie.
Echantillon: 1000 personnes constituant un échantillon national représentatif de la population
française âgée de 18 ans et plus. Sondage effectué du 21 au 27 juin 2017, par Internet. Méthode des quotas (sexe, âge, profession, région et catégorie d'agglomération).
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Avramopoulos : «La situation migratoire telle qu'elle est maintenant n'est plus soutenable» (03.07.2017)
Par Jean-Marc Leclerc , Edouard de Mareschal Mis à jour le 03/07/2017 à 19:36 Publié le 03/07/2017 à 18:32
INTERVIEW - En exclusivité pour Le Figaro, Dimitris Avramopoulos, commissaire européen en charge des migrations et des affaires intérieures, livre son analyse de la crise migratoire en Méditerranée.
La pression migratoire en Italie fait réagir Bruxelles. Commissaire européen en charge des migrations et des affaires intérieures, Dimitris Avramopoulos, ancien maire d'Athènes et ex-ministre de la Défense en Grèce, a participé, dimanche dernier, à une réunion de crise des ministres de l'Intérieur italien, français et allemand à Paris.
LE FIGARO.- L'Italie menace de fermer ses ports face à l'afflux de migrants. Que faites-vous?
Dimitris AVRAMOPOULOS.- Aujourd'hui, l'Italie se trouve dans une situation délicate et nous allons l'aider. Nous le faisons déjà politiquement, financièrement, matériellement. ...
Nice: un policier qui faisait payer des migrants pour passer la frontière en prison (03.07.2017)
Par Le Figaro.fr avec AFPMis à jour le 03/07/2017 à 19:51 Publié le 03/07/2017 à 19:46
Un policier de la Direction départementale de la sécurité publique des Alpes-Maritimes a été condamné, aujourd'hui, à 18 mois de prison ferme pour avoir fait payer des migrants pour leur faire passer la frontière franco-italienne.
Interpellé par des CRS le 19 juin vers 23 heures 30, Nicolas Kostic, 39 ans, a été jugé en comparution immédiate. Deux ans de prison ferme et une interdiction définitive d'exercer tout métier dans la fonction publique avaient été requis contre lui.
Reconnaissant une "grosse erreur" et présentant ses excuses lors de l'audience devant le tribunal correctionnel de Nice, il a été tancé par la présidente du tribunal Laurie Duca : "Ce n'est pas une grave erreur, c'est une infraction pénale grave, qui a duré sur deux mois et demi", a lancé la magistrate.
Ce sous-brigadier en poste à Nice depuis près de 20 ans était au volant de sa 106 lorsqu'il a été interpellé avec un Gambien et trois Sénégalais par des CRS au péage de La Turbie, près de Nice. Il aurait effectué au total 7 à 10 passages, avec à chaque fois 3 ou 4 migrants dans son véhicule. Les faits auraient rapporté quelque 3.000 euros au policier, qui a évoqué des difficultés financières pour se justifier.
Il encourait jusqu'à cinq ans de prison pour aide à l'entrée, à la circulation et au séjour d'étrangers en situation irrégulière.
La région de Vintimille et Menton voient transiter depuis 2014 des milliers de migrants débarqués en Italie et cherchant à gagner le nord de l'Europe. Les contrôles côté français n'ont cessé de se durcir pour renvoyer en Italie les migrants qui passent ou tentent de passer malgré les dangers (plus d'un mort par mois depuis septembre).
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Un passeur nigérian arrêté avec 79.000 euros dans le ventre (03.07.2017)
Par Le Figaro.fr avec AFPMis à jour le 03/07/2017 à 18:19 Publié le 03/07/2017 à 18:16
Un Nigérian a été arrêté samedi à Strasbourg avec 79.000 euros dans ses intestins et 13.000 francs suisses cachés dans ses vêtements et chaussettes, a-t-on appris aujourd'hui auprès des douanes, confirmant une information des Dernières Nouvelles d'Alsace.
Interpellé fortuitement alors qu'il circulait dans un bus de la ville à proximité de la gare routière, l'homme a déclaré aux agents des douanes qu'il résidait en Espagne et gagnait sa vie comme plongeur dans un restaurant aux Baléares. Il a ensuite livré d'autres explications aux douaniers sur la provenance de l'argent.
Le chien renifleur a toutefois marqué l'odeur de cannabis sur les billets de banque qu'il cachait sur lui. Remis à la police judiciaire, l'homme a subi une radiographie qui a montré la présence de neuf préservatifs bourrés de billets de banque. Une fois disponibles, les préservatifs ont révélé leur contenu: des billets de 200 et 500 euros pour un montant total de 79.000 euros.
L'homme, poursuivi pour blanchiment d'argent provenant de trafic de stupéfiants et fausse déclaration douanière, a été écroué.
Tensions accrues en France sur les dispositifs de l'asile (02/07/2017)
Par Jean-Marc Leclerc Mis à jour le 02/07/2017 à 19:51 Publié le 02/07/2017 à 19:17
Centre d'accueil des migrants, porte de La Chapelle à Paris, le 20 Avril 2017.
INFOGRAPHIE - Alors que l'Italie menace de fermer ses ports après la récente arrivée en masse de migrants, la France aura bientôt épuisé son droit à bloquer ses frontières en vertu d'une dérogation au principe de libre circulation des accords de Schengen.
La réforme à venir du droit d'asile en France menacée par ce qui se passe sur les rives de la Méditerranée? En trois jours, entre le dimanche 25 et le mardi 27 juin, 12.000 migrants ont été secourus au large de la Libye et amenés par bateau en Italie. L'afflux est tel que les Italiens, pourtant généreux, ont menacé la Commission européenne de bloquer l'entrée de leurs ports. En aval, à la frontière entre la France et l'Italie, les tentatives de passage se multiplient. Depuis le 1er janvier, la préfecture des Alpes-Maritimes a déjà arrêté plus de 22.000 illégaux amenés par des passeurs. Or, la police ne les intercepte pas tous.
Un haut fonctionnaire au ministère de l'Intérieur le confie: «L'Italie ...
Face à l'afflux de migrants, l'Italie menace de fermer ses ports (02/07/2017)
Par Jean-Jacques Mevel Mis à jour le 03/07/2017 à 10:37 Publié le 02/07/2017 à 17:02
http://www.lefigaro.fr/international/2017/07/02/01003-20170702ARTFIG00108-migrants-l-italie-menace-de-fermer-ses-ports.php
http://www.lefigaro.fr/international/2017/07/02/01003-20170702ARTFIG00108-migrants-l-italie-menace-de-fermer-ses-ports.php
VIDÉO - Rome réclame l'aide urgente de ses voisins européens et les appelle à ouvrir leurs ports aux bateaux secourant les migrants. Les ministres de l'Intérieur français, allemand et italien se sont réunis dimanche soir à Paris pour discuter d'une «approche coordonnée».
L'Italie a vu déferler une vague de 10.000 migrants africains en 48 heures la semaine dernière et elle en a assez d'attendre un partage du fardeau. La France, l'Espagne et aussi l'Allemagne vont devoir calmer sa colère après un vrai coup de semonce: Rome pourrait interdire les côtes italiennes à une partie des irréguliers, obligeant les voisins méditerranéens à les accueillir directement pour la première fois.
Rome pourrait interdire les côtes italiennes à une partie des irréguliers, obligeant les voisins méditerranéens à les accueillir directement pour la première fois
La menace, formulée en coulisse mais pas confirmée par le gouvernement Gentiloni, suffit à déclencher un branle-bas diplomatique. Il débute dimanche à Paris, avec un rendez-vous d'urgence des trois ministres de l'Intérieur français, allemand et italien. Jeudi, les mêmes tenteront une fois encore de trouver avec leurs 25 collègues de l'UE une issue au dilemme qui hante la crise migratoire: comment aider les pays de première ligne, comme l'Italie et la Grèce, sans les soulager d'au moins une partie des irréguliers? La discussion se prolongera sans doute au sommet du G20, vendredi à Hambourg.
Les Africains débarqués au sud de l'Italie sont avant tout des migrants «économiques». Ils sont voués à l'expulsion à terme, à la différence des bénéficiaires du droit d'asile comme les réfugiés de guerre syriens. Mais ni Marseille ni Barcelone ne seraient enthousiastes à les recevoir même provisoirement, comme le font aujourd'hui les ports de Sicile et de Calabre. D'autant que les chiffres explosent: l'Italie en a déjà accueilli plus de 80.000 cette année, un tiers de plus qu'au premier semestre 2016.
Marseille sollicitée?
La majorité des nouveaux arrivants sont recueillis en mer, non loin des côtes libyennes, par les bâtiments militaires et civils de deux opérations de sauvetage de l'UE, «Sophia» et «Triton». Le mandat est clair et Rome ne le conteste pas: ces migrants continueront d'être débarqués sur le sol italien. Le cas des bateaux affrétés par les ONG françaises, espagnoles ou allemandes est plus ambigu. De plus en plus nombreux, ils peuvent recueillir jusqu'à la moitié des irréguliers. Ils sont aussi plus difficiles à contrôler. La diplomatie italienne soutient que le pays de pavillon devrait être le pays de débarquement des migrants. Comprendre: la France, l'Espagne voire la République fédérale…
«On ne peut pas prendre toute la misère du monde, mais chacun doit prendre sa part. C'est bien de cela qu'il s'agit»
Emmanuel Macron, la semaine dernière à Berlin
Le sujet sera discuté cette semaine par Paolo Gentiloni et Jean-Claude Juncker, le patron de la Commission. À ses yeux, l'Italie et la Grèce «ne peuvent plus être laissées seules en première ligne». Bruxelles légitime l'inquiétude de l'Italie, mobilise de nouveaux financements et se prépare, le cas échéant, à modifier les règles de débarquement pour les ONG. La France et l'Espagne font la moue. Le président Macron, pourtant, fait une ouverture: «On ne peut pas prendre toute la misère du monde, mais chacun doit prendre sa part. C'est bien de cela qu'il s'agit», disait-il la semaine dernière à Berlin, empruntant une formule chère à Michel Rocard.
Pression politique
En cas d'échec, il y a peu de risques que l'Italie interdise finalement l'entrée des pavillons étrangers dans ses ports, veut croire Bruxelles. Rome force l'admiration pour la tâche accomplie depuis trois ans, avec l'accueil de 500.000 migrants et réfugiés. Un geste de mauvaise humeur pourrait tout gâcher, déchirer profondément l'UE et infliger un spectacle encore plus désolant en Méditerranée.
Dans la Botte pourtant, la pression politique n'est pas près de se relâcher, avec en vue des élections générales au plus tard au printemps 2018. Le Parti démocratique de Matteo Renzi, au pouvoir, se sent chaque jour plus vulnérable sur le dossier brûlant de l'immigration. Silvio Berlusconi et l'inclassable Beppe Grillo multiplient les attaques. Alors que les offensives électorales du populisme et de l'extrême droite viennent de se briser en Autriche, aux Pays-Bas et en France, l'Italie craint au contraire d'être deux fois perdante. Elle attend un geste politique de ses voisins. «Macron, au secours!
Les populistes reviennent…», titrait il y a quelques jours La Stampa, le grand quotidien du Nord.
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L’Italie dénonce à nouveau « l’énorme pression » migratoire à laquelle elle est confrontée (02/07/2017)
Une réunion informelle des ministres de l’intérieur français, allemand et italien a lieu dimanche pour aborder la question.
Le Monde.fr avec AFP | 02.07.2017 à 13h00 • Mis à jour le 02.07.2017 à 13h52
Des migrants secourus au large de la Sicile.
Le ministre de l’intérieur italien Marco Minniti appelle une nouvelle fois, dimanche 2 juillet, ses partenaires européens à ouvrir leurs ports aux bateaux secourant les migrants pour alléger la pression sur Rome, alors que la Méditerranée centrale est redevenue la principale route migratoire vers l’Europe.
Dans un entretien accordé au quotidien Il Messaggero, publié quelques heures avant une réunion informelle des ministres de l’intérieur français, allemand et italien, consacrée à cette question, ce dernier dénonce « l’énorme pression » à laquelle son pays fait face.
Les bateaux qui viennent au secours des migrants « battent pavillon de différents pays européens », souligne le ministre, expliquant que des bateaux d’ONG, de l’opération navale européenne antipasseurs « Sophia » et de l’agence européenne des frontières Frontex sont impliqués, aux côtés des gardes-côtes italiens. « Si les seuls ports vers lesquels les réfugiés sont acheminés sont les ports italiens, cela ne marche pas. C’est le cœur de la question. »
« Je suis un europhile et je serais fier si même un seul bateau, au lieu d’arriver en Italie, allait dans un autre port. Cela ne résoudrait pas le problème de l’Italie, mais ce serait un signal extraordinaire » montrant que l’Europe veut aider l’Italie, plaide encore le ministre.
Lire aussi : L’Union européenne solidaire avec l’Italie sur la question des migrants, mais sans solution
Menace de bloquer l’entrée des ports
Avec 75 000 personnes sauvées depuis le début de l’année, soit 15 % de plus que l’an passé à la même période, l’Italie risque, en 2017, de voir arriver plus de 200 000 personnes sur ses côtes.
Plus de douze mille migrants ont été secourus entre dimanche et mardi au large de la Libye, dont cinq mille pour la seule journée de lundi. Face à cet afflux, et alors que les structures d’accueil du pays sont saturées, le gouvernement italien a haussé le ton mercredi et a menacé de bloquer l’entrée de ses ports.
Lire aussi : L’Italie menace de fermer ses ports aux migrants
Jeudi, la Commission européenne a appelé l’Italie au calme. Son président Jean-Claude Juncker a rappelé que quelque 10,2 milliards d’euros ont été alloués à la gestion de la crise des réfugiés en 2016 et 2017. Que 300 gardes-côtes ont été déployés en Italie et 800 en Grèce. Il s’est dit, cependant, prêt à examiner comment « aller plus loin ».
Les préoccupations de Rome devraient faire l’objet d’une discussion approfondie entre les Vingt-Sept lors d’une réunion des ministres de l’intérieur prévue le 6 juillet à Tallinn, en Estonie.
Migrants : l'Europe face à un nouveau défi venu d'Afrique (13.06.2017)
Par Jean-Jacques Mevel Mis à jour le 13/06/2017 à 18:57
Publié le 13/06/2017 à 18:50
Des migrants sauvés en pleine Mer Méditerranée, le 18 juin,
au large de Lampedusa.
INFOGRAPHIES - L'Europe est confrontée à un nouveau défi
migratoire venu d'Afrique, avec un déferlement de réfugiés économiques.
Correspondant à Bruxelles
Comme à chaque printemps, les trois compteurs de l'exode
migratoire, de la honte en Méditerranée et des récriminations entre Européens
virent au rouge. En Italie, les débarquements de migrants sont en hausse de
plus de 40 %, soit 61.234 hommes, femmes et enfants depuis le début de l'année.
Au 9 juin, les naufrages avaient fait 1 622 noyés, morts ou disparus, d'après
l'Organisation internationale des migrations. Comme souvent l'UE y trouve
matière à des règlements de comptes internes, plutôt qu'à des réponses
décisives ou simplement concrètes.
En 2015, Angela Merkel et ses partenaires européens avaient
conclu une année calamiteuse en fermant la route des Balkans, puis en obtenant
de la Turquie qu'elle barre la mer Égée aux réfugiés de guerre, essentiellement
syriens. Un bon million était déjà passé. En 2016, les Vingt-Huit ont voulu
désamorcer l'autre déferlement migratoire - économique celui-là - venu
d'Afrique. Ils ont tenté d'appliquer la recette turque à la Libye, plaque
tournante des routes d'émigration qui partent de l'Ouest (Sénégal, Côte
d'Ivoire, Guinée, Nigeria) et de la Corne de l'Afrique.
Dans l'affaire, Ankara s'est révélé comme un partenaire
exigeant, mais fiable, à la surprise de beaucoup. C'est précisément ce qui fait défaut à Tripoli. La «bombe» africaine reste pour le moment sous contrôle, mais
la mèche est allumée. Elle risque à tout moment d'exploser, avec son cortège de
misère humaine et de retombées politiques. En Europe, les gouvernements
respirent après les revers de l'extrême-droite xénophobe. Mais ils auraient
tort de détourner le regard.
Le défi migratoire est aussi l'affaire d'une génération : en
2050, l'Afrique aura doublé sa population pour atteindre 2,5 milliards
d'habitants, le quart de la planète. Il y a peu de chance que la croissance y
rattrape la démographie. La chancelière Merkel vient justement de rappeler que
c'est d'abord une question de bonne gouvernance, d'emploi et d'investissements
européens à la hauteur.
En Libye, la perspective est sombre. Il y a six mois, un
Conseil européen s'était fixé comme but «d'endiguer les flux» pour l'été. C'est
raté, comme le constatera peut-être un autre sommet, convoqué le 22 juin. Cela
fait trois ans que les marines de guerre italienne puis européenne font des
ronds dans l'eau, à la limite des eaux territoriales libyennes. Épaulées par
les ONG, elles ont sauvé 36.000 quasi-naufragés, largués tout près de là par les
trafiquants négriers du XXIe siècle. Mais elles ne peuvent pas franchir la
ligne, ni en découdre directement avec les passeurs, leurs matériels et leurs
bases.
Une aide financière pour verrouiller les frontières
Au Nord, les Vingt-Huit ont commencé de former, entraîner et
équiper des dizaines de gardes-côtes libyens qui, comme leurs collègues turcs,
auraient la tâche que les Européens ne peuvent - ou ne veulent - pas assumer:
faire barrage. Au Sud, l'UE négocie avec cinq pays d'origine ou de transit - l'Éthiopie,
le Mali, le Nigeria, le Sénégal et surtout le Niger - des «conventions
migratoires» prenant modèle sur l'accord noué avec Ankara : une aide financière
contre un verrouillage des frontières à l'émigration.
D'autres réfléchissent à l'ouverture de camps sur le sol
africain même, confiés à des organisations humanitaires. Il s'agirait, comme en
Turquie, de retenir les candidats à la traversée et de faire le tri sur place
entre réfugiés et migrants économiques, ceux-là bien plus nombreux et voués au
retour à demeure. Les voisins de la Libye renâclent.
La Libye, déchirée entre factions surarmées, reste avec le
nord du Sahara un trou noir de l'action humanitaire. «L'insécurité est un
problème pour les migrants mais aussi pour toute l'assistance internationale,
confie le responsable d'une grande institution. En fait, nous sommes plus
libres de nos mouvements en Syrie et en Afghanistan.» Beaucoup mettent en doute
la loyauté des gardes-côtes locaux, subventionnés par l'UE, mais souvent
inféodés aux milices, aux potentats locaux et parfois même aux passeurs. D'une
organisation à l'autre, le chiffrage des candidats en attente de traversée vers
l'Italie varie de 300.000 à 1 million.
Le soupçon est que ceux qui les poussent au prix fort dans
des rafiots répondent aux mêmes ordres que ceux qui les rattrapent un peu plus
loin en mer. Entre deux tentatives, les migrants se retrouvent dans unetrentaine de «centres de détention», souvent à la merci du racket et del'esclavage sexuel. Moins de la moitié de ces camps ont pu être visités par le
HCR. L'Europe continue de vivre «dans une dangereuse fiction», constatait
récemment Arjan Hehenkamp, l'un des patrons de MSF.
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Une majorité d'Européens se disent contre l'immigration provenant de pays musulmans (11.02.2017)
Par Alexis Feertchak Mis à jour le 08/03/2017 à 17:09 Publié le 11/02/2017 à 12:48
Selon un sondage du think tank britannique Chatham House, 55% des Européens souhaiteraient suspendre l'entrée des immigrés venant des pays musulmans. Cette proportion s'élèverait à 61% chez les Français.
Avant que Donald Trump ne prenne son décret anti-immigration, dont la suspension a été confirmée par la Cour d'appel de San Francisco, le Royal Institute of International Affairs, think tank britannique fondé en 1920, plus connu sous le nom de Chatham House, a interrogé 10.000 Européens de dix États différents sur l'immigration provenant de pays musulmans.
Le sondage révèle que les Européens souhaiteraient suspendre l'immigration en provenance des pays de confession musulmane. Les Espagnols (41%) et les Britanniques (47%) seraient les seuls à ne pas franchir le seuil de la majorité. Avec 61%, la France arriverait après la Pologne (71%), l'Autriche (65%), la Belgique (64%) et la Hongrie (64%), mais devant l'Allemagne (53%).
Les personnes interrogées devaient répondre d'accord ou pas d'accord à cette formulation: «Toute nouvelle migration de pays principalement musulmans doit être arrêtée» («All further migration from mainly Muslim countries should be stopped», en anglais dans le texte).
Une opposition partagée par l'électorat de Donald Trump et les Européens
Comparant ces résultats avec le contexte outre-atlantique, les chercheurs Matthew Goodwin, Thomas Raines et David Cutts précisent dans leur rapport pour le Chatham House que «l'opposition à davantage d'immigration venant de pays majoritairement musulmans n'est en aucun cas confinée à l'électorat américain de Donald Trump, mais est largement partagée en Europe».
Le sondage de Chatham House montre également une différence notable en fonction de l'âge, de l'éducation et du lieu d'habitation. Ainsi, quand les 60 ans et plus sont 63% à accepter l'idée d'une telle interdiction de l'immigration venant des pays musulmans, les 18-29 ans ne sont que 44% à suivre cette idée.
Calais: pourquoi les migrants veulent-ils à tout prix aller
en Grande-Bretagne? (02.03.2016)
Mis à jour le 02/03/2016 à 17:42
Les migrants de certaines origines veulent se rendre en
Grande-Bretagne pour y rejoindre des membres de leurs communautés établies sur
place. Crédits photo :
PHILIPPE HUGUEN/AFP
François Hollande et David Cameron doivent évoquer ensemble
la situation à Calais lors d'un sommet bilatéral à Amiens. Les deux
gouvernements veulent enrayer la perception d'un «Eldorado» britannique pour
les migrants.
Correspondant à Londres
Le démantèlement de la «jungle» de Calais met déjà en
lumière de nouvelles filières de passage vers la Grande-Bretagne, notamment via
Cherbourg. Au prix parfois de leur vie, des milliers de réfugiés et de migrants
cherchent à traverser la Manche, dans l'espoir d'une nouvelle vie au Royaume-Uni.
C'est l'un des sujets à l'ordre du jour du sommet bilatéral entre François
Hollande et David Cameron, jeudi, à Amiens. L'Élysée veut renforcer les actions
communes en termes de sécurité des infrastructures portuaires et du tunnel, de
lutte contre le trafic d'êtres humains et sur l'amélioration des conditions
d'accueil des migrants.
» Un effet de loupe
Si l'on regarde les chiffres, le phénomène de migrants
massés dans le nord de la France dans l'espoir de traverser la frontière
britannique est marginal. Ce goulot d'étranglement concerne quelques milliers
de personnes sur plusieurs centaines de milliers d'arrivées en Europe. Plus
d'un million de migrants ont choisi de rester en Allemagne. La majorité de ceux
qui arrivent en France y restent. Il y a environ deux fois plus de demandes
d'asile en France qu'au Royaume-Uni, même si celles-ci y ont progressé de 29%
l'an dernier. Mais les Britanniques accordent l'asile à 40% des demandeurs en
moyenne, contre 25% en France.
» Un phénomène communautaire
Les migrants de certaines origines veulent se rendre en
Grande-Bretagne pour y rejoindre des membres de leurs communautés établies sur
place. C'est notamment le cas des Somaliens, Erythréens, Soudanais, Afghans,
Pakistanais ou Irakiens. Ils y ont parfois déjà des membres de leurs familles
ou savent qu'ils pourront y être accueillis. Il y a aussi une question de
langue: ils parlent souvent l'anglais, plus que le français.
» Un Eldorado économique en partie clandestin
Depuis trois ans, la reprise économique britannique agit
comme un facteur attractif. Avec un taux de chômage à 5%, elle crée beaucoup
d'emplois. Par ailleurs, il existe un vivier d'emplois non déclarés au
Royaume-Uni, dans les services, comme la restauration, l'agriculture, voire
certaines industries.
L'absence de papiers d'identité ou d'inspection du
travail facilite ce travail au noir, même si le gouvernement a renforcé les
contrôles sur les employeurs ou les propriétaires immobiliers qui permettent le
séjour de clandestins. Ceux qui parviennent à gagner l'«Eldorado» britannique
estiment qu'ils ont peu de chance de se faire arrêter et expulser.
» Changer les perceptions
Les autorités françaises veulent modifier les idées reçues,
et véhiculées par les passeurs, sur le Royaume-Uni pour tenter de tarir le
flux. Le renforcement de la sécurité de la frontière franco-britannique
décourage de plus en plus les candidats au voyage et le nombre de ceux qui y
réussissent a fortement chuté depuis l'été dernier. Il s'agit de répandre le
sentiment que ça ne sert à rien de tenter sa chance à Calais. Environ 3000
migrants ont accepté depuis octobre une relocalisation dans des centres
d'accueil ailleurs en France, dont certains auront renoncé à essayer de gagner
la Grande-Bretagne.
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