mercredi 26 juillet 2017

Radicalisation salafiste


    Les communes à la peine face à la radicalisation islamiste (10.04.2017)
    Radicalisation : une note décrit l'infiltration des salafistes dans les quartiers (07.04.2017)



    Les communes à la peine face à la radicalisation islamiste (10.04.2017)


    Mis à jour le 10/04/2017 à 21h59 | Publié le 10/04/2017 à 17h51

    VIDÉO - Les collectivités locales, bien placées pour repérer les dérives, devraient faire plus de prévention, selon un rapport rédigé par les sénateurs Jean-Marie Bockel et Luc Carvounas.

    Il y a urgence. Un nouveau rapport sénatorial sur «Les collectivités locales et la prévention de la radicalisation», proposé dans le cadre de la délégation sénatoriale aux collectivités territoriales et à la décentralisation, est sans appel: la France est face à une situation sociétale grave, celle d'une radicalisation islamiste devant laquelle les acteurs publics sont démunis. Le texte tire la sonnette d'alarme et incite plus que jamais l'État à mieux ordonner ses partenariats avec les collectivités locales pour faire face à ce phénomène.

    Le rapport rédigé par Jean-Marie Bockel et Luc Carvounas, respectivement sénateurs UDI du Haut-Rhin et socialiste du Val-de-Marne, pointe du doigt l'erreur des élus comme de l'État d'avoir pensé «les courants les plus fondamentalistes comme peu agressifs», à commencer par les salafistes. Au point que «leur présence a pu rassurer certains élus dans la mesure où ils pouvaient sembler participer du contrôle social de certains quartiers». Or «le poids des réseaux amicaux, sportifs ou associatifs dans la constitution de communautés salafistes radicalisées» serait «bien plus important que celui des convictions idéologiques».

    «Les collectivités locales sont les premières, confrontées aux difficultés liées au communautarisme ainsi qu'aux risques de radicalisation»

    Extrait du rapport

    Les collectivités locales sont ainsi les têtes de pont de la prévention contre la radicalisation. Elles sont en effet «le premier échelon de proximité des institutions, et le premier lieu d'accès aux valeurs républicaines. Ce sont elles qui, les premières, sont confrontées aux difficultés liées au communautarisme ainsi qu'aux risques de radicalisation. Le premier engendre une multiplicité de demandes qui peuvent paraître bénignes prises isolément, mais qui, considérées dans leur ensemble, font système et vont à l'encontre des principes qui régissent notre société. Le second peut déboucher sur une violence qui va directement à l'encontre de tout ce que représente les collectivités en termes de vie sociale et de communauté citoyenne». En ligne de mire, donc, la détection des signaux faibles que «les instruments juridiques de la répression pénale», notamment, «n'offrent pas la possibilité de saisir et de prendre en compte».
    Accès aux fichiers

    «71% des élus locaux interrogés affirment manquer d'information sur les risques induits par la radicalisation sur leur territoire»

    Extrait du rapport

    Les auteurs proposent «une prévention primaire», celle du contrôle des embauches, des partenariats associatifs et des subventions. Mais aussi «une prévention secondaire» en lien avec l'aide à l'enfance et «les services académiques», afin de détecter «la déscolarisation des enfants et, concomitamment, l'ouverture et le fonctionnement des écoles hors contrat». Ainsi se repose la question de l'accès aux fichiers par les élus locaux. «71 % de ceux interrogés affirment manquer d'information sur les risques induits par la radicalisation sur leur territoire». Le rapport insiste sur la nécessité «d'engager une réflexion sur la constitution d'un fichier spécialisé destiné à permettre aux présidents d'exécutifs locaux de disposer des informations nominatives nécessaires», «d'une structure d'échanges sur l'identification des individus radicalisés».

    Par ailleurs, les auteurs font clairement le lien entre bandes délinquantes et dérives radicales. «Les dérives de comportements à repérer et à traiter dans le cadre de la prévention de la radicalisation sont, dans une large mesure, équivalentes aux classiques problèmes d'incivilité», affirment-ils. Et d'inciter à calquer le modèle de la prévention de la radicalisation sur celui de prévention de la délinquance. Cela suppose une plus grande articulation avec l'État régalien. Il est donc proposé de créer des postes de référents «en lien avec les responsables de la prévention de la délinquance et avec [ceux] des services de l'État». Enfin, pour faire gagner du temps aux collectivités encore démunies de programme de prévention, il est préconisé «de mettre en place un protocole d'évaluation de certaines initiatives locales».

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    Radicalisation : une note décrit l'infiltration des salafistes dans les quartiers (07.04.2017)


      Mis à jour le 07/04/2017 à 14h15 | Publié le 06/04/2017 à 19h13

      La Direction centrale de la sécurité publique alerte sur «le développement de l'emprise religieuse dans les quartiers».

      «Régulièrement sont rapportées des pressions exercées dans les quartiers sur des résidents par des salafistes.» Une note de la Direction centrale de la sécurité publique (DSCP), dontLe Figaroa eu connaissance, alerte sur «le développement de l'emprise religieuse dans les quartiers». Ce document daté de la fin de l'année 2016 porte sur «l'ambiance dans les quartiers sensibles (hors Paris et petite couronne)».

      Ses rédacteurs pointent les «méthodes utilisées, par les salafistes notamment», évoquant «de véritables stratégies locales». Et la police de souligner les «pressions exercées sur les familles et notamment les femmes», mais aussi «le contrôle de l'offre commerciale en passant par la “conquête” des instances de représentation des quartiers».

      «Les commerces sont rachetés un à un, et une ambiance délétère s'installe, qui pousse les riverains à partir et à ­céder leurs biens, rachetés à vil prix. C'est un vrai système qui s'est mis en place»
      Daniel Dugléry, maire LR de Montluçon

      Autre mise en garde: «Dans le cadre du dispositif de prévention de la radicalisation, plusieurs personnes suivies par le service ont décidé de quitter leur logement pour s'installer dans les quartiers sensibles, “pour y vivre leur religion en toute tranquillité”», révèlent les analystes de la DCSP. L'opacité de certains quartiers offre ainsi la meilleure des protections contre le regard inquisiteur de l'État.

      Ce n'est plus seulement une affaire de mosquées. En France, le ministère de l'Intérieur a décidé depuis longtemps de resserrer le contrôle sur la centaine de lieux de culte susceptibles d'être perméables aux thèses rigoristes de cet «islam des origines». Ils représentent environ 5 % des 2.500 lieux de prière répertoriés dans l'Hexagone. Pour une mouvance de purs et durs estimée entre 20.000 et 40.000 croyants.

      Mais ces dernières années, le salafisme s'est insinué dans la vie économique et sociale des quartiers, avec une incroyable vivacité. Même dans une ville paisible comme Montluçon (Allier), on évoque un «climat changeant». «Je ne sais pas si c'est du salafisme, mais je constate depuis peu que le communautarisme gagne du terrain en ville. Les commerces sont rachetés un à un, et une ambiance délétère s'installe, qui pousse les riverains à partir et à céder leurs biens, rachetés à vil prix. C'est un vrai système qui s'est mis en place», déplore le maire LR de la ville, Daniel Dugléry.

      À Aulnay-sous-Bois, par exemple, un « fiché S »  a récemment réussi à se faire élire président de l'association des locataires de sa cité

      La «conquête» des instances de quartier par les salafistes évoquerait presque, quant à elle, les techniques d'entrisme de la gauche révolutionnaire. À Aulnay-sous-Bois, par exemple, un «fiché S» - individu faisant l'objet d'une mise en attention des services de renseignements - a récemment réussi à se faire élire président de l'association des locataires de sa cité.

      «Il a fait un superbe lobbying et personne ne se doutait de rien. Alors qu'il est parti en Syrie et qu'il s'est illustré à plusieurs reprises dans des faits de violence qui lui ont valu un contrôle judiciaire qu'il n'a même pas respecté», confie un officier de police. Le fonctionnaire l'assure: «Il y a d'autres cas, notamment dans la ville de Saint-Denis.» On comprend mieux l'enjeu pour les élus d'obtenir un minimum d'informations de l'État sur les «fichés S» dans leur commune…

       «Les policiers sont dépassés, car ils ne vivent plus dans les quartiers et ne savent plus bien ce qui s'y passe. Le salafisme gagne du terrain»
      François Pupponi, député maire socialiste de Sarcelles

      Le député maire socialiste de Sarcelles, François Pupponi, confirme ces évolutions «insidieuses». Au-delà d'une offensive en cours pour la prise contrôle de la troisième mosquée historique de sa ville, les salafistes infiltrent, selon lui, les milieux culturels. «Il y a quatre mois à peine, ils ont essayé de prendre le pouvoir à la MJC de Sarcelles!», assure l'édile.

      Il décrit ainsi un jeu de provocations et de séductions de «diverses personnes, qui, sous couvert d'associations de soutien scolaire, ont profité d'une assemblée générale pour improviser un vote bidon et déclarer le lendemain même à la préfecture qu'ils étaient les nouveaux patrons!»

      Pour François Pupponi, la situation est sans doute «plus grave» que ce que décrivent les rapports de police. Et pour cause, selon lui: «Les policiers sont dépassés, car ils ne vivent plus dans les quartiers et ne savent plus bien ce qui s'y passe.» Leur conclusion, en tout cas, rejoint celle des élus concernés: «Le salafisme gagne du terrain.»

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