Cinq choses à savoir sur Jules Siegfried, précurseur du logement social (30.07.2017)
Huit bénéficiaires du RSA sur dix orientés vers des dispositifs d'insertion (29.07.2017)
Une nouvelle politique de la mixité à imaginer pour « déghettoïser » les cités (29.07.2017)
Cinq choses à savoir sur Jules Siegfried, précurseur du
logement social (30.07.2017)
- Par Adrien
Gicquiau
- Mis à jour le 30/07/17 à 07:00
SAGA- Le Figaro immobilier vous propose de découvrir tout
au long de l’été dix grandes figures françaises de l’immobilier, en partenariat
avec le Crédit Foncier. Le quatrième épisode de cette saga est consacré à Jules
Siegfried.
Le nom de Jules Siegfried ne vous est peut-être pas
familier, pourtant cet homme a changé le quotidien de millions de Français en
démocratisant l’accès à un logement digne dans notre pays. Cet entrepreneur,
devenu député et conseiller général de la Seine-Inférieure de 1886 à 1922, a en
effet été le premier responsable politique à se mobiliser en faveur du
développement du logement
social. Le Figaro Immobilier vous propose sa sélection de cinq éléments
marquants sur cet homme de convictions et son héritage toujours très important
aujourd’hui.
1. Un combat politique: mettre fin aux taudis français
Au XIXe siècle, la Révolution industrielle entraîne un exode
rural important dans le pays. Entre 1851 et 1911, la population urbaine
française double et passe ainsi de 9 à 18 millions d’habitants dans les villes.
Cet afflux de population entraîne une grave pénurie de logements, notamment de
logements ouvriers, qui va de pair avec des conditions de vie déplorables.
L’insalubrité de nombreux logements engendre des épidémies meurtrières, comme
le choléra en 1832, ou la tuberculose qui fera des milliers de victimes entre
la fin du XIXème et le début du XXème siècles.
Entre 1878 et 1886, Jules Siegfried alors Maire du Havre, ville marquée par une forte
tradition ouvrière, est profondément préoccupé par la question sociale. Il
fonde dans sa ville le premier bureau d’hygiène de France, et fait construire
plusieurs cités ouvrières, permettant ainsi à de nombreux habitants d’accéder à
la propriété.
2. La loi Siegfried: première pierre d’une législation
sur l’habitat social
Après avoir été brièvement ministre du Commerce, de
l’industrie et des colonies entre 1892 et 1893, Jules Siegfried revient à la
Chambre et reprend son combat parlementaire. Il est le premier homme politique
à militer pour une intervention de l’État en vue de favoriser l’accession à la
propriété immobilière. En 1894, une loi portant son nom est votée, laquelle va
servir de premier cadre législatif en matière d’habitat social.
Cette loi signe la création des Sociétés d’Habitations à Bon
Marché (H.B.M.), et permet à la Caisse des Dépôts et aux Caisses d’épargne
d’utiliser leurs fonds pour financer les programmes de logements HBM. Elle
instaure donc pour la première fois un cadre légal afin d’inciter des
établissements bancaires à faciliter l’accession au logement des foyers les
plus modestes. Cette loi servira de base à toutes celles qui suivront.
3. Des HBM aux HLM
Le premier bilan de la loi Siegfried est très modeste:
seulement 3000 logements à bon marché sont construits de 1895 à 1903, par 109
sociétés. En 1912, elle est complétée par la loi Bonnevay, d’un député du
Rhône, qui permet l’intervention directe de l’État dans la construction de
logements sociaux. Cette loi entérine la création d’offices publics de HBM,
chargés de la construction des bâtiments et de l’aménagement des logements
sociaux.
Après la Seconde guerre mondiale, la politique de logement
social, autrefois axée exclusivement sur le logement ouvrier, vise désormais à
résoudre la pénurie généralisée d’habitations. Après 1945, la situation est en
effet catastrophique: 45% des logements sont surpeuplés, et 10% de la
population vit dans des locaux totalement insalubres. Pour répondre aux besoins
urgents d’habitats neufs, la loi du 21 juillet 1950 accélère la construction de
logements grâce aux primes et prêts à long terme du Crédit Foncier, et
transforme les HBM en Habitations à Loyer Modéré (HLM), qui répondent à des normes de
confort et de surface minimums.
4. Dans la lignée du combat de Siegfried, l’appel de
l’Abbé Pierre contre le mal logement
Tous ces dispositifs ne suffisent toutefois pas à répondre
aux besoins en nouveaux logements. Lors de l’hiver historiquement froid de
1954, l’abbé Pierre lance
le 1er février son célèbre appel sur les antennes de Radio-Luxembourg. L’appel
à «l’insurrection de la bonté» va profondément bouleverser la France et
provoquer un immense mouvement d’entraide dans le pays. Le gouvernement lance
alors un grand concours pour la réalisation de Logements économiques de
première nécessité (LEPN). Des cités d’urgence sont édifiées partout en France:
en tout plus de 12.000 logements sont érigés dans 220 villes.
5. Neuf millions de logements sociaux construits entre
1946 et 1975
L’action de l’abbé Pierre, qui s’appuie sur les organismes
d’HLM publics et privés, sera la deuxième temps fort de la politique du
logement social, après le premier pas de Siegfried. À la fin des années 1950,
la période de la reconstruction s’achève pour faire place à la construction
d’un futur «radieux». Pendant les Trente Glorieuses, la construction d’HLM bat
son plein. Des millions de logements sortent de terre en un temps record: de 12
millions de logements sociaux en 1946, on passe ainsi à 21 millions en 1975.
Aujourd’hui, la France en compte plus de 35 millions (chiffres
Insee pour 2016).
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Huit bénéficiaires du RSA sur dix orientés vers des
dispositifs d'insertion (29.07.2017)
- Par Camille Wong
- Publié le 29/07/2017 à 08:00
80% des allocataires du RSA socle sont orientés vers des
politiques d'insertion, en particulier dans l'emploi. En effet, 62% d'entre eux
suivent des dispositifs d'insertion professionnelle, contre 38% des parcours
sociaux.
En 2015, les bénéficiaires du revenu de solidarité
active (RSA) se sont majoritairement orientés vers des parcours
d'insertion. C'est en tout cas ce que révèle une enquête, publiée ce vendredi,
du service statistique des ministères sociaux. Environ 2,5 millions de Français
ont touché le RSA socle (ex-RMI, de 536,78 euros pour une personne seule et
sans enfant) en 2015, dont 98% ont en retour été soumis aux droits et devoirs du minima social. Parmi les impératifs dont doivent s'acquitter les
allocataires, s'orienter vers des parcours d'insertion professionnelle et/ou
sociale domine.
En effet, la loi de 2008-2009 généralise le RSA et réforme
surtout les politiques d'insertion, en vue de lutter contre la pauvreté et de
favoriser un retour à l'emploi des allocataires. Parmi eux, 8 sur 10 ont été
orientés vers un parcours d'insertion, les 20% restants étant notamment dus
«aux délais engendrés par les procédures d'orientation mises en place par
chacune des collectivités interrogées», note l'étude.
Dans le détail, les bénéficiaires du RSA se dirigent
majoritairement (62%) vers les parcours professionnels (formation,
emploi, etc.) contre 38% vers des parcours sociaux (santé, logement,
etc.). En outre, 43% d'entre eux ont eu comme référent un agent de Pôle
emploi. Plus précisément, les individus qui ont bénéficié depuis peu du RSA
(moins de six mois) se sont moins orientés que les autres. «En effet, la moitié
seulement des personnes entrées depuis moins de six mois, contre près des trois
quarts de celles ayant une ancienneté de six mois à un an», remarque la Drees.
Enfin, 85% des personnes qui ont perçu le RSA depuis plus de deux ans se sont
dirigées vers un parcours d'insertion.
5,6 milliards de reste à charge
Mais les politiques d'insertion diffèrent entre les
départements, et les taux aussi. Les collectivités ont du mal à assumer le
poids du financement de l'allocation, dont le reste à charge a augmenté avec
les années pour représenter, en 2016, pas moins de 5,6 milliards d'euros, le
taux de prise en charge par l'État ayant chuté à moins de 60%.
Depuis la décentralisation du dispositif en 2003 et
l'augmentation du nombre de bénéficiaires depuis la crise, l'Assemblée des départements
de France (ADF) bataille avec l'État pour
la renationalisation du minima. Le but est d'alléger le poids des dépenses des
départements et faire face à la baisse de dotation de l'État, ainsi que
d'harmoniser les politiques d'insertion. Le chef de l'État avait notamment
souhaité durant la campagne de le centraliser, sans toucher aux politiques
d'insertion des départements. Et cette année encore, l'ADF espère bien relancer
les discussions avec le nouvel exécutif. Reste à tomber d'accord sur le montant
de la soulte...
La rédaction vous conseille
Une nouvelle politique de la
mixité à imaginer pour « déghettoïser » les cités (29.07.2017)
A Chanteloup-les-Vignes, dix
années de travaux pharaoniques et 106 millions d’euros ont certes permis
d’embellir le quartier de la Noé, mais sans y réduire la pauvreté.
LE MONDE | 29.07.2017 à 06h46 •
Mis à jour le 30.07.2017 à 10h26 | Par Louise Couvelaire
Les frontières sont invisibles
mais immuables. A Chanteloup-les-Vignes, dans les Yvelines, les habitants leur
ont donné des noms. « Checkpoint Charlie », c’est ainsi qu’a été rebaptisée la
rue Edouard-Legrand, qui scinde en deux, à l’horizontale, la ville de 10 000
âmes bâtie à flanc de coteaux.
En « haut » : le village et ses
pavillons, habités par les plus nantis. En « bas » : la cité et ses immeubles
HLM, qui concentrent les plus pauvres. A l’est de cette partie basse : «
Melrose Place », mélange de modestes résidences privées et de logements sociaux
intermédiaires. A l’ouest : « Chicago », tout-béton-tout-HLM.
Les dix années de travaux
pharaoniques et les 106 millions d’euros investis pour « désenclaver » et «
déghéttoïser » le quartier de la Noé, rendu célèbre il y a un peu plus de vingt
ans par le film La Haine, de Mathieu Kassovitz, ont permis d’embellir le décor,
mais pas de réécrire le scénario.
Une promesse de campagne
La cité de béton imaginée par
l’architecte Emile Aillaud au début des années 1970 et autrefois entièrement
repliée sur elle-même est désormais plus aérée, plus verte, plus propre et
moins bétonnée. Mais elle conserve ses lignes de démarcation : « Les
populations précaires sont remplacées par des populations encore plus
précaires, tempête Catherine Arenou, maire (Les Républicains, LR) de la ville.
Nous recréons des poches de grande pauvreté avec de fortes concentrations
ethniques. J’ai l’impression d’écoper la mer à la petite cuillère. »
La réduction de la part de
logements sociaux – passée de plus de 80 % à un peu plus de 50 % – n’a pas
changé la donne. Ici, entre 80 % et 90 % des habitants sont issus de
l’immigration et le taux de chômage chez les jeunes reste supérieur à 50 %.
Alors que le premier volet du
programme national de rénovation urbaine (PNRU 1), lancé en 2004, s’achève et
que la seconde phase démarre (PNRU 2, jusqu’en 2024), le ministre...
La baisse, même modeste, de l’APL soulève un tollé (24.07.2017)
Le gouvernement veut réduire de 5 euros par mois les aides
au logement touchées par 6,5 millions de Français.
LE MONDE | 24.07.2017 à 10h38 • Mis à jour le 24.07.2017 à
11h16 | Par Bertrand Bissuel et Isabelle Rey-Lefebvre
Le ministre de la cohésion des territoires, Jacques Mézard,
à l’Assemblée, le 19 juillet.
« Injuste », « absurde », « brutal », « consternant ». Les
commentaires qu’a suscités l’annonce, samedi 22 juillet, par le gouvernement
d’une baisse, dès le 1er octobre, de 5 euros par mois de l’aide au logement,
versée à 6,5 millions de Français, sont cinglants. Ce sont les syndicats
étudiants, toujours vigilants et organisés, qui, malgré la torpeur de l’été,
ont réagi les premiers : « Il n’aura pas fallu deux mois avant que le
gouvernement s’attaque au porte-monnaie des 800 000 étudiants », dénonce la
FAGE. « Nous appelons le gouvernement à reculer sur cette mesure », a conclu
l’UNEF.
Les associations d’aide aux personnes démunies n’ont pas
tardé à prendre le relais : « Quel mauvais message pour les ménages modestes,
puisque je rappelle que l’aide au logement n’est versée qu’aux personnes dont
les revenus n’excèdent pas 1 000 euros par mois, juge Christophe Robert,
délégué général de la Fondation Abbé Pierre. Nous nous attendions plutôt à la
revalorisation de ces aides qui, depuis 2000, ont augmenté deux fois moins vite
que les loyers et trois fois moins que les charges. » « Alors que le nombre
d’expulsions bat des records, le gouvernement tape les plus pauvres », tonne
Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de l’association Droit au logement.
Tout le week-end, la mesure, qui devrait permettre
d’économiser 100 millions d’euros en 2017, a été fustigée, et mise en rapport
avec la baisse de l’impôt de solidarité sur la fortune, qui coûtera à l’Etat
entre 3 et 4 milliards d’euros. Sans que le gouvernement ne réagisse.
Réductions sous Hollande
Le sujet n’est pas nouveau. Cela fait longtemps que le
procès de la cherté des aides au logement – avec un coût de 18,5 milliards
d’euros, qui enfle chaque année de 400 à 500 millions –, et de leur effet
inflationniste sur certains loyers est instruit. Il est alimenté par de
multiples rapports qui tous reconnaissent cependant...
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http://www.lemonde.fr/logement/article/2017/07/24/la-baisse-meme-modeste-de-l-allocation-logement-souleve-un-tolle_5164202_1653445.html