Présidentielle au Kenya : l'opposition dénonce «une mascarade» (11.08.2017)
Kenya : Un policier tué par les Chebab (03.08.2017)
A une semaine des élections, un assassinat plonge le Kenya dans l’inquiétude (02.08.2017)
Kenya : la maison du vice-président attaquée par des hommes armés (29.07.2017)
« Dida », le petit candidat musulman qui se rêve président du Kenya (27.06.2017)
Kenya : Un policier tué par les Chebab (03.08.2017)
Kenya: condamnés pour l'agression d'une femme
"provocante" (19.07.2017)
Kenya: 5 morts pour libérer une otage (13.07.2017)
Présidentielle au Kenya: l'opposition dénonce «une
mascarade» (11.08.2017)
- Par Juliette Mickiewicz
- Publié le 11/08/2017 à 19:54
Selon toute probabilité, le président sortant Uhuru
Kenyatta devrait être réélu pour un mandat de cinq ans. Mais avant même la
proclamation officielle, l'opposition évoque des fraudes massives et affirme
que son candidat a gagné le scrutin.
Le Kenya attendait toujours, vendredi soir, les résultats
définitifs de l'élection présidentielle. Les chiffres provisoires, diffusés
jeudi, donnaient une
large victoire au président sortant Uhuru Kenyatta, avec près de
55 %, sur Raila Odinga.
Les missions d'observations électorales ont estimé que le
scrutin s'est déroulé dans de bonnes conditions et n'ont relevé aucune
irrégularité. Mais avant même la proclamation officielle, le candidat défait
Raila Odinga a contesté ces résultats et affirmé à plusieurs reprises, sans
apporter de preuve, qu'ils étaient faux.
Son parti l'a déclaré vainqueur du scrutin jeudi en disant
se baser sur des résultats transmis par «une source secrète», et a qualifié la
proclamation du vainqueur de la présidentielle de «mascarade». Affirmant qu'il
s'en remettait au «peuple», le parti a écarté l'idée de porter ses griefs en
justice. «Pour nous, aller en justice n'est pas une alternative. Nous sommes
passés par là dans le passé. Ce n'est pas une option», a déclaré James Orengo,
un des principaux leaders de la coalition du candidat de l'opposition. «A
chaque fois qu'une élection a été volée, le peuple kényan s'est levé pour faire
en sorte que des changements interviennent afin de faire du Kenya un meilleur
endroit».
«Un désastre»
L'opposition reproche notamment à la commission électorale
de s'apprêter à proclamer le vainqueur de la présidentielle de mardi sans
prendre le temps d'accéder à sa demande de vérifier l'ensemble des résultats et
d'avoir accès à ses serveurs informatiques. «Je pense que tout ça relève d'une
mascarade totale, c'est un désastre», a ajouté James Orengo.
En 2013, Raila Odinga, qui avait rejeté l'élection de Uhuru
Kenyatta dès le premier tour avec quelque 800.000 voix d'avance, s'était tourné
vers la Cour suprême, qui avait finalement validé les résultats. En 2007, la
contestation du résultat d'un précédent scrutin présidentiel par Raila
Odinga avait
plongé le Kenya dans un conflit ethnique meurtrier.
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Kenya : Un policier tué par les Chebab (03.08.2017)
- Par Le Figaro.fr avec Reuters
- Mis à jour le 03/08/2017 à 13:41
- Publié le 03/08/2017 à 13:32
Des islamistes du
groupe insurgé somalien Al Chebab ont attaqué aujourd'hui un poste de police du
nord du Kenya et abattu un agent, à quelques jours des élections générales du 8
août.
Les assaillants ont
atteint par des tirs de roquettes deux véhicules dans la localité de Lafey,
près de la frontière somalienne, avant que les policiers ne repoussent
l'attaque, a déclaré un responsable des forces de l'ordre.
» Lire aussi - Les
Chebab, des islamistes somaliens liés à al-Qaida
Les Kényans doivent
élire mardi leur président ainsi que les députés, les sénateurs et aussi des
responsables locaux. Le président sortant, Uhuru Kenyatta, brigue un second
mandat.
Les islamistes des
Chebab lancent fréquemment des attaques en territoire kényan pour tenter de
contraindre l'armée kenyane de se retirer de Somalie, où elle participe au
contingent de l'Amisom, la force de l'Union africaine déployée pour défendre le
pouvoir en place à Mogadiscio.
A une semaine des
élections, un assassinat plonge le Kenya dans l’inquiétude (02.08.2017)
Le 8 août, le pays
sera appelé à élire son président et ses députés. Mais l’un des plus hauts
dirigeants de la commission électorale indépendante vient d’être tué.
Par Bruno Meyerfeld
(contributeur Le Monde Afrique, Nairobi)
LE MONDE Le
02.08.2017 à 06h33 • Mis à jour le 02.08.2017 à 09h18
Christopher Msando,
membre de la commission électorale kényane, (ici, photographié le 6 juillet) a
été torturé et assassiné.
À la morgue de
Nairobi, lundi 31 juillet dans l’après-midi, il y avait plus de tristesse
encore qu’à l’habitude. Des pleurs. Des cris. Mais aussi des employés en
costume cravate au visage décomposé. Des journalistes nerveux, enchaînant les
directs. Et quelques électeurs inquiets, venus chercher des réponses.
Le Kenya est sous le
choc, le souffle coupé depuis l’annonce de l’assassinat d’un des plus hauts
dirigeants de la commission électorale indépendante (IEBC) du pays, Chris
Msando, une semaine seulement avant les élections générales prévues mardi 8
août.
« Nous ne nous
laisserons pas intimider »
Son corps sans vie,
retrouvé dans un buisson boueux près de Nairobi, avait été transporté vers la
capitale samedi par la police. Supplicié, les mains tailladées, l’avant-bras
cassé en deux, accompagné du cadavre dénudé d’une jeune femme. « Il n’y a aucun
doute : il a été torturé et assassiné », a tranché le président de l’IEBC, Wafula
Chebukati, submergé par l’émotion.
Que s’est-il passé ?
Que savait Msando ? Est-ce une bavure de la police ? Un complot pour faire
dérailler le scrutin ? Un énième assassinat politique ? Et pourquoi donc la
police a-t-elle mis plus de deux longues journées avant d’annoncer le décès ? À
Nairobi, personne ne sait. Ou, plutôt, personne ne veut savoir. Car chacun
craint déjà le pire.
Il n’en a pas fallu
davantage à l’opposition, menée par Raila Odinga et unie au sein de la Super
Alliance Nationale (NASA), pour voir dans le meurtre sordide un assassinat
politique. « Nous ne nous laisserons pas intimider », ont déclaré lundi ses
ténors dans une conférence de presse, voyant dans l’affaire « une tentative
pour planter un poignard dans le cœur des élections à venir et dans le cœur de
la démocratie kényane », orchestrée par « quelques individus souhaitant
s’accrocher au pouvoir ».
Kenya : la maison du
vice-président attaquée par des hommes armés (29.07.2017)
Par AFP — 29 juillet
2017 à 15:34 (mis à jour à 15:59)
La maison du vice-président
kényan William Ruto a été attaquée par des hommes armés samedi dans la région
d’Eldoret, dans le nord-ouest du Kenya, à dix jours d’élections générales qui
s’annoncent serrées et tendues.
William Ruto et sa famille ne se
trouvaient pas chez eux au moment de l’attaque, dont les motivations sont
inconnues et lors de laquelle un policier d’élite chargé de la sécurité a été
grièvement blessé, ont indiqué à l’AFP un haut responsable de la sécurité et un
policier sous couvert de l’anonymat.
«Des hommes armés ont lancé
une attaque, tiré sur un policier et volé son arme», a déclaré à l’AFP le
responsable de la sécurité. Des forces de sécurité «importantes» ont été
déployées et ont pénétré dans l’immense propriété, qui compte plusieurs
bâtiments. Ces forces ont entendu un coup de feu après leur arrivée et tentent
de déterminer si un ou plusieurs assaillants se trouvent toujours sur les
lieux. «Une opération sécuritaire est en cours», a précisé la
source policière.
William Ruto est le colistier du
président Uhuru Kenyatta pour les élections générales du 8 août, dix ans après
les pires violences électorales de l’histoire du Kenya indépendant (1 100
morts). La vallée du Rift, dans laquelle se trouve la région d’Eldoret, avait
été une des régions les plus affectées par ces violences fin 2007-début 2008.
Lors des élections d’août, qui
s’annonce serrées alors que la tension électorale est déjà très haute, MM.
Kenyatta et Ruto tenteront d’obtenir un second mandat face au candidat de
l’opposition, Raila Odinga, et son colistier, Kalonzo Musyoka.
De l’enfer d’être une femme en politique au Kenya (20.07.2017)
Pour les candidates aux prochaines élections générales du 8
août, impossible de faire campagne sans être constamment harcelées, injuriées,
violentées.
Par Bruno Meyerfeld (contributeur Le Monde Afrique, Nairobi)
LE MONDE Le 20.07.2017 à 17h52 • Mis à jour le 21.07.2017 à
06h54
Esther Passaris, femme d’affaires kényane et candidate à la
députation aux élections générales du 8 août 2017.
Nous sommes en direct sur la chaîne KTN. Le show du soir est
l’un des plus populaires de toute la télévision kényane. En ce 16 novembre
2016, l’avocat Miguna Miguna débat avec la femme d’affaires Esther Passaris.
Tous deux lorgnent sur le poste de gouverneur de Nairobi. Mais, rapidement, la
confrontation dérape. Miguna insulte sans retenue sa contradictrice : « Femme
sans aucune intégrité », « Bimbo mondaine cherchant la renommée juste pour
trouver des milliardaires pouvant prendre soin d’elle ». A la pause, hors
antenne, le torrent d’injures ne tarit pas : « Esther est tellement belle :
tout le monde veut la violer ! », lance Miguna, sourire aux lèvres, visiblement
fier de lui.
La scène, filmée par un téléphone portable et diffusée sur
les réseaux sociaux, avait alors soulevé une vague d’indignation au Kenya, où
des élections générales doivent avoir lieu le 8 août. Mais ce qui pourrait
apparaître comme un dérapage répugnant est en réalité la norme dans un pays
devenu un véritable enfer pour les femmes en politique. Six mois après
l’incident, rien n’a changé, estime Esther Passaris. « C’est toujours très
violent pour les femmes. J’ai l’impression que ces insultes ne cesseront jamais
», confie-t-elle.
Discréditer et humilier
Pour les candidates, la marche vers le pouvoir est un chemin
de croix. Impossible de faire campagne sans être constamment harcelée,
injuriée, violentée. A Nyeri (centre), une aspirante députée a expliqué au
quotidien Daily Nation être accueillie dans ses déplacements par des hordes de
mâles hurlant des insultes entrecoupées de gémissements sexuels, n’hésitant pas
à l’embrasser, à la gifler, à lui toucher les seins ou les fesses. Voire à la
déshabiller de force.
Ces techniques d’intimidation sont des plus courantes et ne
doivent rien au hasard. Organisées délibérément par les candidats masculins,
elles visent à discréditer et à humilier leurs adversaires. Nombre de
candidates disent ainsi recevoir régulièrement chantage et menaces de mort
envoyés directement par texto ou lancées à l’oral par ds compétiteurs qui ne
cherchent même pas à se cacher.
Lire aussi : Au
Kenya, sérieuses inquiétudes sur la tenue des élections générales du 8 août
Des mots aux actes, il n’y a qu’un pas. Ainsi, à Nyanza
(ouest), une députée sortante a-t-elle vu son garde du corps assassiné et sa
maison incendiée le jour de sa victoire aux primaires de son parti. Plusieurs
autres femmes disent également avoir été attaquées à coups de machette ou de
barre de fer par des bandes armées envoyées par leurs concurrents.
Quelques-unes ont fini à l’hôpital. Certaines, face à la passivité de la
police, ont renoncé à être candidates.
Qui imaginerait qu’il s’agit ici du pays de Wangari Maathaï,
première Africaine à recevoir en 2004 le prix Nobel de la paix et icône
mondiale du droit des femmes ? Le Kenya, autoproclamé Etat le plus progressiste
de la région, ne compte en réalité que 19,5 % de députées à l’Assemblée
nationale, soit 68 femmes pour 350 sièges. Un chiffre qui place Nairobi loin
derrière ses voisins régionaux, à commencer par le Rwanda, champion du monde,
avec 61 % de députées à la Chambre basse, mais aussi l’Ethiopie (38 %), le
Burundi (36 %), l’Ouganda (34 %) et même le Soudan du Sud (28 %) et la Somalie
(24 %), pourtant plongés dans la guerre civile.
Des institutions patriarcales
Ce 19,5 % est un chiffre trompeur. « L’immense majorité des
députées siège seulement grâce aux quotas mis en place par la Constitution »,
rappelle Yolande Bouka, chercheuse à l’université de Denver. La Constitution
garantit en effet une cinquantaine de sièges aux femmes. Sur les 68 députées de
l’Assemblée, seules 16 ont été élues en compétition avec les hommes. ». Hors
quota, la part des femmes tombe à 5,5 %.
Une situation affligeante, d’autant que « les femmes élues
grâce aux quotas ne disposent pas des mêmes droits que les autres représentants
élus “normalement”, poursuit Yolande Bouka. Par exemple, elles n’ont accès pas
au Fonds de développement de la circonscription [équivalent de la réserve
parlementaire]. De fait, la majorité des députées sont des élues de second
rang. »
Lire aussi : Au
Kenya, une série d’attentats pourrait compromettre la réélection du président
Kenyatta
« Pour être kényane et s’engager en politique, il faut être
Superwoman ! », tente d’en rire l’écrivaine Nanjala Nyabola. La raison,
estime-t-elle, est à chercher du côté des institutions patriarcales du pays. «
Au Kenya, les candidats aux élections sont d’abord sélectionnés par les conseils
traditionnels des anciens de chaque tribu, toujours dirigés par des hommes. Ils
sont plus importants que les partis politiques et désignent rarement des femmes
», note-t-elle.
Conséquence : « Les femmes sont historiquement considérées
comme des intruses venues se battre sur un terrain politique réservé aux hommes
», explique Yolande Bouka. Le facteur financier est également déterminant. Car
la politique coûte cher au Kenya : affiches, meetings ou pots-de-vin… il faut
tout payer soi-même. Or, selon le Global Gender Gap Report, le revenu des
Kényanes est d’un tiers inférieur à celui des hommes. Celles-ci ont par
ailleurs un accès limité à la terre ou au crédit bancaire. Impossible d’être
candidate sans l’appui financier, et donc sans l’accord de son conjoint.
En contradiction totale avec la Constitution
L’environnement médiatique n’est pas moins hostile. « Les
journalistes voient encore les femmes comme des objets de beauté !, enrage
Pamela Mburia, consultante en communication politique. On ne leur pose que des
questions sur leur mariage, leur style vestimentaire, leurs enfants… Les
journalistes publient des photos de leurs jambes en première page, leur font
des remarques sexistes. On ne les prend jamais au sérieux. »
Le scrutin à venir sera-t-il l’occasion d’un nouveau départ
? Cette année, deux à quatre femmes pourraient être élues gouverneure de comté
: une première. Ainsi, à Kirinyaga (centre), ce sont même deux candidates qui
partent favorites pour le poste : l’ex-ministre Anne Waiguru et l’ancienne candidate
à la présidentielle, Martha Karua. Plus au sud, à Bomet (Rift), Joyce Laboso,
vice-présidente de l’Assemblée nationale, est également bien placée pour
l’emporter.
Lire aussi : Au
Kenya, « les journalistes renoncent à écrire sur certains sujets de peur d’être
pris pour cible »
Mais ces quelques noms cachent une réalité plus sombre.
Ainsi, à la différence de la plupart des élections précédentes, aucune femme ne
participe à la course à la présidentielle de 2017. Selon des chiffres rendus
publics récemment par deux anciennes parlementaires, le nombre de candidates à
un poste électif aurait par ailleurs chuté depuis 2013 : elles seraient à peine
140 cette année contre… 2 367 hommes.
image:
http://s2.lemde.fr/image/2017/07/20/768x0/5163081_6_6a5b_l-ancienne-ministre-de-la-justice-2005-2009_d988d9a46a70462f98535ee9494d6e17.jpg
L’ancienne ministre de la justice (2005-2009) Martha Karua
fut candidate à la présidentielle en 2013.
La part des élues n’est donc pas près d’augmenter à
l’Assemblée nationale kényane, et ce en contradiction totale avec la
Constitution. Depuis 2010, celle-ci stipule en effet qu’aucun « genre » ne doit
accaparer plus des deux tiers des sièges du Parlement. Mais, en sept ans, les
députés n’ont jamais cru utile d’adopter une loi permettant l’application
concrète de la norme suprême du pays.
Les magistrats ont pourtant prévenu : une simple pétition
suffirait pour qu’à peine élue la future Assemblée soit déclarée inconstitutionnelle
et immédiatement dissoute. Une situation à laquelle ne croit malheureusement
pas Nanjala Nyabola. « Les députés trouveront bien une solution pour passer
par-dessus la loi, comme toujours… soupire l’écrivaine. Le Kenya n’est pas prêt
d’avoir une femme présidente. »
Par Le Figaro.fr avec AFPMis à jour le 19/07/2017 à 16:35
Publié le 19/07/2017 à 16:31
La justice kényane a condamné aujourd'hui trois hommes à la
prison à vie pour avoir déshabillé et agressé sexuellement une femme qu'ils
trouvaient vêtue de manière trop provocante.
Le jugement clôt une affaire qui avait fait descendre un
millier de personnes dans les rues de Nairobi en 2014 en vêtements moulants
pour dénoncer les agressions contre les femmes après la diffusion d'une vidéo
de l'attaque.
"Il est important de respecter la dignité d'une
femme", a déclaré le juge Francis Andayi en prononçant la sentence.
L'agression avait eu lieu en septembre 2014 dans une
station-service des environs de Nairobi. La victime avait été déshabillée de
force et agressée sexuellement, son téléphone et son argent lui avaient été
volés par la foule, le tout filmé et diffusé sur les réseaux sociaux.
Cette agression s'était inscrite dans une série visant des
femmes et avait déclenché une campagne de protestation sous le mot d'ordre
#MyDressMyChoice (je m'habille comme je veux).
Les trois agresseurs, Edward Gitau, Nicholas Mwangi et
Meshak Mwangi, ont été théoriquement condamnés à la peine de mort mais celle-ci
n'est plus appliquée au Kenya et ils devront passer le reste de leurs jours
derrière les barreaux.
Kenya: 5 morts pour libérer une otage (13.07.2017)
Mis à jour le 13/07/2017 à 22:07
Des membres présumés des islamistes radicaux shebab ont
brièvement enlevé ce jeudi une responsable du gouvernement kényan dans la
région côtière de Lamu (est) et une opération pour la libérer s'est soldée par
la mort de cinq personnes, a-t-on appris de sources sécuritaires.
Miriam El Maawy, qui dirige le département des travaux
publics au sein du ministère kényan des Infrastructures, a été enlevée par des
hommes armés sur une route vers 16H00 (13H00 GMT) et rapidement, une opération
conjointe de la police et de l'armée a été lancée à sa rescousse, selon un haut
responsable de la police kényane qui a souhaité garder l'anonymat. Le véhicule
dans lequel les assaillants ont emmené Mme El Maawy serait sorti de route alors
qu'il roulait à vive allure vers la frontière somalienne et une fusillade a
éclaté entre les kidnappeurs et les forces de sécurité arrivées sur les lieux.
Selon le haut responsable policier interrogé par l'AFP, quatre membres des
forces de sécurité et le garde du corps de Mme El Maawy ont péri dans l'échange
de coups de feu.
Le porte-parole de l'armée kényane Joseph Awuoth n'a de son
côté pas souhaité donner de précisions sur le bilan ou les circonstances
précises de l'attaque. Il a toutefois confirmé que Mme El Maawy avait été
secourue. Cette dernière a été transportée par avion à Nairobi pour y être
soignée mais on ignorait jeudi soir si elle souffrait de blessures liées à
l'accident lui-même ou à la fusillade. "Nous avons des victimes mais je
peux vous confirmer que Mme la Première secrétaire est sauve", a pour sa
part déclaré le chef de la police pour la région de Lamu, Larry Kieng. Les
shebab, un groupe islamiste somalien affilié à Al-Qaïda, ont multiplié ces
dernières semaines les attaques dans la région de Lamu, dans lesquelles plus de
20 policiers et une dizaine de civils ont été tués depuis mai.
Cette recrudescence d'attaques intervient à moins d'un mois
d'élections générales au Kenya, que les shebab prennent pour cible notamment en
raison de son intervention militaire dans le sud de la Somalie lancée en 2011
aux côtés d'autres contingents d'Afrique de l'Est. Depuis ce déploiement
destiné à éradiquer les shebab, le Kenya a été la cible de plusieurs attentats
meurtriers, notamment ceux du centre commercial Westgate à Nairobi (septembre
2013 - 67 morts) et de l'université de Garissa (avril 2015 - 148 morts). En
2014, une vague d'attaques armées des shebab avait fait près de 100 morts dans
la région de Lamu, entraînant l'effondrement de l'activité touristique dans
cette région côtière.
Au Kenya, sérieuses inquiétudes sur la tenue des élections
générales du 8 août (10.07.2017)
L’annulation surprise du contrat d’impression des bulletins
de vote et le décès brutal du ministre de l’intérieur ont plongé le pays dans
l’incertitude.
Par Bruno Meyerfeld (contributeur Le Monde Afrique, Nairobi)
LE MONDE Le 10.07.2017 à 14h34 • Mis à jour le 12.07.2017 à
09h38
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image:
http://s2.lemde.fr/image/2017/07/10/768x0/5158539_3_3da3_le-president-du-kenya-uhuru-kenyatta-en_2d7218c65f4a5adececb0fe9c0b33969.jpg
Le président du Kenya, Uhuru Kenyatta, en campagne
électorale à Nairobi, le 26 juin 2017.
Est-il encore possible de maintenir les élections générales
au Kenya, censées avoir lieu dans moins d’un mois ? La question se pose depuis
ce week-end à Nairobi, car une série d’événements imprévus a plongé le pays
dans l’incertitude quant à la tenue du scrutin du 8 août.
Vendredi 7 juillet, la Haute Cour de justice a annoncé
l’annulation pure et simple d’un contrat passé entre la Commission électorale
indépendante (IEBC) et une société de Dubaï, Al-Ghurair, portant sur
l’impression des bulletins de vote. La Cour a estimé que l’IEBC n’avait pas
suffisamment consulté l’ensemble des candidats avant d’attribuer ce juteux
marché de plus de 20 millions d’euros.
Un processus périlleux
La décision est une victoire inespérée pour l’opposition,
menée par Raila Odinga à la tête de la coalition Super alliance nationale
(NASA). Celle-ci, craignant de possibles fraudes électorales, dénonçait depuis
des semaines de supposées collusions entre la société d’impression de Dubaï et
Uhuru Kenyatta, le président sortant qui brigue un nouveau mandat, ainsi que sa
formation politique du parti Jubilee.
Le jugement est un camouflet pour la Commission électorale.
« La décision de la Haute Cour n’est pas claire. Nous ne comprenons pas ce que
les juges entendent par un supposé “manque de consultation”, déclare au Monde
Andrew Limo, chargé de la communication de l’IEBC. Mais le calendrier est formel.
Les bulletins doivent être imprimés le 18 juillet, pas plus tard. »
Lire aussi : Au Kenya, « les journalistes renoncent à écrire sur certains sujets de peur d’être pris pour cible »
La Commission se montre confiante. « Reporter le scrutin est
un scénario que nous n’envisageons pas pour le moment », assure M. Limo.
Pourtant, en l’absence des précieux bulletins, impossible d’affirmer avec
certitude que les Kényans pourront bien se rendre aux urnes. Samedi, l’IEBC a
annoncé l’organisation d’une réunion de consultation avec l’ensemble des
candidats à la présidentielle, et a déclaré faire appel en justice de la
décision.
« Il faut deux à trois semaines minimum pour imprimer,
vérifier et distribuer les millions de bulletins aux bureaux de vote du pays,
note ainsi Nic Cheeseman, professeur à l’université de Birmingham et
spécialiste du système électoral kényan. Les prochains jours seront donc
cruciaux. Si la Commission électorale perd en appel, celle-ci n’aura plus le
temps de sélectionner un autre imprimeur. Ce sera la fin de la présidentielle.
Il n’y aura pas d’autre choix que de reporter le scrutin. »
Dimanche, Uhuru Kenyatta s’est montré inflexible, dénonçant
une tentative d’« intimidation » de l’opposition et rejetant tout ajournement
de l’élection. Mais à peine remis de la décision de la Haute Cour, les
responsables politiques ont appris avec stupéfaction, samedi matin, le décès
brutal du puissant ministre de l’intérieur, Joseph Nkaissery.
Lire aussi : Au Kenya, une série d’attentats pourrait compromettre la réélection du président Kenyatta
Autoritaire et respecté, cet ancien général, devenu ministre
en 2014, était l’une des pièces maîtresses du dispositif de sécurité. « M.
Nkaissery est arrivé à un moment très difficile, juste après l’attaque du
Westgate de 2013 [67 morts] et alors que le Kenya était frappé par de nombreux
attentats, rappelle Rachid Abdi, spécialiste de la Corne de l’Afrique et
chercheur à l’International Crisis Group (ICG). Le fait qu’il n’y ait pas eu de
nouvelle attaque de grande ampleur depuis deux ans, c’est grâce à lui. Sous son
mandat, les forces de sécurité se sont professionnalisées, la coordination et
les services de renseignement se sont grandement améliorés. »
« Ce décès prématuré vient aussi à un moment critique pour
l’histoire du pays alors que nous approchons des élections générales », a
déclaré samedi M. Kenyatta, qui a souhaité « rassurer tous les Kényans sur le
fait que notre nation est en sécurité ». Dès samedi, sans attendre, le ministre
de l’éducation, Fred Matiang’i, un fidèle du président, a récupéré le
portefeuille.
Mais dix ans après les sanglantes violences post-électorales
de 2007-2008, chacun craint de voir le Kenya sombrer à nouveau dans le chaos. «
Il est de la responsabilité de tout un chacun de garantir le droit de voter en
son âme et conscience, et de pouvoir le faire en sécurité », a averti, début
juillet, Marietje Schaake, chef de la mission d’observation de l’Union
européenne dans le pays pour le scrutin.
Kenya: neuf personnes tuées par des shebab (08.07.2017)
Par Le Figaro.fr avec AFPMis à jour le 08/07/2017 à 11:19 Publié le 08/07/2017 à 11:17
Au moins neuf personnes ont été tuées par des militants jihadistes shebab présumés dans deux villages du sud-est du Kenya proches de la frontière somalienne, ont annoncé samedi les forces de sécurité locales.
Les attaques menées, selon la police, par des shebab se sont déroulées dans les villages de Jima et Pandaguo, dans le comté de Lamu, théâtre fréquent des activités des jihadistes somaliens, affiliés à Al-Qaïda.
"Neuf personnes ont été tuées, certaines par balles, d'autres égorgées", a indiqué sous couvert d'anonymat un responsable de la police locale, en précisant que toutes les victimes étaient des civils, alors qu'habituellement les shebab visent des policiers ou des militaires.
Un haut responsable de la police nationale à Nairobi a confirmé l'incident: "c'est vrai, nous avons eu neuf morts dans l'attaque de ce matin", a indiqué l'officier sans autre détail.
En début de semaine, trois policiers avaient été tués dans l'attaque d'un poste de police à Lamu, attribuée par les autorités aux shebab.
Lors d'une intervention à la télévision à la suite du décès à l'hôpital du ministre de l'Intérieur Joseph Nkaissery, le président Uhuru Kenyatta a évoqué "un regrettable incident ce matin, que nous sommes en train d'évaluer".
En annonçant la nomination du ministre de l'Education Fred Matiangi en intérim au poste de l'Intérieur, le président Kenyatta a souligné qu'il n'y aurait pas de "vide du pouvoir concernant la sécurité" dans le pays.
Le président Kenyatta est candidat à sa propre succession lors d'un scrutin présidentiel prévu le 8 août.
« Dida », le petit candidat musulman qui se rêve président du Kenya (27.06.2017)
Dans un pays à majorité chrétienne, Mohammed Abduba Dida, d’origine somali, se présente au scrutin du 8 août comme le champion de tous les « exclus ».
Par Bruno Meyerfeld (contributeur Le Monde Afrique, Nairobi)
LE MONDE Le 27.06.2017 à 17h57
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/06/27/dida-le-petit-candidat-musulman-qui-se-reve-president-du-kenya_5152009_3212.html
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/06/27/dida-le-petit-candidat-musulman-qui-se-reve-president-du-kenya_5152009_3212.html
Affiche de campagne de Mohammed Abduba Dida, candidat musulman à la présidentielle kényanne.
La scène se déroule il y a quelques jours à peine, en plein ramadan. Il est 19 heures : l’heure de l’iftar a sonné sur Nairobi. A l’Intercontinental, hôtel chic du centre-ville, on a organisé une soirée de rupture du jeûne. Les chefs de clan somali à la barbe fournie sourient à des jeunes femmes en hijab coloré, tapent dans le dos d’hommes d’affaires en costume brillant. On rit. On blague entre deux coups de fourchette. Dans cette grande salle sans fenêtre, à la moquette couleur sable, le monde musulman kényan goûte à un entre-soi bien sucré.
Lui, on l’a mis au premier rang. Bien en évidence. D’une main, il caresse sa barbiche. De l’autre, il salue ses amis, tendant sans restriction sa main baguée d’une pierre. Une oratrice l’interpelle depuis la tribune. « Cher candidat à la présidentielle ! » Salve d’applaudissements. Mohammed Abduba Dida n’en demandait pas tant.
Le peuple contre les élites
« Dida » est en campagne. Mais des huit challengers lancés dans la course à la State House, il est le seul musulman. Le seul aussi d’ethnie somali. Dans un pays à l’écrasante majorité chrétienne, sa candidature détonne. Il le sait. « Mais les Kényans peuvent créer la surprise, confie-t-il. Ils sont fatigués des fausses promesses. Ils veulent des gouvernants efficaces, peu importent leurs origines. »
En ce soir d’iftar, Dida savoure sa popularité en terrain connu. Mais pour le scrutin du 8 août, le « candidat musulman » se refuse à être le représentant de sa seule minorité – 11 % de la population, soit 4 à 5 millions de personnes, dont une bonne moitié de Somali. « La sécheresse, la...
Au Kenya, « les journalistes renoncent à écrire sur certains
sujets de peur d’être pris pour cible » (30.05.2017)
Otsieno Namwaya, chercheur chez HRW, explique la dégradation
de la liberté de la presse depuis l’accession au pouvoir, en 2013, d’Uhuru
Kenyatta.
Propos recueillis par Bruno Meyerfeld (contributeur Le Monde
Afrique, Nairobi)
LE MONDE Le 30.05.2017 à 09h04 • Mis à jour le 30.05.2017 à
09h45
Le président Uhuru Kenyatta lors d’un voyage en Somalie, le
22 février 2017.
La campagne est lancée. Dimanche 28 mai a été officiellement
ouverte la campagne pour les élections générales au Kenya, prévues le 8 août :
19 millions d’électeurs sont appelés aux urnes afin de désigner leur président,
leurs parlementaires, gouverneurs et représentants locaux.
Lire aussi :
Violentes primaires au Kenya
L’opposant historique Raila Odinga affrontera le chef de
l’Etat sortant Uhuru Kenyatta. Mais les défenseurs des droits humains sont
inquiets. Deux ONG, Human Rights Watch (HRW) et ARTICLE 19, publient
aujourd’hui un rapport préoccupant sur l’état de la liberté de la presse dans
le pays. Intitulé « ‘Not Worth The Risk’: Threats To Free Expression Ahead of
Kenya’s 2017 Elections » (« ‘Ça n’en vaut pas la peine’ : la liberté
d’expression en danger à l’approche des élections de 2017 au Kenya »), ce texte
d’une cinquantaine de pages détaille des cas gaves et nombreux d’intimidation,
de harcèlement, d’agressions et de meurtres de journalistes commis au Kenya ces
dernières années.
Basé à Nairobi, Otsieno Namwaya est chercheur auprès de HRW.
Il pointe les menaces pesant sur les droits humains depuis 2013 et l’arrivée au
pouvoir d’Uhuru Kenyatta.
Dans votre rapport, vous faites un constat très sombre de
l’état de la liberté de la presse. Quels sont les résultats de votre enquête ?
Otsieno Namwaya A deux mois des élections, l’environnement
est en effet extrêmement hostile pour les journalistes et les blogueurs
kényans. Ceux qui enquêtent sur la lutte contre le terrorisme, la corruption ou
la répartition des terres sont systématiquement menacés, qu’ils écrivent en
anglais ou en kiswahili, qu’ils habitent en province ou à Nairobi.
Nous avons documenté des menaces de mort, des arrestations
arbitraires et des tabassages en règle contre des journalistes,
vraisemblablement ordonnés par les autorités publiques. Au moins deux ont été
tués ces dernières années, tel John Kituyi, qui enquêtait sur les poursuites de
la Cour pénale internationale [aujourd’hui abandonnées] à l’encontre du
vice-président William Ruto. Il a été frappé par des hommes à moto, alors qu’il
rentrait chez lui, à Eldoret [vallée du Rift], en 2015.
Nous avons aussi le cas d’une blogueuse anti-corruption de
Nairobi, attaquée par un assaillant et qui a failli perdre son œil gauche. Ou
le cas d’un reporter d’Eldoret, écrivant sur la répartition des terres :
kidnappé, interrogé, menacé, drogué, il a été retrouvé inconscient à plus 40 km
de chez lui deux jours plus tard.
Les responsables de ces violences sont-ils jugés et
condamnés ?
Absolument pas. L’impunité est la règle. Aucun des cas
mentionnés dans le rapport n’a fait l’objet d’une enquête sérieuse de la
police. Les journalistes kényans renoncent aujourd’hui à écrire sur certains
sujets de peur d’être pris pour cible.
Ainsi, dans le nord du Rift, un photographe, Denis Otieno, a
été tué chez lui par des assaillants. Il était menacé après avoir pris des
photos de policiers qui avaient tiré et tué sur un chauffeur de moto-taxi de la
ville. La famille d’Otieno a porté plainte. Mais la police n’a interrogé
personne et l’enquête n’a jamais vraiment débuté.
Quelle est la responsabilité du président Uhuru Kenyatta
dans ces atteintes à la liberté de la presse ?
Elle est réelle, même si elle est partagée entre son
gouvernement et les autorités locales. Le Kenya avait autrefois une presse
relativement libre, surtout comparée aux régimes répressifs de la région comme
l’Ethiopie ou le Rwanda. Mais, depuis le début du mandat de Kenyatta, le pays
prend une direction très inquiétante. C’est un retour en arrière.
Le gouvernement actuel met une pression énorme sur les
médias. Lorsqu’un sujet sensible sort dans la presse, celui-ci n’hésite pas à
retirer des pages du journal la publicité publique afin de l’intimider. Et
souvent, ça marche. L’autocensure se répand.
Plus généralement, sous le mandat de Kenyatta, la situation
des droits humains s’est fortement détériorée avec des cas nombreux d’exactions
de la police, d’assassinats extrajudiciaires, d’intimidation des ONG, rapportés
notamment par HRW.
Pourtant, Kenyatta était l’un des invités d’honneur du G7 de
Taormine, en Italie, et reçu par les leaders du monde entier comme un dirigeant
respectable. Aujourd’hui, il est essentiel que les dirigeants étrangers mettent
la pression sur Kenyatta afin qu’il garantisse le respect des droits de l’homme
et d’élections transparentes.