Nigeria : 69 morts dans l’attaque d’une mission pétrolière par Boko Haram (28.07.2017)
Boko Haram, une bombe à fragmentation qui menace toute l’Afrique de l’Ouest (27/06/2017)
L'État islamique reprend en main Boko Haram (16.03.2017)
Nigeria : 69 morts dans l’attaque d’une mission pétrolière
par Boko Haram (28.07.2017)
Par AFP — 28 juillet 2017 à 02:02 (mis à jour le 29 juillet
2017 à 17:26)
Au moins 69 personnes ont trouvé la mort dans l’attaque d’un
convoi de prospection pétrolière dans le nord-est du Nigeria menée par le
groupe jihadiste nigérian Boko Haram, qui a diffusé pendant le week-end une
vidéo de trois membres de la mission pétrolière enlevés.
«Jusqu’à présent, le bilan s’élève à 69 morts», a déclaré un
travailleur humanitaire qui a pris part à la recherche des corps après
l’attaque de mardi, la plus sanglante cette année. Ce travailleur a assuré sous
couvert de l’anonymat que 19 soldats, 33 membres de milices civiles et 17
civils avaient été tués. «Le dernier corps a été retrouvé hier (vendredi) dans
la brousse du district de Geidam, dans l’Etat voisin de Yobe, à plusieurs
kilomètres des lieux de l’embuscade», a-t-il dit à l’AFP. «La victime, blessée
par balle, est visiblement morte après avoir marché pendant longtemps. Il
pourrait y avoir davantage de personnes dans le même cas retrouvées dans la
brousse.»
Selon une autre source proche de l’opération de secours, «70
personnes ou plus» sont mortes, et il n’est pas sûr que toutes les victimes aient
été retrouvées.
Les circonstances de l’embuscade tendue mardi aux gardes et
à l’équipe de la Nigerian National Petroleum Company (NNPC), accompagnés de
géologues de l’Université de Maiduguri, de retour d’une mission d’exploration
pétrolière, n’ont pas encore été éclaircies en raison du strict contrôle de
l’armée sur les accès au Borno, épicentre des violences de Boko Haram.
Aucun nouveau bilan n’a été fourni par l’armée, qui avait
reconnu mercredi la mort de dix personnes - neuf militaires et un civil - dans
l’attaque près de Magumeri, à 50 km au nord-ouest de Maiduguri, capitale de
l’Etat de Borno (nord-est). Vendredi, des sources médicales et humanitaires
avaient déclaré que l’embuscade avait fait au moins une cinquantaine de morts,
essentiellement parmi les soldats et miliciens escortant le convoi.
Ce bilan, particulièrement lourd, vient contredire les
affirmations du gouvernement donnant Boko Haram comme très affaibli.
Regain d’assurance de Boko Haram
Dans la vidéo de quatre minutes diffusée par le jihadistes,
trois hommes de l’Université de Maiduguri, la capitale de l’Etat du Borno,
appellent le gouvernement à accéder aux exigences des jihadistes afin qu’ils
soient libérés.
«Il s’agit bien de nos employés», a confirmé le porte-parole
de l’Université de Maiduguri, Danjuma Gambo, tout en annonçant à l’AFP qu’une
personne «manque encore à l’appel».
«Je demande au président par intérim Yemi Osinbajo de nous
venir en aide et d’accéder à leurs demandes», a déclaré l’un des hommes dans la
vidéo, précisant qu’elle avait été tournée vendredi. Il a attribué l’embuscade
à la faction de Boko Haram dirigée par Abou Mosab Al Barnaoui, fils du
fondateur du groupe, qui a promis d’attaquer l’armée et le gouvernement.
La spectaculaire attaque «est une confirmation de l’audace
et de l’assurance que Boko Haram a réussi à reprendre au cours des six
dernières semaines», a commenté Yan St-Pierre, du centre de recherches Modern
Security Consulting Group à Berlin. «Ils attaquent de plus en plus
d’avant-postes et de convois militaires. Le fait qu’ils s’en prennent à du
personnel de la NNPC montre qu’ils n’ont pas peur de représailles de l’armée
[...] Au fond, ils ont réussi à réunir assez de ressources, assez de matériel,
pour planifier des embuscades visant des cibles de choix».
Le groupe mène une insurrection sanglante depuis 2009, qui a
fait au moins 20 000 morts et plus de 2,6 millions de réfugiés et déplacés. Des
milliers de femmes et de filles ont été enlevées pour être mariées de force ou
commettre des attentats-suicides. Les hommes et les garçons ont été forcés à se
battre.
Vendredi, cinq personnes ont ainsi trouvé la mort quand deux
kamikazes se sont fait exploser dans un camp de déplacés à Dikwa, à 90 km à
l’est de Maiduguri.
Selon Babakura Kolo, membre d’une milice civile, les hommes
se sont fait passer pour des marchands venus acheter des céréales. A Bama, à 70
km au sud-est de Maiduguri, trois jeunes femmes sont mortes alors que leurs
explosifs ont été déclenchés prématurément, a-t-il raconté. «Une quatrième kamikaze,
une fillette de onze ans, a eu trop peur de déclencher son explosif. Elle a
réussi à enlever sa veste et à pénétrer dans la ville. Elle a été trouvée et
mise en détention.»
Nigeria : des membres d'une compagnie pétrolière enlevés (26.07.2017)
Mis à jour le 26/07/2017 à 12h42 |
Publié le 26/07/2017 à 12h31
Des membres d'une équipe
d'exploration pétrolière ont été enlevés dans le nord-est du Nigeria lors d'une
embuscade attribuée au groupe djihadiste Boko Haram, a annoncé aujourd'hui la
compagnie pétrolière nationale.
"Environ 10 employés du
service d'étude et de géologie de l'Université de Maiduguri ont été enlevés
hier", a déclaré à l'AFP Ndu Ughamadu, de la Nigerian National Petroleum
Corporation (NNPC). La NNPC avait engagé l'équipe pour mener des travaux de
recherche sur les activités d'exploration pétrolière qui se déroulent dans le
bassin du lac Tchad.
"Ils ont été kidnappés
autour du village de Jibi dans l'Etat de Borno après un affrontement entre
les agents de sécurité qui les accompagnaient et de présumés combattants de
Boko Haram", a-t-il ajouté.
L'équipe de prospection
travaillait dans la région de Magumeri depuis un mois, selon un membre du
personnel universitaire. "Il est clair que Boko Haram a étudié leurs
mouvements avant de les attaquer", a-t-il estimé sous couvert d'anonymat.
La production de pétrole est
concentrée dans le delta du Niger (sud) depuis 1956. Mais les attaques et
sabotages répétés de rebelles revendiquant un meilleur partage des ressources
ont poussé le gouvernement à prospecter ailleurs. Des explorations ont été
lancées sur un territoire allant de l'Etat de Benue (centre) au nord-est où
sévit Boko Haram.
LIRE AUSSI :
Nigeria : huit morts dans un attentat-suicide à Maiduguri (17.07.2017)
Une kamikaze s’est fait exploser lundi matin dans une
mosquée de cette ville du nord-est du Nigeria. Cette région du pays est
régulièrement visée par Boko Haram.
Le Monde.fr avec AFP Le 17.07.2017 à 11h59
Huit personnes ont été tuées et 15 autres blessées lundi 17
juillet dans un attentat-suicide commis par une femme dans une mosquée de
Maiduguri, la capitale de l’Etat du Borno, dans le nord-est du Nigeria,
régulièrement visée par des attentats du groupe djihadiste Boko Haram.
Une kamikaze s’est fait exploser dans une mosquée du
quartier London Ciki juste après la prière du matin, vers 5 h 30 (6 h 30, heure
française), a déclaré à l’Agence France-presse Ahmed Satomi, un responsable de
l’agence locale de gestion des urgences.
Lire notre série de reportages : Entre Maiduguri et Boko Haram, une lutte àmort
M. Satomi a précisé que la kamikaze était poursuivie par des
habitants du quartier, qui la suspectait de vouloir commettre un attentat : «
Quand elle s’est approchée de la mosquée, ils ont exigé qu’elle s’arrête pour
être fouillée, mais elle s’est subitement engouffrée dans la mosquée et a
déclenché ses explosifs. »
Principal mode opératoire de Boko Haram
Selon le responsable des urgences, deux autres incidents ont
été recensés à peu près au même moment en périphérie de Maiduguri. Deux femmes
kamikazes ont été tuées alors qu’elles essayaient de franchir les fossés qui
ont été creusés pour empêcher l’intrusion de Boko Haram dans la localité de
Mammanti. « Elles ont été aperçues par des soldats et des miliciens qui
surveillaient la zone. Ils ont tiré sur une, qui a explosé. L’explosion a
déclenché la bombe de l’autre » kamikaze. De même, une autre femme kamikaze
s’est fait exploser accidentellement en escaladant un talus de sable dans la
banlieue de Simari. « Elle est morte sans autre victime », a-t-il précisé.
Lundi dernier, au moins 19 personnes avaient déjà été tuées
et 23 autres blessées dans un quadruple attentat-suicide dans la capitale de
l’Etat du Borno, berceau de l’insurrection islamiste. Les attentats-suicides
sont devenus le principal mode opératoire de Boko Haram après huit années
d’insurrection sanglante dans le nord-est du Nigeria, qui a fait au moins 20
000 morts et plus de 2,6 millions de déplacés.
Nigeria: 15 morts dans un quadruple attentat (12.07.2017)
Par Le Figaro.fr avec AFP
Mis à jour le 12/07/2017 à 15h19 | Publié le 12/07/2017 à
15h03
Au moins quinze personnes ont été tuées dans un quadruple
attentat-suicide perpétrée par des femmes à Maiduguri, la capitale du nord-est
du Nigeria, régulièrement visée par le groupe jihadiste Boko Haram, a annoncé
aujourd'hui la police.
Quatre femmes kamikazes se sont fait exploser en différents
endroits du quartier Molai Kalemari mardi soir "tuant 19 personnes"
dont elles-mêmes, a déclaré à la presse le commissaire de police de l'Etat du
Borno, Damien Chukwu.
Selon le commissaire, la plupart des victimes sont des
membres de milices civiles, qui tiennent de nombreux postes de contrôle à
Maiduguri et participent à certaines opérations militaires pour combattre les
insurgés aux côtés de l'armée nigériane. "Au total, 23 personnes ont été
blessées", a-t-il ajouté, laissant entendre que le bilan pourrait
s'alourdir.
Bello Danbatta, porte-parole des groupes de milices civiles
("civilian JTF") et responsable de la sécurité à l'Agence de gestion
des urgences du Borno (Sema), a affirmé que ses hommes étaient visés, deux des
kamikazes ayant déclenché leurs explosifs à des postes de contrôle gérés par
des miliciens.
"En tout, nous avons perdu 12 hommes", a-t-il
déclaré. "Ils ont sacrifié leur vie pour protéger leur peuple et la vie et
les biens des citoyens de l'Etat de Borno".
"Si Dieu le veut, nous allons continuer à lutter contre
cette insurrection", a-t-il ajouté.
L’abattoir de Maiduguri, cœur saignant de l’Etat de Borno et vivier de recrues pour Boko Haram (29/06/2017)
A cause de la crise, on tue moins d’animaux dans le nord-est du Nigeria. Certaines petites mains des bouchers auraient rejoint la secte djihadiste.
Par Joan Tilouine (Maiduguri, Nigeria, envoyé spécial)
LE MONDE Le 29.06.2017 à 17h47 • Mis à jour le 29.06.2017 à 22h18
L’abattoir de Maiduguri a été quatre fois visé par une bombe, notamment en 2015. Beaucoup de jeunes y travaillent et certains, infiltrés, ont été séduits par Boko Haram.
On ne tue plus assez à Maiduguri. Et ça tracasse des centaines de jeunes gens dont c’est justement le métier. La plupart de ces petites mains du grand abattoir de la capitale de l’Etat de Borno, dans le nord-est du Nigeria, sont illettrées, pauvres et ont quitté les campagnes désolées qui entourent Gwoza, à 130 kilomètres de là, pour tenter leur chance en ville.
C’est le cas d’Aboubakar, 26 ans, regard affûté et corps costaud, perlé de sueur et de sang. Chaque jour depuis 2008, après la prière de l’aube, ce débrouillard enfile ses bottes et son débardeur usé pour aller découper de la viande, porter des carcasses et pousser des brouettes débordant de boyaux et de viscères. Il fait aussi les va-et-vient entre l’abattoir et le grand marché de Maiduguri, le Monday Market, visé par une série d’attentats. Un travail rude, éreintant et mal rémunéré.
« Boko Haram a tué le business »
« Personne ne m’a payé l’école et c’est tout ce que j’ai trouvé, dit-il entre deux corvées interrompues par le muezzin. Mais avec la crise, ça ne rapporte plus assez. Boko Haram a tué le business et, à Gwoza, ma famille est dans la misère, d’autres ont été tués. »
Sous d’immenses hangars au sol écarlate, les quatre maalem de l’abattoir sectionnent à la chaîne les veines jugulaires et les artères carotides des bêtes selon le rite musulman. Crise oblige, on n’abat plus qu’une centaine de vaches par jour, autant de chèvres et de moutons.
« Avant 2009, on faisait parfois trois cents vaches par jour et près de huit cents chèvres et moutons, car il y avait deux cent quarante mille bouchers enregistrés ici, issus de tout le Borno. Désormais, on en compte moins de dix mille, certains sont morts, d’autres ont arrêté à cause du conflit. On ne sait plus », dit dans un soupir Abubakar Gulla, le patron de l’abattoir, qui reçoit dans un local près de la petite mosquée et du salon de coiffure. « Avant la guerre, les acheteurs...
L’ACCÈS À LA TOTALITÉ DE L’ARTICLE
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/06/29/l-abattoir-de-maiduguri-c-ur-saignant-de-l-etat-de-borno-et-vivier-de-recrues-pour-boko-haram_5153244_3212.html
Entre Maiduguri et Boko Haram, une lutte à mort (3/5). Eclaté en plusieurs factions, le groupe djihadiste né au Nigeria cherche à étendre son champ d’action.
Par Joan Tilouine (Maiduguri, Nigeria, envoyé spécial)
LE MONDE Le 27.06.2017 à 19h20 • Mis à jour le 27.06.2017 à 19h24
Après un attentat-suicide à Maiduguri, le 8 juin 2017.
« Celui qui dit “le conflit est fini” ment. Boko Haram est loin d’être mort. » Dans son fastueux bureau, au premier étage d’une grande villa surprotégée de Maiduguri, Kashim Shettima, le gouverneur de l’Etat de Borno, dans le nord-est du Nigeria, ne peut que contredire l’armée et le chef de l’Etat. Ceux-ci ont annoncé à plusieurs reprises avoir « défait techniquement » le groupe terroriste qui, en 2009, après l’assassinat de son fondateur, Mohamed Yusuf, par les forces de sécurité, avait lancé depuis cette même ville son djihad meurtrier.
Le gouverneur Shettima se montre préoccupé à la lecture d’un rapport confidentiel recensant la longue liste des derniers « incidents » – au moins un par semaine. La « saison » des attentats-suicides, interrompue entre septembre et janvier, a en effet repris de plus belle à Maiduguri, même si le nombre de victimes est en diminution. Les forces de sécurité viennent de démanteler deux unités de fabrication d’explosifs en plein centre-ville, ce qui ravive la crainte d’attentats de grande ampleur.
Maiduguri fait toujours figure de citadelle assiégée dans cette région dévastée par la mort de plus de 20 000 personnes et qui compte plus de 2,6 millions de déplacés depuis le début du conflit. Dans le territoire de cet Etat grand comme deux fois la Belgique, frontalier du Tchad, du Cameroun et du Niger, de nombreux espaces échappent toujours au contrôle de l’armée. Les djihadistes continuent de se déplacer, de se ravitailler, de s’introduire dans les réseaux économiques et d’opérer militairement.
Le Borno, « province » de l’Etat islamique
Si Boko Haram a pu sembler affaibli, c’est parce qu’il a éclaté en plusieurs factions. Le mouvement djihadiste, dépourvu de commandement central, se divise désormais en deux ou trois groupes. Selon plusieurs sources, ces factions discuteraient depuis mars d’une éventuelle réunification sous la houlette d’un certain Mamman Nur.
On sait...
L’ACCÈS À LA TOTALITÉ DE L’ARTICLE EST PROT
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A Maïduguri, au Nigeria, l’amour au temps de Boko Haram (15.02.2017)
La Saint-Valentin a été célébrée dans la ville qui a vu naître la secte terroriste avec la même ferveur que dans beaucoup d’autres parties du monde.
Le Monde.fr avec AFP Le 15.02.2017 à 10h53 • Mis à jour le 22.03.2017 à 10h56
A l’occasion de la Saint-Valentin, des Nigerians dansent dans un hôtel de Maiduguri, le 14 février 2017.
Audu Suleiman Salomon est tombé amoureux de Lucy au premier regard, assure-t-il. Mais il a mis cinq ans à convaincre sa douce de le rejoindre, à Maïduguri, le cœur de l’insurrection de la secte islamiste nigériane Boko Haram.
Quelques mois plus tard, il épousait la femme de sa vie. C’était « le 24 octobre 2015 », lance-t-il avec fierté. En ce jour de Saint-Valentin, un nouveau-né dans le porte-bébé, ils sont venus immortaliser leur amour dans un studio photo poussiéreux du centre de la capitale de l’Etat du Borno, en proie aux attentats et aux attaques sanglantes depuis près de huit ans.
Ce 14 février, le studio de photographie ne désemplit pas. Les employés impriment les clichés à la chaîne ou les envoient en copie numérique. Accoudés au comptoir, couples et familles unies attendent, impatients d’afficher enfin leur amour sur les murs de leur salon ou de leur profil Facebook. Ces murs, ternis par l’humidité, seraient presque une parenthèse enchantée : le reste de la région souffre toujours de la guerre et de la faim. Le conflit a fait 20 000 morts depuis 2009 et 2,6 millions de personnes ont fui leur foyer.
En un coup de Photoshop, les génies de l’image transportent leurs modèles de la journée dans un appartement de luxe ou dans les sous-bois de Central Park. Il n’y qu’à choisir son décor. « L’amour est important, nous avons eu à affronter beaucoup d’épreuves ici, surtout au niveau de la sécurité », explique Audu Suleiman Salomon devant les yeux admiratifs de son épouse. « Il y a beaucoup de déplacés. Mais si les familles sont déplacées ensemble, si elles peuvent rester unies, je pense que même le manque de sécurité n’est pas une épreuve. »
Sous la loi coranique de la charia
Evangeline, Sira et Helen sont venues entre copines pour se faire tirer le portrait. Leurs petits amis n’ont pas pu se libérer. « Mon fiancé est en voyage, mais où qu’il soit, je sais qu’il est en train de célébrer avec moi », confie Helen, les traits maquillés et habillée d’une robe jaune.
En un clic, les clichés sont envoyés directement sur WhatsApp à l’autre bout du pays. « La crise n’aide vraiment pas [à entretenir des relations amoureuses]. Mais, aujourd’hui, nous voulons oublier les problèmes et célébrer », explique son amie Sira.
Lire aussi : BokoHaram perd du terrain au Nigeria
La Saint-Valentin est loin d’être une fête traditionnelle dans le nord-est du Nigeria, où les musulmans, majoritaires dans le Borno, vivent sous la loi coranique de la charia. La secte Boko Haram, fondée par Mohamed Yusuf au début des années 2000 à Maïduguri, voulait imposer un mode de vie ascétique, dans une ville réputée assez libre dans la région. « Mais les gens se sont habitués peu à peu à fêter la Saint-Valentin », explique le propriétaire du studio, Sani Danladi, à l’AFP. « Avant, personne ne savait ce que c’était. Avec les réseaux sociaux, c’est partout. Alors, ils copient, sans même savoir d’où ça vient. »
Et ce n’est pas le petit businessman qui s’en plaindra. « C’est bon pour les affaires, j’aime beaucoup cette journée ! » s’amuse-t-il, satisfait que les grands rituels de la société de consommation occidentale soient adoptés dans cette partie du monde.
En hidjab ou en robes moulantes
Même si « la Saint-Valentin est pour tout le monde, chrétiens et musulmans », comme l’affirme un autre père de famille venu se faire tirer le portrait avec son épouse et ses deux filles, il est toujours plus facile de parler d’amour et surtout de le montrer dans la minorité chrétienne de la région.
Dans les quelques bars de la ville, on organise des fêtes « spéciales Saint-Valentin » dès l’après-midi pour profiter des bières et des basses avant le couvre-feu obligatoire de 22 heures. Au Lac Chad Hôtel ou au Pinnacle, les filles, en hidjab ou en robes moulantes, fument et flirtent, sous les regards habitués de leurs amis. « Ce n’est pas un crime de venir chercher un petit ami », s’indigne Joy, jolie étudiante, née dans le sud du Borno. « On vit dans un monde libre, non ? » ajoute-t-elle, comme si l’on pouvait en douter. Joy a peut-être grandi en temps de guerre, et sous les interdits des extrémistes, mais cela ne l’empêche pas de rêver du prince charmant.
« Un jour, je veux me marier au meilleur et au plus extraordinaire des hommes. Il m’aimera, m’adorera, me chérira, et nous aurons une belle maison. » Elle hésite. « Et aussi, j’ouvrirai ma propre entreprise. » Même à Maïduguri, les contes de fées changent avec le temps.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/02/15/a-maiduguri-au-nigeria-l-amour-au-temps-de-boko-haram_5079919_3212.html#ivkFsLh4SJjoFWJt.99
Boko Haram n’a été « chassé de nulle part », affirme son chef historique (29.12.2016)
Dans une vidéo publiée jeudi, Abubakar Shekau affirme que le groupe djihadiste se trouve toujours dans la forêt de Sambisa, un de ses derniers bastions.
Le Monde.fr avec AFP Le 29.12.2016 à 14h31 • Mis à jour le 29.12.2016 à 15h47
Un véhicule militaire nigérian à Bama, le 8 décembre.
Le chef historique de Boko Haram, Abubakar Shekau, a diffusé jeudi 29 décembre une nouvelle vidéo dans laquelle il conteste les affirmations du gouvernement nigérian selon lesquelles le groupe jihadiste a été chassé de la forêt de Sambisa, un de ses derniers bastions dans le nord-est du pays.
« Nous sommes en sécurité, nous n’avons été chassés de nulle part. Et les tactiques et les stratégies ne peuvent pas révéler notre position, sauf si Allah le veut », affirme Shekau, entouré de combattants cagoulés et armés, dans une vidéo de 25 minutes.
Lire aussi : Boko Haram perd du terrain au Nigeria
Le président nigérian Muhammadu Buhari avait déclaré samedi 24 décembre que l’armée avait « écrasé » Boko Haram dans la forêt de Sambisa, où l’armée mène des opérations depuis plusieurs mois.
« Vous n’avez pas encore de répit »
Shekau, annoncé mort à de nombreuses reprises par les autorités nigérianes, apparaît en bonne santé physique sur cette nouvelle vidéo. « Vous ne devriez pas mentir aux gens. Si vous nous avez écrasés, comment pouvez-vous me voir ainsi ? Combien de fois nous avez-vous tués ? », fanfaronne le chef rebelle.
Shekau ne précise pas où il se trouve, mais affirme que la vidéo a été tournée le 25 décembre, jour de Noël. S’exprimant tour à tour en arabe et en haoussa, il profère de nouvelles menaces contre l’armée et les Nigérians. « Vos soldats veulent avoir un répit, c’est pourquoi ils ont dit qu’ils ont terminé le travail », ajoute-t-il. « La guerre n’est pas terminée (…) Oh peuple du Nigeria, vous n’avez pas encore de répit ».
Lire aussi : Dans le nord-est du Nigeria, un demi-million d’enfants menacés par la faim
L’annonce de la reprise de la forêt de Sambisa était une des rares bonnes nouvelles pour l’administration Buhari en cette fin d’année, au moment où le pays traverse d’importantes difficultés économiques. Après plusieurs revers militaires, de nombreux combattants fidèles à Shekau s’étaient retranchés dans cette forêt de quelque 1 300 km², située dans l’Etat du Borno.
L’année dernière déjà, le gouvernement nigérian avait annoncé que la secte était « techniquement vaincue », après avoir perdu de larges pans de territoire face à l’armée nigériane et ses alliés régionaux. Mais les islamistes poursuivent des attaques ciblées et des attentats meurtriers, principalement contre des civils.
Selon des spécialistes des questions de sécurité, Boko Haram s’est scindé en deux cette année, avec une faction dirigée par Abubakar Shekau, qui opère dans la forêt de Sambisa, et l’autre, alliée à l’Etat islamique et dirigée par Abu Musab al Barnawi, qui est basée dans le bassin du lac Tchad.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/12/29/boko-haram-n-a-ete-chasse-de-nulle-part-affirme-son-chef_5055343_3212.html#HtDYMEqgwR3oqFoF.99
Nigeria : Boko Haram, un péril toujours présent (16.05.2016)
Un sommet régional s’est tenu à Abuja, la capitale nigériane, pour mieux lutter contre la secte djihadiste qui, bien qu’en recul, conserve un certain pouvoir de nuisance dans la région du lac Tchad.
Par Aymeric Janier
LE MONDE Le 16.05.2016 à 07h36
Conférence de presse commune à l’issue du sommet régional consacré à la lutte contre Boko Haram, à Abuja, le 14 mai. De gauche à droite, les présidents Mahamadou Issoufou (Niger), François Hollande (France), Muhammadu Buhari (Nigeria), Idriss Déby Itno (Tchad) et Paul Biya (Cameroun).
Ces dernières années, à grand renfort de déclarations tonitruantes, les responsables politiques et militaires nigérians ont plusieurs fois annoncé sa fin imminente. Las ! La secte djihadiste Boko Haram, toujours vivante, poursuit son œuvre macabre.
Certes, les résultats obtenus par le gouvernement de Muhammadu Buhari contre le groupe terroriste sont « impressionnants », a estimé le président français, François Hollande, samedi, lors d’un sommet régional à Abuja. Néanmoins, il demeure une « menace ». BBC
Depuis le déclenchement de son insurrection armée, en 2009 (soit sept ans après sa naissance, en opposition à l’éducation occidentale, considérée comme un péché), Boko Haram est responsable de la mort de près de 20 000 personnes.
Sa violence a également poussé 2,2 millions de citoyens sur les chemins de l’exil.Ces déplacements forcés de populations ne sont pas étrangers à la crise alimentaire qui sévit dans le bassin du lac Tchad et touche près de 4,2 millions d’individus.Pour se soustraire à l’emprise du groupe, notamment à son appétence mortifère pour les enlèvements de masse, de nombreux Nigérians ont été contraints de fuir vers les pays environnants – le Cameroun, le Tchad et le Niger. CNN
Mais ce qui préoccupe le plus la communauté internationale, à commencer par le Conseil de sécurité des Nations unies, ce sont les liens étroits entre Boko Haram et l’organisation Etat islamique (à laquelle les zélotes d’Abubakar Shekau ont prêté serment d’allégeance en mars 2015). The Independent
Eu égard à la volatilité géopolitique qui prévaut en Afrique subsaharienne, le mouvement nigérian, qui, depuis son ralliement à l’EI, a pris le nom de Wilayat d’Afrique de l’Ouest, peut-il être vaincu ? s’interroge Al-Jazira.
Pour Vincent Foucher, analyste à l’International Crisis Group, la bataille ne se gagnera pas seulement par les armes, mais aussi – et avant
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/05/16/nigeria-boko-haram-un-peril-toujours-present_4920107_3212.html#4R028Ob6wV3KtKlt.99
Mis à jour le 16/03/2017 à 18h48 | Publié le 16/03/2017 à 18h25
L'État islamique reprend en main Boko Haram (16.03.2017)
Par Tanguy
Berthemet
Mis à jour le 16/03/2017 à 18h48 | Publié le 16/03/2017 à 18h25
INFOGRAPHIE - Le groupe
djihadiste, responsable de meurtres et d'enlèvements, a aussi souvent recours
aux femmes ou parfois aux très jeunes enfants comme kamikazes. Il poursuit
l'insurrection lancée il y a huit ans au Nigeria dans le but de créer un califat.
La vidéo ne dure que quelques
minutes, mais c'est encore trop. Diffusée
lundi par les islamistes nigérians de Boko Haram, on y voit trois hommes,
revêtus de combinaisons orange, être interrogés devant un drapeau de l'État
islamique (EI), puis être exécutés au sabre dans une plaine sinistre. Ces
images, qui suivent parfaitement les «codes» mis en place par l'EI, sont les
premières du genre dans la région. Boko Haram avait déjà mis en ligne de très
nombreuses vidéos d'exécutions, au point de créer un véritable bréviaire des
méthodes les plus ignobles de tuer son prochain, mais jamais ces publications
ne s'étaient autant inspirées du groupe irako-syrien. Pour plusieurs
spécialistes, l'objectif est avant tout de faire «une démonstration de force»,
au moment où le mouvement recule sur le terrain et étale ses divisions internes.
La scission au sein de Boko Haram
couvait en fait depuis le ralliement du groupe à l'EI en août 2015, sous
le nom de Jama'at Ahl al-Sunnah Lil-Dawa wal-Jihad (la Province d'Afrique de
l'Ouest de l'Organisation de l'État islamique). Cette première grosse prise de
l'EI en Afrique - et à ce jour la seule - ne s'est pas passée sans heurts. En
août dernier, les
luttes ont éclaté au grand jour avec l'annonce du limogeage du chef de Boko
Haram Abubakar Shekau par la désormais maison-mère. Dans al-Nabaa,
l'une des publications officielles de groupe, l'EI bombardait à la tête de sa
filiale africaine Abou Moussab al-Barnawi, nommé nouveau wali (gouverneur).
Quelques jours plus tard, Shekau réaffirmait,
dans un message audio, sa prédominance, s'en prenant à la direction de l'EI,
sans toutefois couper les ponts.
Un vétéran du terrorisme
«La rupture semble liée à des
questions doctrinaires, mais tient aussi à des valeurs plus pragmatiques»,
souligne Marc-Antoine Pérouse de Monclos, chercheur à l'Institut de recherche
pour le développement (IRD). L'extrême opacité de Boko Haram rend les raisons
de ce combat de chefs assez mystérieuses. Les dirigeants de l'EI, selon les
publications du groupe, reprochent au très fantasque Shekau son
extrême violence envers les populations musulmanes et un manque de stratégie
globale.
Le choix d'Abou Moussab
al-Barnawi semble confirmer cette hypothèse. L'homme, ancien porte-parole
officieux du groupe, apparaît plus réfléchi et plus ambitieux. Pour asseoir son
autorité, il peut compter sur la réputation, jamais confirmée, d'être le fils
de Mohammed Yusuf, le fondateur de Boko Haram, mort en 2009. Surtout, il serait
secondé par Mamman Nour, l'un des rares djihadistes locaux d'envergure. Mal
connu, cet Arabe, qui serait d'origine tchadienne ou camerounaise, est un
vétéran du terrorisme et dispose d'un petit réseau international, notamment
auprès d'Aqmi, la filiale d'al-Qaida au Sahel, et auprès des Somaliens
d'al-Chebab. Il aurait ainsi permis aux Nigérians de nouer un temps des
contacts logistiques avec les djihadistes du Sahel et en Libye, voire de
bénéficier d'un entraînement. Mais plusieurs experts doutent cependant que ces
liens soient très solides. «Il faut limiter les capacités de Nour sur ce plan.
Ces contacts internationaux datent un peu», assure une source.
La certitude est que Mamman Nour
est plus dans la ligne de l'EI. Il avait quitté Boko Haram en 2012 pour
rejoindre Ansaru, reprochant déjà à Shekau sa dérive et le traitement réservé
aux populations locales. Ansaru, aujourd'hui largement démantelé, s'était
illustré en enlevant plusieurs Occidentaux, notamment le Français Francis
Collomp. Mamman Nour est aussi considéré comme le cerveau de l'attentat
contre le siège de l'ONU à Abuja en 2011, seule attaque massive
anti-occidentale jamais enregistrée au Nigeria.
Dans ce duel fratricide, la
faction conduite par Abou Moussab al-Barnawi semble avoir pris le dessus sur
celle de Shekau. La plupart des responsables lui obéiraient, même si la très
faible hiérarchisation de Boko Haram limite ce pouvoir. Shekau aurait, lui,
perdu de son influence, ne pouvant plus compter que sur une partie de ses
hommes, selon les services de renseignements nigérians.
Les djihadistes reculent sur
le terrain
Ce
déclin, et la reprise en main par l'EI, serait lié aux doutes permanents
qui planent sur l'état de santé de Shekau, voire à sa mort pure et simple. «On
ne doit pas non plus exagérer l'autorité de l'EI au Nigeria. Boko Haram est
loin d'être un mouvement homogène. On constate d'ailleurs que, pour l'instant,
la nomination de Barnawi n'a entraîné aucun changement majeur ni sur la méthode
ni sur la conduite des choses», continue la source.
Sur
le recul depuis deux ans, les islamistes continuent de perdre du terrain.
Depuis leur apogée en 2014, où ils contrôlaient une large part de l'État de
Borno, dans le nord-est du Nigeria, les djihadistes ont massivement reculé.
L'élection du président Muhammadu
Buhari en mars 2015 a été suivie de trois vastes offensives des
troupes nigérianes qui ont ainsi largement repris la forêt de Sambisa, sanctuaire
du groupe, et détruit en décembre le Camp Zairo, la base logistique du groupe.
Boko Haram conserve cependant une
réelle capacité de nuisance, comme l'a montré l'affrontement en avril 2016
près de Karelto, qui aurait fait près de 100 morts parmi les soldats nigérians.
«La force de Boko Haram a été rognée, c'est certain. Mais le mouvement garde
une capacité de nuisance. En annonçant la quasi-victoire, sans être contredit,
le gouvernement a surtout gagné la bataille de la communication», souligne Marc-Antoine
Pérouse de Monclos. En imposant sa marque en Afrique, l'État islamique a lui
aussi marqué des points sur ce plan.
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