Avant-propos
Un islam intégriste, xénophobe et prosélyte est à l’œuvre dans notre pays comme dans toutes les autres nations occidentales à forte minorité musulmane. Les gardiens de cette pensée veulent appliquer à la lettre des textes écrits au VIIe siècle et qui en portent profondément l’empreinte. Dans cette approche, le Coran (censé être la parole de Dieu), la sunna (vie et paroles de Mahomet selon la tradition) et la charia (code de conduite et code pénal musulman) coulent dans le bronze des pratiques inhumaines. Les femmes sont les premières cibles et les premières victimes de cet islam militant.
De cette religion, nous avions une idée bien vague jusqu’à la révolution iranienne de 1979. [...] Ma génération a donc découvert l’islam avec effroi lors de la création d’une théocratie qui a recouvert les femmes de noir, a multiplié les interdits et réintroduit des châtiments moyenâgeux. Un régime marqué par l’arbitraire, les tortures et les exécutions. Le couronnement de ces années de régression sera l’arrivée du président Ahmadinejad, ouvertement antisémite, qui nie le génocide et appelle à la destruction d’Israël.
L’autre irruption de l’islam dans l’actualité, à la même époque, c’est le terrorisme. Lorsque se produisent des attentats, une condamnation équivoque sort de la bouche des porte-parole musulmans d’Europe : « Le terrorisme, ce n’est pas l’islam », nous assènent-ils. Il faut les croire sur parole, même si les terroristes invoquent des versets du Coran – le même que le leur – pour justifier leurs meurtres.
Le terrorisme, il est rare que ces leaders entreprennent la moindre action pour le combattre. Ils préfèrent de beaucoup rabâ- cher sans trêve cette injonction : « Cessez de faire l’amalgame entre musulmans et terroristes. » La dénonciation de « l’amalgame » a même donné lieu ici ou là en Europe à quelques manifestations.
Or cette ligne de défense a fini, bien plus que le 11 septembre, par alimenter une certaine méfiance. Le fondement majeur de celle-ci, ce sont les idées véhiculées par les porte-voix religieux qui donnent en Suisse comme ailleurs une image détestable de leur religion et induisent des comportements inacceptables dans nos sociétés.
La pression de ces intégristes ne cesse de défier nos démocraties et nos conquêtes féministes.
Que prêchent ces imams, porte-parole, responsables de mosquées ou d’associations culturelles et cultuelles ? Que Dieu a créé les femmes pour mettre au monde des enfants, un maximum et de préférence des garçons. Que Dieu a créé les hommes pour fonder, entretenir et diriger la famille. Que celles-ci sont inférieures à ceux-ci, raison pour laquelle les maris, pères et frères ordonnent leur conduite et les contrôlent. La petite fille doit couvrir ses cheveux et son corps dès la puberté, rester vierge et étroitement surveillée jusqu’au mariage. Elle n’a pas le droit d’épouser un chrétien ou un juif, à l’inverse de l’homme, et ni l’un ni l’autre ne peuvent convoler avec un athée. Leur Dieu autorise la polygamie, jusqu’à quatre épouses, auxquelles peuvent s’ajouter selon le Coran des esclaves et des concubines. L’épouse, elle, est condamnée à «appartenir» à un seul homme. Avortement et homosexualité sont interdits. Et personne n’a le droit de quitter l’islam pour une autre religion, car toutes les autres sont condamnables. L’Occident, ses libertés et ses valeurs sont considérés comme décadents et dangereux.
La charia prévoit des châtiments extrêmes contre les transgresseurs, dont la mort pour les homosexuels et les apostats, l’amputation pour les voleurs, la lapidation pour les couples adultères. Cette lapidation que les intégristes ne peuvent se résoudre à condamner, puisque leur Prophète – modèle infaillible – en a ordonné au moins deux.
Pour ces rétrogrades, tout musulman est tenu de se muer en prosélyte et de faire en sorte – dans une société où l’islam est minoritaire – que sa religion soit de plus en plus visible. Le foulard joue un rôle majeur dans cet objectif. Sur un mode mineur, on a trouvé, par hasard, le minaret.
Tant que les musulmans sont minoritaires, ces intégristes et leurs leaders sont globalement d’accord de respecter les lois, tout en faisant des pressions incessantes pour obtenir des accommodements conformes à leur doctrine et élargir leur champ d’influence. L’islam pour eux est l’avenir de l’humanité tout entière.
Évidemment, notre société rejetterait avec force tout mouvement qui affirmerait aussi clairement ces idées. Les intégristes l’ont compris. Pour tout à la fois défendre leurs convictions et ne pas s’attirer les foudres des démocrates, ils ont appris à naviguer. Ils mènent leur combat aussi loin que l’autorisent nos démocraties tout en veillant à rester à couvert, et surtout à ne pas décourager les amis progressistes et la droite humaniste qui volent sans trêve à leur secours.
On les entend à l’occasion des péripéties qui émaillent l’actualité développer des propos flous, renvoyer leurs interlocuteurs à leur ignorance de l’islam, voire refuser de s’exprimer. Ou carrément, comme Hani Ramadan, directeur du Centre islamique de Genève, se référer à la lettre de ses textes religieux, et écrire dans de petits opuscules des idées où l’absurdité le dispute au fanatisme.
Les résultats de cette pensée archaïque sont là. Toute l’Europe fait face à de nouveaux fléaux, dont les femmes sont souvent les premières victimes : assassinat de jeunes filles qui ont choisi la liberté, extension incroyable du foulard et de l’habit couvrant tout le corps, apparition des «nikabs» ou «burkas » qui cachent le visage, mariages forcés, condamnation à mort de critiques de l’islam (surtout s’ils sont musulmans), demandes de dispenses de cours, exigence de certificats de virginité, reconstruction d’hymen, etc.
Le degré de civilisation d’une société se mesure à l’aune du statut de ses femmes, soit à la place réservée à la moitié de ses membres.Qui est aussi la moitié de l’humanité. À cette aune, nos sociétés sont sans conteste les plus civilisées. L’intégrisme islamique en est l’extrême contraire. Or son avancée, dans les démocraties, paraît inexorable.
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