En exergue de votre livre, vous citez cette phrase de Jean-François Revel «En donnant l'assaut à un ennemi qui n'existe plus, on peut se dire qu'on remplit son devoir de défenseur de la liberté, ce qui dispense de l'accomplir face aux menaces concrètes, actuelles et réelles qui la mettent en péril, mais qui sont évidemment beaucoup plus difficiles à contrecarrer.». Pourquoi ce choix?
Michèle Tribalat : J'admire beaucoup Jean-François Revel qui a écrit un livre magnifique : La connaissance inutile. Cette citation s'applique fort bien au débat sur «les statistiques ethniques» dans lequel on croit pouvoir rejouer autrement une bataille depuis longtemps terminée. Faire revivre les spectres d'anciens ennemis permet de triompher à peu de frais. Si vous devez affronter Pétain et ses sbires encore aujourd'hui, c'est que vous êtes en quelque sorte un résistant. Cela vous place tout de suite du bon côté, même si le danger est inexistant. C'est ce que fait Hervé Le Bras lorsqu'il écrit, dans Marianne et les lapins (pp. 34): «je trouverai bientôt face à moi un courant que, pour faire vite, on peut qualifier de “pétainiste”».
C'est aussi une manière de disqualifier l'adversaire. Qui pourrait avoir envie aujourd'hui de défendre des pétainistes? Ça fonctionne donc aussi comme une mise en garde contre toute velléité d'aller voir ce qui se trouve vraiment du côté de l'ennemi désigné. C'est une sorte de mise en quarantaine de la partie adverse.
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Voir aussi Réflexions sur l'immigration et la démographie.