mardi 11 juillet 2017

Insoumis, laïcité et islamisme

La France insoumise = "danger pour notre démocratie", ose Valls (04.07.2017)
"Nous ne sommes rien, soyons tout", clament les Insoumis de Mélenchon place de la République (04.07.2017)
Le retour des gauchistes (30/06/2017)



Danièle Obono, viv(r)e la France (09.07.2017)
Par Elise Godeau — 9 juillet 2017 à 17:06
http://www.liberation.fr/france/2017/07/09/daniele-obono-vivre-la-france_1582687
Née au Gabon, la députée insoumise de Paris s’est vu reprocher son soutien à la liberté d’expression de rappeurs chantant «Nique la France».

La brick chèvre-miel qu’elle a commandée est en train de refroidir. A 14 h 30, ce dernier jour de juin, Danièle Obono a faim, mais pas assez pour préférer les nourritures terrestres. Parler concepts, pensée et militantisme lui fait oublier son estomac, végétarien «depuis huit mois». La députée mélenchoniste a donné rendez-vous dans un restaurant du XVIIIe arrondissement, son «QG non officiel» pendant la campagne des législatives. Dans cette circonscription populaire du nord de la capitale, elle a battu de peu son adversaire de La République en marche. Le sortant, le socialiste Daniel Vaillant, était en place depuis quinze ans. Obono assure qu’elle n’en fera pas autant, parle d’une «phase» de son engagement politique. «Tâchons déjà de faire un mandat, dit-elle en souriant. On est ultraminoritaires à l’Assemblée…» Dix-sept insoumis au total. «On ne pourra pas rester anonymes longtemps», remarque notre interlocutrice, dont le baptême du feu médiatique a déjà eu lieu. C’était trois jours après son élection, à la radio. Pour se racheter d’avoir soutenu en 2012 un groupe de rap ayant chanté «nique la France», on la somme de dire «vive la France». Elle proteste légitimement devant l’incongruité de la requête, et dans les heures qui suivent, la fachosphère s’excite. La néophyte, bibliothécaire de profession, ne réalise pas immédiatement le potentiel polémique de la séquence. Après l’émission, «les copains» lui disent juste : «T’as été bien, mais tu aurais peut-être dû mieux parler. T’as dit "meuf".» En fait, ce n’est pas le niveau de langue qui en a dérangé certains. Mais Danièle Obono est née au Gabon, il y a bientôt trente-sept ans, et elle est noire. «Ils voulaient m’entendre dire que j’étais reconnaissante de mon parcours», analyse l’intéressée avec le recul, en haussant les épaules.

Longtemps, elle n’a pas envisagé sa couleur de peau comme une «identité politique». Militante altermondialiste à la vingtaine, elle s’engage à la Ligue communiste révolutionnaire, futur NPA, «après 2002». «J’étais si bien intégrée qu’ils ne se rendaient pas compte que j’étais noire. Ils voyaient plus le rapport entre un Noir pauvre et un Blanc pauvre qu’entre Condoleezza Rice et moi. J’ai fini par sentir l’altérité. Il y avait un "eux" et un "moi".» C’est le début d’un combat de plus, l’antiracisme. Dans le sillon de la polémique «vive la France», d’aucuns l’ont accusée d’être trop proche du controversé Parti des indigènes de la République (PIR). Elle a assisté au dixième anniversaire du PIR mais n’en est pas membre. Jean-Michel Apathie lui a, de son côté, reproché sa «sécheresse humaine», traçant un lien incompréhensible entre «nique la France» et les attentats. Si la vague terroriste a été «un traumatisme pour tout le monde», dixit l’élue, elle assume de ne pas avoir défilé dans les rues de Paris le 11 janvier 2015. Une position politique autant qu’idéologique : «Qu’elle est violente cette injonction à avoir la bonne manière de réagir, à dire comment il faut pleurer, à quel moment il faut applaudir ou se lever pour chanter !»

Danièle Obono a grandi à Libreville, dans une famille de la «petite bourgeoisie gabonaise». La mère, le père et les quatre filles vivent dans une «maison en dur». Après la séparation des parents quand elle a 6 ou 7 ans, l’histoire du père devient floue. Sa fille réfléchit : «Je crois qu’il a été directeur d’hôtel pendant un temps. Il était opposant politique.» Il a été candidat à la présidentielle en 1998, mais elle n’en parle pas. «Il a plein d’autres enfants», voilà.

La mère, elle, était secrétaire à Air Gabon. Danièle Obono a vécu une dizaine d’années dans son pays de naissance avant l’arrivée en France, à Montpellier, pour l’entrée au collège. «Une décennie qui peut expliquer l’articulation des mots en "isme" que je porte sans contradiction, médite-t-elle. J’ai tiré de mon environnement l’idée qu’on peut être plein de trucs en même temps.» Démonstration avec la religion : mère catholique, père plutôt protestant, «mais on fêtait aussi l’Aïd en famille, car le père d’une de mes sœurs était musulman. Et tout ce petit monde était aussi animiste», s’amuse celle qui n’a «plus besoin de la religion aujourd’hui». Reste un souvenir plus récent en la matière, un jour de raout catholique à Rome : «J’ai regardé tous les évêques. Il n’y avait que des vieux mecs blancs, ça m’avait interpellée.» Aujourd’hui, elle est «agnostique plutôt qu’athée, s’il faut trouver une étiquette». Elle en a un paquet, d’étiquettes. Les fameux mots en «isme». Marxisme, trotskisme, internationalisme, anti-impérialisme, afroféminisme, antiracisme…

Ses idées ont fini par la mener au Front de gauche en 2011, l’année où elle est naturalisée française. Un transfert logique, selon elle : «Mon évolution s’inscrit dans l’évolution des débats des gauches radicales.» En interne, au NPA comme au Front de gauche, elle a souvent eu un point de vue minoritaire. «Etre en désaccord ne me pose pas de problème.» Une de ses proches, Brune Seban, confirme : «Elle a l’habitude de défendre son opinion à elle, y compris dans un contexte collectif.» Et l’amie, à présent assistante parlementaire d’Obono, d’ajouter : «Elle est courageuse.»

Avec Jean-Luc Mélenchon, la députée de Paris n’est pas d’accord sur tout. «On n’a pas le même rapport à la puissance française, par exemple. Mais on peut se battre ensemble sur des choses même si on part de points de vue différents. Un souverainiste et une internationaliste peuvent tous deux plaider pour un développement endogène des outre-mers. Se référer au plus petit dénominateur commun pour mettre tout le monde d’accord, c’est une vision appauvrissante.» Danièle Obono est doctorante à l’Ecole des hautes études en sciences sociales. Sa thèse porte sur les mouvements sociaux et démocratiques au Nigeria. Avant de passer les concours de la fonction publique il y a une poignée d’années, la trentenaire a un peu «galéré», «comme plein de gens». «Je me débrouillais pour trouver des plans logement quand j’étais au chômedu». Une fois bibliothécaire, son salaire de «1 700 ou 1 800 euros» lui a permis de trouver son appartement actuel : 31 mètres carrés dans le XIXe arrondissement. Elle gagne désormais 7 000 euros par mois, plus les avantages de la fonction : «Je commence à comprendre l’impact des conditions matérielles des députés, les assistants qui vous règlent vos problèmes… C’est super bizarre de payer des gens. Je me sens complètement déstructurée ces jours-ci.» Quand arrive une question sur sa vie privée. Danièle Obono retrouve la petite voix qu’elle avait au moment des présentations. Elle est célibataire, n’a pas d’enfant et «il n’y a pas grand-chose à dire». Il y a un monde à refaire.


12 juillet 1980 Naissance à Libreville. 2002 Adhère à la Ligue communiste révolutionnaire. 2011 Rejoint le Front de gauche, est naturalisée française. 18 juin 2017 Elue députée de Paris.

VIDEO - La France insoumise = "danger pour notre démocratie", ose Valls (04.07.2017)

Manuel Valls a expliqué ce mardi 4 juillet, dans "Bourdin direct" sur BFMTV et RMC, que les candidats aux législatives de la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon étaient "dangereux pour notre démocratie et pour la République".
Il se présente comme le sauveur. Victorieux d'une courte tête aux élections législatives dans l'Essonne face à Farida Amrani, candidate de la France insoumise - qui conteste le résultat -, Manuel Valls a expliqué ce mardi 4 juillet sur BFMTV et RMC à quel point les électeurs d'Evry, et la France avec eux, avaient échappé grâce à lui à une terrible menace :

"Je ne voulais pas laisser cette circonscription dans la main de gens que je considère dangereux pour notre démocratie et pour la République".

"La France insoumise se compromet avec les islamistes"

"Qui est dangereux, la France insoumise ?", relance Jean-Jacques Bourdin. "Oui, les candidats de la France insoumise, (dangereux) pour une certaine vision de la République, pour cette République forte, pour une certaine idée de la France…", assène l'ex-Premier ministre.

Pour preuve, Manuel Valls cite : "La campagne qui a été menée contre moi au nom même des idées que je défendais, sur la République, la laïcité, l'égalité entre les hommes et les femmes, oui je pense que c'était un projet dangereux…"

"Vous avez dit : 'la France insoumise se compromet avec les islamistes'", veut encore expliciter le journaliste. Réponse de Manuel Valls : "Oui, je le pense, d'une manière générale et pas que dans cette circonscription (…) Je l'ai vu surle terrain, en tout cas un déni de refus d'un certain nombre de soutiens…"


Vous reprendrez bien un petit tour de guerre des gauches ?

"Nous ne sommes rien, soyons tout", clament les Insoumis de Mélenchon place de la République (04.07.2017)

Par Robin Gabaston
Publié le 04/07/2017 à 11:06

Les Insoumis n'ont pas digéré la dernière macronade.

[Commentaire blog : La reprise du slogan "Je suis Charlie" est ignoble. Cela équivaut à se comparer avec des journalistes assassinés pour délit de blasphème et comparer Macron avec un terroriste pour avoir dit « Les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien ». Mais il n'a tué personne avec une kalach en criant "Argent akhbar", lui. 

Je ne défends pas Macron, mais je m'insurge contre la minimisation - volontaire ou non - qui est faite ici au travers de ces deux affiches JE SUIS RIEN du crime de ces musulmans qui ont assassiné des journalistes avec le silence, voire le consentement de nombreux autres musulmans et de leurs idiots utiles dans la presse et la politique.]

À l'appel de Jean-Luc Mélenchon, un rassemblement de sympathisants insoumis s'est tenu place de la République à Paris ce lundi 3 juillet. En marge du discours du président de la République au Congrès, ils entendent incarner l'opposition au gouvernement.

Une pancarte affirme "on ne restera pas sans voix", une autre clame "nous ne sommes rien, soyons tout", en référence aux récents propos d'Emmanuel Macron lors de l'inauguration de la station F à Paris. À l'appel de leur leader Jean-Luc Mélenchon, les sympathisants et militants de la France insoumise se sont donné rendez-vous place de la République à Paris ce lundi 3 juillet, après le discours du président de la République au Congrès de Versailles.

Ce Congrès, un "coup de force démocratique", pointe Guillaume, la vingtaine, "qui fait suite à une semaine ubuesque à l'Assemblée" durant laquelle le groupe LREM majoritaire s'est imposé aux divers postes clés. Victor, un militant insoumis qui l'accompagne, abonde: "On vient protester contre cette vision du pouvoir, montrer une autre forme de rassemblement". L'hyper-présidentialisme qu'imprime Emmanuel Macron en ce début de quinquennat inquiète, voire énerve beaucoup d'Insoumis. "Il ne faut pas le laisser tout concentrer autour de sa personne avec un Premier ministre marionnette et une assemblée aux ordres", affirme Samia, venue seule écouter les députés FI qui prennent la parole sur une estrade au pied de la statue de Marianne. "Son fonctionnement est tout simplement monarchique", résume, lapidaire, Frank.

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Des propositions "démago" pendant le congrès

Tous ou presque soutiennent la décision du groupe parlementaire de la France insoumise d'avoir boycotté le Congrès versaillais. Des personnes interrogées, seule Agnès, agent municipale d'une quarantaine d'années avec un sticker aux couleurs du mouvement sur le pull, affirme qu'ils auraient dû s'y rendre, quitte à maintenir ce rassemblement le soir : "Macron est un adversaire mais ils pouvaient y aller sans se mettre au garde-à-vous". Des diverses annonces du discours du Président, ils ne retiennent rien ou presque. "La sortie de l'état d'urgence, c'est pour le passer dans le droit commun", regrette Guillaume. "Quant à la baisse du nombre de parlementaires, c'est purement démago", rebondit Victor, craignant un contrôle accru de l'exécutif sur le Parlement.


Une banderole "sommes-nous encore en démocratie" devant lui, Frédéric, informaticien de trente ans, s'interroge : "Imposer les ordonnances au Parlement, en plus pendant les vacances, c'est tout sauf démocratique. Ils justifient ça par le besoin d'aller vite mais c'est surtout l'envie de faire passer les amendements pendant les vacances, pour être tranquilles, qui prime". Face à une droite coupée en deux, entre Les Républicains "constructifs" et les autres, et un PS atone, il estime que la France insoumise peut et doit être la première force d'opposition. Et ce, même s'il trouve "dommage" les divisions avec les communistes. Lui comme la plupart des sympathisants se disent prêt à assumer ce rôle, certains que les manifestations ne manqueront pas à la rentrée contre la réforme du code du travail en préparation. Avant cela, Jean-Luc Mélenchon les appelle à un nouveau rassemblement sur cette même place de la République le 12 juillet prochain. C'est à cette date que le texte d'habilitation pour autoriser le gouvernement à légiférer par ordonnances sera voté. En clôture de son discours, le leader de la France insoumise rappelle que c'est aussi un 12 juillet qu'a commencé la révolution française.

Le retour des gauchistes (30/06/2017)

Par Carl Meeus Mis à jour le 30/06/2017 à 11:22 Publié le 30/06/2017 à 09:00

Jean-Luc Mélenchon et ses députés insoumis devant l'Assemblée nationale la semaine dernière.
Jean-Luc Mélenchon et ses députés insoumis devant l'Assemblée nationale la semaine dernière.

ENQUÊTE - Ce sont les arrière-petits-enfants de Léon Trotski. De lui et de Lénine, ils ont hérité le refus de la démocratie libérale, ainsi que la haine du capitalisme et de son économie de marché. Emmenés par Jean-Luc Mélenchon, ils parient sur des lendemains qui feraient déchanter Emmanuel Macron et s'organisent pour cela. Plongée dans cette étrange sphère politique nourrie par les extrémismes et les radicalismes.

François Bayrou a confié un jour à ses enfants, après sa décision de rompre les ponts avec la droite au lendemain dela présidentielle de 2007: «Généralement, les gens commencent révolutionnaires et finissent ministres. Moi, j'ai commencé ministre et je finis révolutionnaire.» C'était bien avant son rapprochement avec Emmanuel Macron. A l'autre bout de l'échiquier politique, un autre homme pourrait compléter cette phrase: «J'ai commencé révolutionnaire, je suis devenu ministre, mais je finirai révolutionnaire.» Cet homme c'est Jean-Luc Mélenchon. Le leader de la France insoumise, trotskiste dans sa jeunesse, devenu sénateur puis ...

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