mardi 11 juillet 2017

La politique internationale d'Israël

L’Allemagne suspend la livraison de sous-marins à Israël, sur fond de scandale (19.07.2017)
La visite historique de M. Modi en Israël scelle le rapprochement entre New Delhi et Tel Aviv (05.07.2017)

L’Allemagne suspend la livraison de sous-marins à Israël, sur fond de scandale (19.07.2017)

L’enquête ouverte pour corruption dans le cadre des contrats passés avec ThyssenKrupp implique le proche entourage du premier ministre, Benyamin Nétanyahou.

LE MONDE | 19.07.2017 à 12h17 | Par Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)

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Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou lors de la livraison d’un sous-marin de fabrication allemande, en janvier 2016 à Haïfa.

L’Allemagne a décidé de reporter la signature d’un mémorandum d’accord en vue de la livraison de trois sous-marins à Israël. L’information a été révélée par le quotidien Yediot Aharonot, mardi 18 juillet. La cérémonie devait avoir lieu la semaine prochaine. Ce contrat, d’un montant de 1,5 milliard d’euros, dont l’Allemagne est supposée subventionner un tiers, est remis en question en raison de l’enquête explosive conduite en Israël sur des allégations de corruption et de blanchiment d’argent. Une enquête qui implique dorénavant le proche entourage du premier ministre, Benyamin Nétanyahou. Une clause permet à l’Allemagne d’annuler le contrat, si les allégations étaient établies. « Le contrat n’est toujours pas signé », a confirmé au Monde un porte-parole du gouvernement allemand, mardi, tout en refusant de commenter davantage les informations de la presse israélienne.
En février 2016, un contrat fut signé pour l’achat des sous-marins. Israël possède déjà cinq sous-marins allemands, un sixième devant lui être livré l’an prochain. Malgré cela, le gouvernement a décidé d’en acquérir encore trois, officiellement pour remplacer, à terme, ceux qui arriveront à obsolescence. Mais le ministère de la défense était opposé à cette démarche, dont il ne voyait pas l’urgence.

Une relation d’exclusivité, opaque, s’est mise en place avec le fournisseur allemand. Auparavant, début 2015, Israël avait décidé d’acheter à l’Allemagne quatre navires vedettes, pouvant être équipés par les forces armées de système de défense aérienne Barak-8 et d’éléments du système « Dôme de fer », permettant d’intercepter des roquettes et des missiles de courte portée. La finalité de ces navires était d’assurer la protection des champs gaziers Leviathan et Tamar en mer Méditerranée, notamment contre une éventuelle attaque du Hezbollah libanais.

Pivot
En février, une enquête criminelle a été officiellement ouverte, après des investigations préliminaires...



La visite historique de M. Modi en Israël scelle le rapprochement entre New Delhi et Tel Aviv (05.07.2017)
Vingt-cinq ans après l’établissement des relations diplomatiques avec l’Inde, un premier ministre indien se rend en visite en Israël.

LE MONDE | 04.07.2017 à 10h35 • Mis à jour le 05.07.2017 à 13h05 | Par Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) et Intérim (New Delhi, correspondance)

Historique : le mot est répété en boucle par les autorités israéliennes. Vingt-cinq ans après l’établissement des relations diplomatiques avec l’Inde, Narendra Modi est le premier chef de gouvernement de son pays à se rendre en Israël, du 4 au 6 juillet. Peu de visites d’un dignitaire étranger suscitent un aussi grand écho dans l’Etat hébreu. Il traduit à la fois une ouverture du pays vers un marché en plein essor et une volonté de diversifier les alliances diplomatiques.


Narendra Modi est attendu avec enthousiasme par les autorités, mais aussi une certaine impatience. Au cours des trois premières années de son mandat, malgré une intensification des contacts avec l’Etat hébreu, il s’est d’abord rendu en Arabie saoudite, aux Emirats arabes unis (EAU), au Qatar ou encore en Iran. Le premier ministre indien arrive en Israël avec un programme dense. Son homologue, Benyamin Nétanyahou, l’accompagnera lors de nombreuses étapes, du mémorial de Yad Vashem au cimetière militaire de Haïfa, où sont enterrés des soldats indiens.

Proximité

M. Modi en a pris l’habitude au cours de ses déplacements à l’étranger : il va également prendre la parole devant plusieurs milliers de ses compatriotes, réunis à Tel-Aviv. Environ 10 000 Indiens vivent et travaillent en Israël. Près de 80 000 juifs israéliens ont une ascendance indienne. Narendra Modi, rappelle la presse israélienne, cherche toujours à consolider les liens entre l’Inde et ses expatriés, sur le modèle de la diaspora juive.

Israël note avec satisfaction l’absence de toute étape palestinienne dans le voyage du responsable indien. Le président Mahmoud Abbas avait été accueilli à New Delhi à la mi-mai, une visite pendant laquelle l’Inde avait réaffirmé son soutien traditionnel à la cause palestinienne et à la solution à deux Etats. Néanmoins, comme le confirme l’ancien porte-parole du ministère indien des affaires étrangères Gopalaswami Parthasarathy, M. Modi « n’a aucune appréhension à exprimer ouvertement son admiration pour la réussite d’Israël, alors que ses prédécesseurs se montraient plus timides ». Une allusion au fait que l’Inde, acteur majeur du mouvement des non-alignés pendant la guerre froide, a soutenu les aspirations palestiniennes dès 1947, puis a été le premier pays non-musulman à reconnaître la Palestine, en 1988.

Sur le plan idéologique, il existe une proximité claire entre M. Modi et M. Nétanyahou, qui dirigent tous deux un pays avec une forte minorité musulmane et se font les chantres de l’identité majoritaire, hindoue et juive. « Modi est un nationaliste à outrance, qui partage avec Nétanyahou, outre une bonne relation personnelle, une même vision du monde et du développement économique », note un diplomate israélien.

Dans le domaine économique, Israël est fier d’afficher une statistique : les échanges commerciaux se montaient à 200 millions de dollars (175 millions d’euros) en 1992 ; ils frôlent les cinq milliards de dollars aujourd’hui. « Mais ce chiffre stagne depuis quelques années, note Raviv Byron, le président de la chambre de commerce Israël-Inde et Népal, à Jérusalem. Nous poussons en faveur d’un accord de libre-échange. Les gouvernements négocient depuis quatorze ans, mais ça n’avance pas vraiment. C’est une question politique. En Inde, il existe de fortes pressions en faveur du protectionnisme. »

Il existe trois domaines dans lesquels la coopération entre les deux pays se révèle très prometteuse : l’eau, l’agriculture et la défense. New Delhi veut s’inspirer des avancées technologiques majeures réalisées par Israël dans le traitement de l’eau (désalanisation, traitement des eaux usées) ou l’irrigation pour la culture intensive. Mais c’est surtout la défense qui fait de l’Inde un client essentiel. Ce secteur est le premier moteur du rapprochement entre les deux pays depuis la normalisation de leurs relations diplomatiques. « Israël n’est pas en mesure de concurrencer Paris et Washington sur les grands contrats d’armements tels que les avions de combat Rafale, analyse Nicolas Blarel, enseignant-chercheur à l’université de Leyde (Pays-Bas) et expert des relations entre les deux pays. En revanche, les Indiens aiment traiter avec les Israéliens, car ces derniers posent moins de difficultés pour transférer leurs technologies et fabriquer une partie importante des commandes sur place, en Inde. »

Logique de coproduction

Cette logique de coproduction sied à M. Modi, qui a fait du « Make in India » le fil rouge de sa politique industrielle. Exemple le plus récent : en mai, Israel Aerospace Industries a annoncé qu’il avait obtenu un contrat de 630 millions de dollars pour la fourniture de systèmes de défense sur quatre navires de la flotte indienne, composés de missiles sol-air Barak-8. Pour la première fois, ce contrat sera réalisé avec la compagnie indienne Bharat Electronics.

Israël, de son côté, ne mise pas que sur l’exportation de son savoir-faire militaire. Benyamin Nétanyahou s’enorgueillit des relations diplomatiques inédites qu’il a développées en Afrique, en Asie centrale, avec l’Inde ou la Chine. Il s’efforce, pays par pays, de casser les alignements systématiques en faveur de la cause palestinienne dans les enceintes multilatérales, comme les Nations unies ou l’Unesco.

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