Misogynie et condamnation du féminisme, homophobie, éloge du mâle viril qui domine les femelles, théorisation du racisme anti-Blanc et anti-Juif, antisémitisme, apologie de la charia, éloge d'Hitler : on a la totale.
On comprend bien qu'on ne va pas trouver dans ce livre d'une leader du Parti des Indigènes de la République (PIR), parti raciste qu'il faut bien qualifier d'extrême-droite, des solutions heureuses à tous les maux de la société, si ce n'est des solutions finales qui concerneront les femmes, les blancs, les juifs, les chrétiens, les "pédés" et les défenseurs de couleur, forcément traîtres à leur race, des premiers.
Je ne comprends pas pourquoi cette prêcheuse de haine et d'intolérance qui ferait presque passer Le Pen père pour un enfant de chœur n'est pas mise en examen pour incitation à la haine raciale, voire pour apologie du terrorisme.
On a eu Mahomet et les califes, on a eu Tamerlan, on a eu l'Empire ottoman, on a eu Hitler, on a eu Staline, on a eu Mao, on en a eu des tas. Mais cela ne nous suffira jamais, faut-il croire. Les folies totalitaires se réveillent en France. Aura-t-on le temps de désarmer la haine et d'éduquer les cœurs et les esprits avant qu'une catastrophe de grande ampleur n'advienne ? Il est urgent d'agir pied à pied contre ceux et celles qui, sous couvert d'antiracisme et de lutte contre les discriminations, conspirent de toutes leurs forces avec la sympathie, la complicité ou le silence coupable de certains médias et hommes politiques, pour engendrer en France une décennie noire comme celle qui a endeuillé l'Algérie dans les années 90.
Liens :
Islamo-gauchisme : Un certain antiracisme raciste qui mène droit à la violence
Charlie Hebdo : des combattants de la laïcité cible privilégiée des islamo-gauchistes
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Rappel historique - Mein Kampf chez les leaders terroristes palestiniens :
Admiration of Hitler and Nazism
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A propos de « Les Blancs, les
Juifs et nous », Houria Bouteldja (La Fabrique, 2016)
Porte-parole du Parti des
Indigènes de la République (PIR), Houria Bouteldja vient de sortir un ouvrage
qui oscille entre prise de position personnelle, le Je étant omniprésent
mais aussi manifeste collectif des « Indigènes » comme le souligne le
Nous du titre.
Volontairement provocateur, ce
qui est dans les habitudes de l'auteure et du PIR en général, ce titre aura
atteint son but : faire parler et écrire (et, accessoirement, vendre).
Ivan Segré vient d'en faire une longue analyse1 qui, outre son érudition, a le mérite de faire sourire car il ne manque pas d'humour, même sur des sujets aussi sérieux. Il fait notamment un long et passionnant développement sur le point central du titre, qui se trouve aussi être le centre de l'analyse de HB, pour ne pas dire son obsession : les Juifs.
Pour ma part, je me contenterai d'aborder certains points : la construction d'un Roman décolonial miroir d'un Roman national qu'affectionne la droite ; l'idée centrale de responsabilité collective du Blanc ; le relativisme culturel camouflé en authenticité indigène pour finir en essayant comprendre à quoi renvoie la haine de Bouteldja pour Sartre..
Le Roman décolonial ou
l'Histoire malmenée
Marx nous disait que l'histoire
de l'humanité, c'était l'histoire des luttes des classes. Bouteldja nous dit
que c'est l'histoire des Blancs asservissant les Autres, les colonisés. Qui est
donc le Blanc ? Il est le produit de l'histoire occidentale qui commence
en 1492 quand la race blanche s'auto-invente à partir de la traite des Noirs,
nous explique-t-elle.
« Ils nous disent 1789. Répondons 1492 ». Loin de moi l'idée de nier l'importance symbolique de l'arrivée de Christophe Colomb sur l'île d'Hispanolia. Mais est-il bien sérieux de faire commencer l'histoire de l'humanité à cette date ? Où est donc passé l'Empire Ottoman ? Et le grand mouvement de conquête de l'Islam ? Et l'empire chinois qui faisait alors jeu égal avec l'Occident ? Et l'Inde ? Disparus.
Du coup, disparu l'esclavage oriental pratiqué dans toute l'Afrique et le Moyen-Orient arabe, toute la Méditerranée. Disparue, la traite arabe dans l'Océan indien. Pourtant, cet esclavage que l'on nomme « oriental », par opposition à l'esclavage transatlantique qui va suivre l'expansion européenne en Amérique, s'est développé à partir du VIe siècle et perdurera jusqu'au milieu du XXe siècle.
En revanche, si l'esclavage de ne fut pas l'apanage des seuls Blancs, la colonisation ne fut-elle pas l'oeuvre des Blancs sur les peuples indigènes ?
Là encore, ce n'est pas si simple car il se trouve que des Blancs ont colonisé des Blancs et que des Non-blancs ont colonisé des Non-Blancs.
Rappelons que le projet nazi de construction d'un monde nouveau passait par la colonisation de l'Est européen, Pologne et Russie en premier lieu, incluant la mise en esclavage des populations de ces régions. Par ailleurs, il y a une grande absente dans l'Histoire racontée par HB : l'Asie. Juste pour mémoire, le Japon a colonisé la Corée dès 1912, a envahi la Chine à partir de 1931, puis tout le reste de l'Asie à partir de 1941, mettant sous sa férule des peuples entiers et laissant derrière lui des millions de morts pour un projet qui présentait bien des traits communs avec le nazisme. Et terrible ironie de l'histoire, les peuples d'Asie avaient salué comme une victoire sur l'Occident, la défaite de la Russie face au Japon en 1905. Ils apprirent dans le sang que l'impérialisme asiatique n'avait rien à envier à celui des Blancs...
Enfin, cette année nous
commémorons le centenaire du soulèvement des Irlandais contre la couronne
britannique, parfait exemple de colonisation européenne en Europe.
Entendons-nous bien. Le but n'est
pas de dire : « c'est Eux qui ont commencé, pas Nous » ou
« Y'a pas que nous attention !» Mais si l'on veut analyser et
comprendre des phénomènes historiques, l'esclavage, la colonisation, si l'on
veut en guérir les séquelles, on ne commence pas par falsifier l'histoire pour
la faire coller à un récit décolonial binaire de Bons (les non-Blancs) et
de Méchants (Les Blancs).
Il est d'ailleurs, assez paradoxal de voir combien HB se cale sur une histoire « européocentrée » dans ses repères, 1492 étant pour elle la date pivot. Or de plus en plus se développe une historiographie qui se veut globale, qui décentre le regard pour le faire porter par exemple sur l'Asie, et qui étend à l'ensemble du monde des notions que l'on pensait spécifiques à l'Europe ou l'Occident.2
« Ne prenez pas garde à
mon teint noir : c'est le soleil qui m'a brûlée. » (Cantique des
Cantiques)
Quant à la supériorité de la
« blanchité » (sic), elle est loin d'être l'apanage des Blancs
entendus comme les Occidentaux, héritiers de 1492. Là encore, si Bouteldja
regardait l'Asie, elle verrait que la peau blanche est le marqueur de classes
dominantes parfaitement indigènes. Il en va ainsi en Inde où les castes
supérieures sont blanches et où la peau est de plus en plus foncée au fur et à
mesure que l'on descend dans l'échelle des castes. Avoir un teint clair y est
une véritable obsession. Même phénomène au Japon ou en Chine. Rien de colonial
là-dedans. Dans des sociétés fondamentalement paysannes, le teint pâle marque
celui qui ne travaille pas dehors3, alors que les paysans portent dans
la couleur de leur peau, la dureté de leur vie. La couleur est ici un marqueur
social : chassez la lutte des classes, elle revient au galop...
Pour finir, pointons un autre
disparu du Roman décolonial : le stalinisme. Pas tout à fait
innocent quand on sait d'une part, que nombre de mouvements de
libération en ont hélas intégré les pires traits, à l'instar du FLN
algérien ou, plus récemment de l'ANC sud-africaine, et d'autre part que le
stalinisme fut un des premiers, dans les années 50, à travestir son
antisémitisme sous le vocable de l'antisionisme.
Responsabilité collective
héréditaire
Ce caviardage de l'histoire qui fait
du récit décolonial une fable-miroir du Roman national cher à la droite
et l'extrême-droite ne présenterait que peu d'intérêt s'il ne dissimulait autre
chose.
« Je vous le concède
volontiers, vous n'avez pas choisi d'être blancs. Vous n'êtes pas vraiment
coupables. Juste responsables ».
Voici la clé du raisonnement de Bouteldja : la responsabilité collective héréditaire.
Ainsi, les êtres humains ne
sont-ils plus responsables de leurs actes, bons ou mauvais, mais ils se voient
chargés en bloc de fautes ou de crimes, vrais ou inventés, commis par leurs
ancêtres, réels ou supposés. Or, autant il convient de donner une
responsabilité collective à des institutions, à une collectivité et a fortiori
à un Etat, il est clair qu'étendre cette responsabilité à l'ensemble des
individus qui les composent est une dérive dont les conséquences sont
incalculables, même si le passé nous en a donné quelques exemples. Ainsi, s'il
est du devoir de l'Etat français par la voix de ses plus hautes instances de se
confronter à son passé colonialiste et, par exemple, de présenter ses excuses
aux peuples qui furent soumis, comme l'ont fait d'autres pays, cette
responsabilité ne retombe pas sur chaque citoyen individuellement. Même,
insistons sur ce point, même si sa famille, directe ou indirecte fut compromise
dans ces actes.
De plus, cette notion de
responsabilité collective individuelle, prend en France une teinte spécifique.
En effet, contrairement à d'autres pays européens, la France est un pays
d'immigration depuis plus d'un siècle et demi. Belges, Italiens, Arméniens,
Espagnols, Polonais, Portugais ont massivement précédé l'immigration coloniale
puis post-décolonisation des Marocains et Algériens, les gros bataillons de
l'Afrique subsaharienne étant finalement récents si l'on prend ces mouvements
dans la longue durée.
Dans le récit décolonial de
Bouteldja, cette immigration a elle aussi disparu « En Europe (…) le
patronat ira en chercher (des bras) au Maghreb, en Afrique Subsaharienne et aux
Antilles ».
Disparus de l'histoire, ces
immigrés ou réfugiés européens se retrouvent au même banc des accusés que leurs
camarades ouvriers, dans la catégorie Blancs : « Au-dessus de moi, il
y a les profiteurs blancs. Le peuple blanc propriétaire de la France :
prolétaires, fonctionnaires, classes moyennes ».
Plus de classes sociales, plus d'exploiteur ou d'exploités : La blanchité unit le chômeur et le PDG qui l'a licencié. Si c'est le propre même du racisme que de construire de fausses alliances de ce genre, n'est-ce pas justement notre but que de prendre en même temps ces discriminations collectives et de viser à unir, par la lutte des classes, ceux que le capitalisme préfère désunis ?
L'histoire n'est pas finie.
Aujourd'hui, à l'immigration post-décolonisation, s'ajoutent les derniers
entrants, venus ni d'Europe, ni des anciennes colonies françaises mais d'Asie,
Chine ou sous-continent indien pour la plupart. Ce sont les employées chinoises4 des ongleries et des tristes
salons de massage ou les Tamouls des arrière-cuisines de restaurants. Bien
qu'ils soient absents du récit de Bouteldja, il faudra pourtant les intégrer
dans nos raisonnements car ces mouvements de populations ne sont pas prêts de
tarir avec par exemple une Chine qui annonce des millions de licenciements.
Si les classes sociales ne sont pas homogènes, si elles sont bel et bien traversées par des différences et des conflits, de genre, de races, mais aussi d'âge, de qualification.... elles n'en tracent pas moins des frontières entre ceux qui possèdent et les autres. Malgré les difficultés rencontrées, nul ne peut nier qu'il existe aujourd'hui une fraction significative de l'émigration post-décolonisation qui appartient sinon aux classes dominantes, du moins aux « classes moyennes supérieures » qui se pensent, à juste titre, comme faisant partie de ces classes dominantes. Le meilleur symbole, et non le seul, c'est la présence au sein de ce gouvernement de trois ministres issus des minorités originaires du Maghreb. Et parmi eux, l'auteur d'une loi visant à détruire le code du travail, Myriam El Khomri5.
Les Indigènes, les Juifs et
quelques autres
« La haine raciale, n'est-ce
pas un sentiment Blanc ? », nous dit HB. Les tragiques événements
qu'a connu fin mars la ville de Béchar6 dans le Sud algérien où des
centaines de migrants noirs ont été physiquement attaqués viennent jeter une
lumière crue sur cette fable. Ce n'est hélas pas la première fois, à tel point
que le journal algérien El Watan7 croit bon d'avertir les
lecteurs de ses versions en ligne de la façon suivante : « El
Watan a décidé de suspendre provisoirement l’espace réservé aux réactions des
lecteurs, en raison de la multiplication de commentaires extrémistes, racistes
et insultants. »
Si Bouteldja se gargarise avec
Fanon, Malcom X, Baldwin et autres, l'Indigène réellement existant ne semble
guère l'intéresser. Un passage de son ouvrage est assez significatif sur cette
question.
Bouteldja aime Genet car il a salué la victoire d'Hitler sur la France. « Il y a comme une esthétique dans cette indifférence à Hitler. Elle est vision. Fallait-il être poète pour atteindre cette grâce ? » s'extasie-t-elle. Il aurait fallu poser cette questions aux milliers de tirailleurs sénégalais assassinés, souvent de façon effroyable, en 1940 par les Allemands au mépris des conventions sur les prisonniers de guerre8. Hitler les poursuivait de sa haine depuis l'occupation de la Ruhr en 1923 par les troupes françaises, dont de nombreuses unités africaines. Les nazis fantasmèrent un viol massif des femmes blanches par ces troupes coloniales. Cette affaire sans base aucune fut nommée par les nazis « la honte noire ». Et pendant que Genet frétillait à la victoire d'Hitler, Bouteldja frétillant en écho, il s'est trouvé un Blanc pour refuser de légitimer ces meurtres. C'était le préfet d'Eure-et-Loire, un certain Jean Moulin, qui tenta de se suicider plutôt que d'accuser les tirailleurs de crimes imaginaires. Ce épisode de l'histoire est à mon sens révélateur des vrais sentiments de Bouteldja sur les Indigènes. N'appelle-t-elle pas les Juifs « les tirailleurs sénégalais » de l'impérialisme ?
Comme je l'ai dit, je ne
m'étendrai pas sur cette partie de l'ouvrage de Bouteldja finement analysée par
Yvan Segré. Juste deux remarques. La première c'est que les premières
codifications raciales au sens moderne du terme datent d'avant 1492 et qu'elles
concernaient... des Juifs. En effet, nombre d'historiens datent de 1449 les
premières mesures de Limpieza de sangre, c'est-à-dire de pureté de sang
concernant les juifs convertis de gré ou de force au fur et à mesure de
l'avancée de la Reconquista en Espagne. Ces lois, qui ne cesseront de se
durcir, visaient à interdire à ceux qui n'étaient pas des vieux chrétiens,
c'est-à-dire qui étaient des convertis, certains emplois ou fonctions, alors
même qu'en théorie, le baptême est l'unique clé pour entrer dans la communauté
chrétienne.
Par ailleurs, Bouteldja serait un
peu plus crédible dans sa proclamation d'amour aux Juifs si elle avait un mot
de regret même hypocrite pour les assassinats qui, d'Ilan Halimi à
l'hyper-cacher en passant par Merah, ont frappé des civils juifs.
Il serait faux d'y voir un oubli de plus : l'idée-force d'une responsabilité collective héréditaire fait de tout Juif un « complice du sionisme » et légitime les assassinats de civils, partout dans le monde. Voilà qui explique les attentats antisémites commis sur notre sol depuis celui contre la synagogue de Copernic en 1980.
Certains Damnés de la Terre
sont plus égaux que d'autres...
« Quant à nous,
l'antisionisme est notre terre d'asile. Sous son haut patronage, nous résistons
à l'intégration par l'antisémitisme tout en poursuivant le combat pour la
libération des damnés de la Terre. » Oublions le pathos pompeux et
regardons le fond. Qui sont donc ces damnés de la Terre d'aujourdhui ? Les
Syriens, bombardés par Assad, affamés par le Hezbollah et les Iraniens ?
Elle ne les évoque même pas. Les réfugiés qui fuyant les guerres affluent en
Europe quitte à perdre la vie dans cette nouvelle épreuve ? Pas un mot.
Alors, son combat est-il celui
des peuples soulevés par les Printemps arabes ? Pas un mot de compassion
même convenue pour les Egyptiens ou les Tunisiens devant faire face au
terrorisme.
En revanche, Bouteldja nous raconte en se pâmant son émotion devant « l'Indigène arrogant» Ahmadinejad niant l'existence d'homosexuels en Iran : « Il y a des gens qui restent fascinés longtemps devant une œuvre d'art. Là ça m'a fait pareil. Ahmadinejad, mon héros ». Il est assez farce de voir l'Iran classé chez les Indigènes, pays si fier de son empire millénaire et de n'avoir jamais été colonisé. Soyons mauvaise langue : ne serait-ce pas parce qu' Ahmadinejad fut en pointe dans le combat « antisioniste » que Bouteldja a pour lui les yeux de Chimène ? Un Indigène d'honneur en quelque sorte.
Seuls les Palestiniens trouvent
grâce à ses yeux. Enfin, presque. Les Palestiniens du camp de Yarmouk en Syrie,
assiégés par et l'Etat islamique et par le Hezbollah n'ont pas cette chance. Un
Palestinien ou plus largement un Arabe souffrant n'a d'intérêt que s'il est
opprimé par Israël, ou a minima par l'impérialisme. Autrement, c'est un détail
de l'Histoire qui comme chacun sait, ne fait pas d'omelettes sans briser les
œufs.
Dieu, la Famille et la
Patrie...
Je ne résiste pas au
florilège :
« J'appartiens à ma famille, à mon clan, à ma race, à l'Algérie, à l'Islam ».
« Le mâle indigène défendra
ses intérêts d'homme. Sa résistance sera implacable : « Nous ne
sommes pas des pédés ! »
« Le féminisme fait partie
des phénomènes européens exportés »
« Il faudra deviner dans la
virilité testostéronée du mâle indigène, la part qui résiste à la domination
blanche »
«Les hommes, ces héros, les
femmes ces Pénélopes loyales ».
« Non, nos hommes ne sont pas des pédés ! » Nous disent-elles. La boucle est bouclée ».
« Qui est cet être humain
(...) qui dérobe corps et chevelure aux regards concupiscents ».
« Le combat consiste à faire
redescendre ceux qui commettent le sacrilège de s'élever au niveau de
Dieu ».
« Jusqu'au début des années 1980,
sous les cieux protecteurs de la République française, le sionisme se portait
comme un charme et coulait des jours heureux. Il se baladait dans les
boulevards ».
Cette apologie de la famille, de
la Race, de la Femme, de la virilité, c'est beau comme du Zemmour non ?
Pour la dernière phrase, c'est plutôt beau comme du Drumont.
En laissant de côté le goût personnel de Bouteldja pour les hommes virils qui, après tout la regarde, penchant-nous sur sa théorie du féminisme, comme phénomène blanc exporté chez les Indigènes pour les castrer symboliquement quand ce n'est pas physiquement.
« Le droit du travail
est-il universel et intemporel, un passage obligé pour prétendre à la
libération, à la dignité et au bien-être ? Je ne crois pas ».
« Je n'ai jamais demandé un code du travail. Je n'y ai même jamais
pensé. Pour moi, le droit du travail, c'est comme du chocolat, un luxe ».
J'ai bien entendu remplacé ici féminisme employé par Bouteldja par droit du
travail dont nous parlons beaucoup en ce moment.
Qui, prétendant oeuvrer à la libération des plus pauvres, aurait l'outrecuidance de dire que l'amélioration des conditions de travail ce n'est pas pour les pays du Sud ? Que le syndicalisme, c'est l'affaire des Blancs. Et pourtant, le syndicalisme a été « inventé » et s'est développé sous la forme que nous connaissons d'abord en Occident.
Voici 60 ans, la stalinienne Jeannette Vermeersch, épouse de Maurice Thorez, déclarait quand le planning familial fut créé : « La maternité volontaire est un leurre pour les masses populaires et c'est une arme entre les mains de la bourgeoisie contre les lois sociales » et elle ajoutait : « Depuis quand les femmes travailleuses réclameraient le droit d’accéder aux vices de la bourgeoisie ? Jamais ». Remplacez travailleuses par Indigènes et bourgeoisie par Blanches et le tour est joué...
Rien de nouveau sous le soleil
donc.
Vous chercherez en vain chez
Bouteldja la moindre phrase d'appui aux luttes des femmes en Algérie, en
Tunisie, en Afrique... Quand on écarte le pathos, elle rejoint l'idéologie la
plus réactionnaire : « (les Blancs) ont oublié ce qu'ils étaient
avant d'avoir été engloutis par la modernité. Ils ne se souviennent plus du
temps où ils avaient encore des cultures, des chants, des langues régionales,
des traditions. Nous c'est différent. Nous conservons cette mémoire. D'où notre
attachement à la famille et à la communauté ». Et de nous gratifier
d'une série de Allahou Akbar extatiques...
Qui, écoutant un tel Credo, peut s'étonner que des islamistes aient rejoint les catholiques les plus réactionnaires dans les « Manifs pour tous » au nom de la famille et de la tradition ?
Cet attachement « au clan et
à la race », c'est aussi ce qui légitime la répression contre ceux qui
osent revendiquer des libertés prétendument occidentales notamment la liberté
de penser, de croire... ou de ne plus croire. « Apostats » donc
traîtres ils risquent au mieux l'ostracisme, au pire leur vie9. L'individu se voit ainsi assigné à
une identité obligatoire. Si l'on suit ce raisonnement, pourquoi reprocher à la
Grèce de refuser le multiculturalisme en arguant de son identité chrétienne
orthodoxe qu'elle a dû défendre contre l'impérialisme ottoman musulman ?
La constitution interdit encore aujourd’hui la construction de mosquées dans ce
pays… Et je ne parle pas de l'imbécillité d'un Chevènement justifiant le manque
de libertés démocratiques en Russie par les traditions de ce pays !
Sartre, Bouteldja et les
Marsiens
Bouteldja voue une haine
particulière à Sartre. Le première partie de son ouvrage s'intitule
« Fusillez Sartre !». Ce fut le cri de guerre de l'extrême-droite
pendant la guerre d'Algérie quand Sartre, dans sa fameuse préface aux Damnés de
la Terre de Franz Fanon disait : « Abattre un Européen c'est faire
d'une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé.
Restent un homme mort et un homme libre ».10
Si la droite hurla, certains à
gauche se contentèrent de rire à ces mâles accents meurtriers. Sartre,
disaient-ils, essaie de faire oublier qu'il fit partie pendant la Seconde
Guerre mondiale, de ces millions d'attentistes, ni salauds ni héros. A
l'inverse de ses camarades « ulmards » Jean Cavailles ou Georges
Canguihlem passés à la clandestinité ou son rival Raymond Aron qui rallia la
France Libre en 1940, Sartre se contenta de vivre, d'écrire et de se faire
représenter au théâtre. Pas de compromission honteuse mais pas de quoi
pavoiser. En gros, Sartre aura été un de ces résistants de la 25e heure qui
sont souvent ensuite les plus intransigeants.
En Algérie, on les appelle les Marsiens. Ce sont les combattants qui se sont réveillés à partir du 19 mars 1962 et qui furent dans les premiers à réclamer vengeance et à crier plus fort que les autres pour faire oublier leur attentisme.
Pourquoi Bouteldja veut-elle fusiller Sartre ? Car il n'a pas été jusqu'au bout : « Pour exterminer le Blanc qui le torture, il aurait fallu que Sartre écrive : Abattre un Israélien, c'est faire d'une pierre deux coups (…) Se résoudre à la défaite ou la mort de l'oppresseur fut-il juif. C'est le pas que Sartre n'a pas su franchir ».
Comme Sartre, Bouteldja fait
partie des Marsiens. Entre auto-apitoiement, « Je suis une victime »,
éructations creuses « L'amour et la paix ont un prix. Il faut le
payer », trémolos dans la voix « La parole des colonisés est dense.
Elle est puissante. Elle ne ment pas » Bouteldja nous dit ce qu'elle
est : une Indigène de salon. Qui clame son amour unique et inconditionnel
de l'Algérie, qui pleure tous les jours que Dieu fait son mal du pays... mais
qui a son rond de serviette chez Taddei.
Bouteldja fait partie de ces
Marsiens de l'extérieur, plus algériens que les Algériens. Une race honnie par
ces derniers. Car ils doivent quotidiennement vivre entre un pouvoir agonisant
et la peur que revienne la décennie noire. Quand les Algériens voient la momie
en fauteuil roulant qui leur sert de président sommer la France de se repentir
pour la colonisation en Algérie, tout en ayant un abonnement à l'Hôpital
militaire du Val-de-Grâce, c'est la colère et la honte qui les meut. Colère de
voir qu'en 50 ans, ce pouvoir prévaricateur qui a confisqué l'indépendance n'a
pas été capable de mettre sur pied un système médical digne de ce nom malgré la
rente pétrolière, honte de voir leur président n'avoir aucune honte justement.
Imagine-t-on Castro ou Giap en traitement au Jefferson Memorial Hospital ?
Mais cette Algérie humiliée
n'intéresse pas Bouteldja. Un dernier exemple. Pendant qu'en France se
déroulait le honteux débat sur la déchéance de la nationalité des binationaux,
l'Algérie préparait une nouvelle constitution prévoyant dans son article 51
l'interdiction de la haute fonction publique et certaines fonctions électives
aux binationaux11. Premiers visés, les binationaux
français. Très vite des collectifs se sont montés en France pour obtenir
l'annulation de cet article qui, non seulement fait d'eux des Algériens de
seconde zone, mais aussi prive l'Algérie des richesses de leur formation et de
leur expérience et de la possibilité des échanges entre les deux pays. A-t-on
vu Bouteldja dans ce combat qui pourtant concerne au premier chef le pays de
son cœur ? Je vous laisse deviner la réponse.
Repentez-vous car la fin des
temps est proche (Tintin)
Non, l'Indigène fantasmé n'est
pas le rédempteur du Blanc.
Passent sur nos écrans de ciné un documentaire « Merci Patron »12 qui met aux prises un ouvrier d'une cinquantaine d'année et le groupe Arnault qui l'a licencié. A la fin nous sommes contents, grâce à Robin des Rois-Fakir, le shérif de Nottingham-Arnault a rendu gorge et Klur, le prolo à l'épais accent picard, a décroché le Graal absolu : un CDI de manutentionnaire chez Carrefour. Cette victoire laisse pourtant un goût amer car pour un de sauvé, combien sur le carreau ?
Passent sur nos écrans de ciné un documentaire « Merci Patron »12 qui met aux prises un ouvrier d'une cinquantaine d'année et le groupe Arnault qui l'a licencié. A la fin nous sommes contents, grâce à Robin des Rois-Fakir, le shérif de Nottingham-Arnault a rendu gorge et Klur, le prolo à l'épais accent picard, a décroché le Graal absolu : un CDI de manutentionnaire chez Carrefour. Cette victoire laisse pourtant un goût amer car pour un de sauvé, combien sur le carreau ?
La situation que nous vivons est
sombre. Une partie de la société est entraînée depuis quelques années par une
lame de fond conservatrice. Les anciennes solidarités ont éclaté, les nouvelles
peinent à voir le jour, c'est peu de le dire.... Cela touche toutes les
communautés, les immigrés récents ou anciens comme les autres. Il n'est de voir
que le résultat des dernières élections législatives en Turquie et en Tunisie
dans l'immigration en France : les partis conservateurs y ont fait un
score très nettement supérieur à celui du pays d'origine.
Oui, l'Etat doit reconnaître les
crimes qui ont été commis pendant toute la période de la colonisation. Oui,
toute sa place doit être donné à ce pan de notre histoire non seulement dans
l'enseignement mais dans l'espace public. Le symbolique pèse lourd sur les
représentations. Mais au risque de désespérer Billancourt, cela ne changera pas
fondamentalement la situation : rappelons que le discours de Chirac sur la
participation de la France à la Shoah date de 1995. Est-ce que cela a réduit
d'un iota l'antisémitisme ? A regarder régulièrement les réseaux sociaux
et au vu des crimes commis encore récemment, on a la réponse. Même chose avec
Vichy ou l'analyse du nazisme qui ont progressé à pas de géants dans
l'historiographie. Mais cela n'a pas freiné pour autant la progression de
l'extrême-droite en France comme en Europe. Non, l'Histoire ne vaccine pas
contre les peurs... Ce serait si facile sinon !
Notre société ne souffre pas
d’abord d'amnésie mais aussi d'hypermnésie. Cela ne l'aide guère à aller de
l'avant. Les historiens doivent faire leur travail, l'Etat doit prendre ses
responsabilités, mais il en va des sociétés comme des individus, le
ressassement avec tout ce que cela comporte de fantasmes n'aide guère à
avancer. L'intégration des millions d'étrangers, immigrés et réfugiés qui sont
venus en France ne fut pas une partie de plaisir. Qui se souvient qu'on
expulsait les mineurs polonais pendant la Grande Crise directement du carreau
de la mine vers les trains ou que le plus grand bidonville de France fut celui
de Champigny et qu'il était portugais. A écouter certains, le multiculturalisme
c'est en gros manger du couscous en écoutant du djembé, et en avant vers
l'avenir radieux ! Je caricature mais il faut être conscient qu'une
société multiculturelle doit s’inventer en marchant. Et que sans espoir commun,
tourné vers l’avenir, c’est mission presque impossible. 13
Oui, l'universalisme de la IIIe
République fut un mensonge car il était tout sauf universel. Mais est-ce à dire
que nous devons revenir à nos clans, nos tribus, nos familles ? Que nous
devons retrouver la religiosité la plus puérile ? Que nous devons être réactionnaires
pour être sauvés ? Que nous devons nous résigner à la concurrence de
toutes les forces centrifuges ? Malheureusement cela sonne plutôt comme
une guerre de tous contre tous, où les plus faibles et les plus fragiles
(c'est-à-dire les plus exploités et les plus opprimés) seront les premières
victimes.
« Dans cette grande
sécheresse, dans ce grand assèchement, le mirage d’un monde meilleur reflue du
séculier au religieux. On réislamise, rechristianise, rejudaïse, par en bas et
par en haut. Des prédicateurs thaumaturges évangélisent médiatiquement la
modernité. Des religions revanchardes revendiquent des droits immémoriaux.
Les pôles magnétiques perdent
le Nord.
Les boussoles ne tournent plus
rond.
Les fils à plomb ne tombent
plus droit.
Jusqu’où ira ce grand reflux
de la conviction vers la foi, de la confiance vers la croyance ? »
Daniel Bensaïd, Jeanne de guerre
lasse, Gallimard 1991
Ariane Pérez, le 28 mars
2016.
2Voir ainsi le stimulant essai, même
s'il est vigoureusement discuté, de Jack Goody, mort récemment « Le Vol de
l'histoire » Gallimard, 2013.http://www.laviedesidees.fr/Le-recit-du-monde.html
3Ce fut vrai en Europe jusqu'à la
Révolution industrielle qui, déplaçant les anciens paysans vers les usines,
allait leur donner un teint blafard.
4Sur cette nouvelle immigration très
féminine voir le rapport de l'INED http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=ip1524#inter2
5Signalons à ce propos les sorties du
propre frère du président algérien Bouteflika qui a trouvé le moyen de dénoncer
la présence de trois ministres d'origine marocaine dans le gouvernement
français comme une preuve de plus de la haine de la France contre l'Algérie.
L'unité des Indigènes semble un peu plus compliquée que ne l'entend
Bouteldja. http://www.mondafrique.com/alger-colere-apres-promotion-daudrey-azoulay/
7Il faut saluer le courage du journal
et des ONG qui se battent contre ce racisme souvent très violent. http://www.elwatan.com/regions/est/actu-est/ouargla-cent-le-racisme-des-algeriens-17-03-2016-316785_221.php
8Voir à ce sujet l'ouvrage de Johann
Chapoutot,https://www.puf.com/content/Des_soldats_noirs_face_au_Reich
9Voir à ce sujet le nombre de pays
qui punissent de mort l'apostasie : http://www.economist.com/news/middle-east-and-africa/21695542-penalties-...?
10Outre le problème posé par la
responsabilité collective induite dans l'appel au meurtre de Sartre, rappelons
simplement que dans la réalité, le FLN algérien assassina environ 5 Algériens
pour un « colon » européen. Voir à ce propos l'article de Guy
Pervillé dans l'ouvrage collectif dirigé par M. Harbi et B. Stora La Guerre
d'Algérie, la fin de l'amnésie. Robbert Laffont 2004.
11http://www.tsa-algerie.com/20160208/article-51-de-la-consitution-cest-une-double-trahison-pour-les-binationaux/ Ce
n'est pas la première fois. Voici dix ans déjà : http://www.lefigaro.fr/international/2006/06/29/01003-20060629ARTFIG9015...
13Voir à ce sujet la dernière partie
de l'article de Pierre Rousset consacré aux suites des attentats de
Bruxelles. http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article37572
Indigènes de la République: Thomas Guénolé démontre le racisme, la misogynie et l'homophobie de Houria Bouteldja
Vendredi soir, dans l'émission "Ce soir (ou jamais !)", le politologue Thomas Guénolé s'est attaqué à "ces anti-racistes devenus racistes". Dans son viseur, Houria Bouteldja, porte-parole du Parti des Indigènes de la République, présente également en plateau.
"Il y a plein de choses qui ont été dites depuis tout à l'heure donc je ne sais plus où j'en suis." C'est peut-être la seule affirmation avec laquelle on pourrait tomber d'accord avec Houria Bouteljda, lors de son passage sur le plateau de Ce soir (ou jamais !), le 18 mars. Une émission durant laquelle la fondatrice du Parti des Indigènes de la République a eu le plus grand mal à justifier ses prises de positions face au politologue Thomas Guenolé, bien décidé à faire la lumière sur la dérive racialiste d'une partie de la "gauche" anti-raciste. L'émission de Frédéric Taddeï, souvent décriée, a d'ailleurs cet avantage. En laissant à ses invités l'espace et le temps de poser leur réflexion, il permet souvent de faire tomber les masques.
Sur le plateau de France 2, on retrouvait donc Houria Bouteldja et Thomas Guénolé mais aussi la politiste Anastasia Colosimo, l'historien Emmanuel Debono, la vice-présidente de la Licra Sabrina Goldman, la présidente de l’association La brigade des mères Nadia Remadna, la civilisationniste et membre du collectif Marche des femmes pour la dignité Maboula Soumahoro, et le photographe Oliviero Toscani, tous réunis pour tenter de répondre à la question :" Où en est la lutte antiraciste ? A-t-elle échoué ?" Il fallait avant tout se demander ce qu'est devenue cette lutte antiraciste. Un début de réponse a été apporté par l'interpellation de Houria Bouteldja par Thomas Guenolé.
"Je pense que ce qui a changé, c'est qu'il y a une partie de l'antiracisme, et ça me fait beaucoup de peine de dire ça, qui est devenue raciste ! Je parle de vous madame Bouteldja", entame le politologue. S'en suivent deux minutes d'une démonstration implacable, illustrations à l'appui, du corpus idéologique de la porte-parole du PIR.
Guénolé montre tout d'abord une photographie sur laquelle apparaît Houria Bouteldja, pouce en l'air et sourire aux lèvres, à côté d'une pancarte où on peut lire "Les sionistes au goulag". Il commente : "Ca signifie au sens strict que les juifs favorables à l'existence d'Israël doivent être envoyés dans des camps de concentration".
"La généralisation fondée sur la couleur de la peau, surtout pour un propos négatif, c'est du racisme madame"
Puis, la voix posée, il assène : "Par ailleurs vous êtes raciste madame !" et cite un passage du dernier livre de Houria Bouteldja Les blancs, les juifs et nous. Vers une politique de l’amour révolutionnaire (sic) : "La blanchité est une forteresse, tout blanc est bâtisseur de cette forteresse", y écrit la militante. Décryptage de Guénolé : "'Tout blanc', c'est une généralisation fondée sur la couleur de la peau.La généralisation fondée sur la couleur de la peau, surtout pour un propos négatif, c'est du racisme madame".
Guénolé embraye sur la conception de la place de la femme par rapport à l'homme de Houria Bouteldja, dévoilée dans ce même livre avec cette citation : "Si une femme noire est violée par un noir, c'est compréhensible qu'elle ne porte pas plainte pour protéger la communauté noire". Et en matière de relations hommes-femmes, Houria Bouteldja, ne fait jamais dans la dentelle. En 2015, elle expliquait que "l'idéologie selon laquelle les couples mixtes, la rencontre entre deux cultures c'est beau, c'est pourri". Réplique de Thomas Guenolé : "Donc les noirs avec les noirs, les Arabes avec les Arabes, les blancs avec les blancs. D'un point de vue technique, pour suivre votre idée, il faudrait faire des lois raciales".
Dernier point cité par le politologue, le regard de Bouteldja sur l'homosexualité, expliqué dans son dernier ouvrage : "Comme chacun sait, la tarlouze n'est pas tout à fait un homme. Ainsi, l'Arabe qui perd sa puissance virile n'est plus un homme". Face à cet enchaînement implacable, Houria Bouteldja, les yeux rivés sur le sol, la mâchoire serrée, semble comme K.O.
C'est Maboula Soumahoro, membre de la Marche des femmes pour la dignité, association très proche du PIR, qui va venir à son secours. Elle valorise l'apport de Houria Bouteldja sur "les définitions qui sont proposées quand elle parle des indigènes, des femmes indigènes et des blancs. Il est important par honnêteté intellectuelle de parler de cette identité blanche. On ne parle des individus blancs, on parle d'un système qu'on peut dater à la période de l'entrée de l'Occident dans les Amériques qui a amené à la colonisation du continent américain puis africain."
"Les citations sont parfaitement vraies et je les assume."
Puis la réponse de Bouteldja vient. A la démonstration du politologue, elle rétorque : "Je ne vais pas m'étendre puisqu'une partie des citations de monsieur Guénolé sont parfaitement vraies et je les assume. Simplement il va falloir lire le livre pour se faire une idée de la précision avec laquelle j'utilise un certain nombre de concepts". Comme celui de "tarlouze" peut-être, ou du dégoût des couples mixtes sans doute.
Mais, pour saisir le fond idéologique de la porte-parole du PIR, il faut remonter un peu plus haut dans l'émission, lorsque Frédéric Taddeï demande à Bouteldja ce qu'est le racisme d'Etat à ses yeux. La militante n'y fait pas mystère de sa pensée et de son projet de société :
"Il y a le clivage de classe mais aussi le clivage de race. Le clivage de race est un clivage qui n'est pas assumé, ou ne veut pas être vu, au prétexte que la race n'existant pas, on ne peut pas s'attaquer… La race n'existant pas, on ne peut pas la faire exister... Voilà. On crée du racisme en pointant du doigt l'existence des races sociales qui sont en réalité un produit de l'Histoire et du pouvoir".
Le "on" ici, n'est pas un "on" général mais bien le "on" englobant les soutiens du PIR, sa porte-parole en tête, avec un objectif limpide : opérer au sein de la gauche "anti-raciste" la substitution du concept de la lutte des classes à celui de la lutte des races. En racialisant les luttes sociales quitte à "créer du racisme". Finie donc la solidarité de la classe laborieuse et la possibilité pour les exploités de s'unir autour de revendications sociales.Seul le combat racial prévaut. Un projet de société dont l'extrême-droite la plus radicale ne rougirait pas.
Les mots sont posés. L'objectif affiché. Ceux qui soutiennent encore le combat du PIR et de ses émanations ne pourront plus dire "je ne savais pas".
Didier Leschi : « La portée réactionnaire du discours de la race écrase le combat social »
Dans une tribune au « Monde », l’historien et ancien préfet dénonce les propos de la porte-parole du Parti des indigènes de la République, Houria Bouteldja, qui maintiennent l’idée de domination et proposent de l’inverser, au lieu de la renverser.
LE MONDE | 24.06.2017 à 07h00 |
Par Didier Leschi (Ancien préfet pour l’égalité des chances en Seine Saint Denis)
Houria Bouteldja, porte-parole du Parti des indigenes de la République, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), le 8 mai 2015.
TRIBUNE. L’utilisation de la catégorie de « race », même avec la volonté de défendre ceux qui sont issus des mondes coloniaux, et qui seraient les « indigènes » de l’intérieur opprimés par « les Blancs et leurs alliés juifs », favorise-t-elle le combat pour l’égalité des droits ? C’est ce qu’affirment des militants qui considèrent que l’humanisme de tradition socialiste est un universalisme qui empêcherait de prendre en compte la spécificité des oppressions, militants dont la principale propagandiste est Houria Bouteldja.
Ceux qui prêtent crédit à ses propos ne se basent pas tant sur ses dires ou écrits, mais sur cette idée qu’elle serait aujourd’hui la figure de l’hérétique, du scandaleux qui provoque au nom d’un amour supérieur du réel. Nous serions face à elle comme le furent d’autres censeurs face à Pasolini ou Genet. Par conformisme, nous serions sourds aux innovations d’un discours radical à partir de la réhabilitation de cette idée de la race.
Mais, nous dit-on, l’émancipation qui nous concerne tous est à ce prix. La violence qui serait faite à notre sensibilité, à nos intuitions normatives serait donc un progrès. Or, ces nouveaux damnés de la terre défendent un projet identitaire qui maintient l’idée de domination et propose de l’inverser et non de la renverser au profit de tous. En ce sens, le nouvel acteur social promu est à l’opposé du prolétaire dont le combat émancipera l’ensemble de la société, selon la pensée de Marx.
Bien au contraire, dans cette perspective « indigène », ce qui est réhabilité ce sont les identités, qui valorisent les structures d’appartenance où chaque individu doit d’abord prêter allégeance à ce qui l’enferme. Ainsi, une femme « indigène » devrait définir son identité selon la formule de Houria Bouteldja : « J’appartiens à ma famille, à mon clan, à ma race, à l’Algérie, à l’islam. »
Comment ne pas entendre que...
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